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Agrumes : plus d’export mais moins de marge opérationnelle

L’actuelle campagne d’exportation d’agrumes est sans doute appelée à atteindre 800.000 T, une belle performance, grâce à la variété tardive Maroc Late. Cependant, les coûts de production et les frais d’approche ont connu une augmentation à deux chiffres et le risque de défaut de paiement sur le marché russe, en tête des destinations à l’export, plane toujours.

À première vue, le secteur agrumicole marocain a enregistré, du premier septembre 2021 au 13 juin 2022, un record à l’export puisque l’actuelle campagne a atteint 735.400 tonnes (T), enregistrant ainsi une croissance de 42% par rapport à la même période de la campagne précédente malgré les conditions climatiques défavorables. Cette performance est appelée à s’accroître pour se situer à environ 800.000 T d’ici la fin de la campagne d’exportation, selon l’ASPAM.

Cette augmentation, d’environ 10%, est principalement due à la variété Maroc Late, une variété d’orange à maturité tardive. En regardant de plus près les années de référence des exportations agrumicoles, on constate que le tonnage atteint cette année correspond au chiffre enregistré en 1979, soit 767.000 T. Cependant, il y a une ombre au tableau !

Les coûts de production ont affiché une forte augmentation depuis le déclenchement du Covid-19, surtout avec la flambée des prix des matières premières. Ainsi, la hausse du coût des facteurs de production oscille entre 30 et 50% selon les régions et les variétés, alors que les frais d’approche correspondant aux coûts finaux à l’export (emballage, transport, fret maritime, opérations et services portuaires) ont crû de 20 à 30%, selon les professionnels.

En clair, l’augmentation du volume des exportations agrumicoles ne se répercute pas forcément sur leur valeur, car dépendant de plusieurs autres facteurs dont le rendement, conditionné par les facteurs climatiques, le prix sur les marchés, la rentabilité économique…

La transformation, parent pauvre
S’agissant de la transformation, elle passera, selon la même source, de 120.000 T à environ 150.000, voire 160.000 T. Pour rappel, dans le cadre du nouveau contrat-programme de la filière (toujours en instance de concrétisation), l’objectif est de porter le volume exporté à 1 million de T à l’horizon 2030 contre 650.000 T actuellement, et de développer le secteur de la transformation, avec un objectif de 200.000 T dès 2030.

Bien que cette tendance à la croissance, avec ce chiffre «record», ait concerné toutes les espèces d’agrumes et toutes les destinations, elle révèle une autre réalité. Celle du changement fondamental observé, depuis plusieurs années, dans la structure des exportations marocaines.

En effet, les producteurs-exportateurs se sont adonnés aux petits fruits super précoces et tardifs au détriment de l’orange, d’où la nécessité de rééquilibrer le profil variétal du verger national par rapport aux débouchés commerciaux et la concurrence, notamment émanant de la Turquie, d’Egypte et d’Afrique du Sud.

Partant de ce constat, les exportations d’agrumes par variété, au 31 mai 2022 montrent, selon les chiffres de l’ASPAM, que sur un total de 727.938 T, les petits calibres constituent 86% des exportations agrumicoles marocaines, soit 628.044 T, essentiellement grâce à la clémentine (255.573 T), la Nadorcott (296.453 T), la Nour (61.737 T), la Nova (9.967 T), l’Ortanique (3.017 T)…

L’orange détrônée par les petits calibres
Pour le segment des oranges, il représente à peine 12,43% de l’offre exportable cette année, essentiellement à travers l’export de la variété Maroc Late (23.409 T), la Navel (30.840 T), la Navel Lane late (7.240 T), le Midnight (1.031 T), la Salustiana (8.241 T) et la Sanguine (19.740 T). Le reste, à savoir 9.390 T, soit 1,29% du total, englobe le citron (6.523 T), et le Pomelos (2.847 T).

Selon le communiqué du ministère de tutelle, relatif au déroulement de la campagne actuelle, qui a été rendu public le 15 juin, le volume d’exportation des petits agrumes a atteint, au terme de la campagne actuelle, 628.600 T (+40% par rapport à la campagne précédente). En ce qui concerne les exportations d’oranges (gros fruits), elles ont enregistré une croissance de 62% à 97.200 T.

Export : le marché russe en tête
C’est le marché russe -confronté actuellement à des difficultés de recouvrement- qui a capté la part du lion des exportations nationales avec 28% du total des exportations (203.726 T), devançant ainsi l’UE (20,64% avec 150.216 T). Ces deux destinations sont suivies par le marché nord-américain, notamment les USA (17,3%, avec 125.899 T) et le Canada (12%, avec 86.592 T).

S’agissant du marché africain, cinquième du classement, il a cumulé 62.649 T (8,1% du total), selon les chiffres de l’ASPAM. Par ailleurs, le marché anglais et les pays du Golfe ont capté respectivement 58.099 T (8%) et 24.394 T (3%), alors que les marchés asiatique et Belarusse ont totalisé 7.099 T et 5.182 T.

Quant aux exportations des produits maraîchers, elles ont enregistré une croissance de 11% au 13 juin, pour atteindre 1.418.600 T. Concernant le produit maraîcher phare, la tomate, le volume de ses exportations a atteint 608.600 T, contre 521.800 durant la campagne précédente à la même date, soit +17%.

Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO


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