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Agriculture. : les ambitions du Maroc inquiètent les Espagnols

L’ambition de doubler les exportations agricoles marocaines durant les dix prochaines années dans le cadre de la stratégie «Génération Green 2020-2030» inquiète la fédération espagnole FEPEX.

Six mois après son lancement dans la province de Chtouka-Aït Baha, la nouvelle stratégie agricole «Génération Green 2020-2030» attise les craintes de la Fédération espagnole des associations de producteurs exportateurs de fruits, légumes, fleurs et plantes vivantes (FEPEX). C’est l’ambition de doubler les exportations agricoles marocaines durant les dix prochaines années qui inquiète la FEPEX, surtout avec la réalisation de l’unité mutualisée de dessalement d’eau de mer destinée à l’irrigation agricole et à l’usage d’eau potable dans la localité de Douira (région de Chtouka). Pour la Fédération, la stratégie «Génération Green», qui a remplacé le Plan Maroc vert, permettra l’augmentation de la production exportable de fruits et légumes au Maroc, aggravant ainsi l’impact négatif des productions marocaines sur les marchés espagnol et communautaire. En chiffres, la valeur des exportations agricoles a été multipliée par près de 2,5 entre 2008 et 2018 pour atteindre 36 MMDH en 2018 grâce aux filières végétales de primeurs, de fruits rouges ou encore d’agrumes.

70% de la production valorisée
Avec la stratégie «Génération Green», l’objectif est maintenu: doubler les exportations au cours des dix prochaines années avec la valorisation de 70% de la production. Idem pour le PIB agricole qui doit atteindre 200-250 MMDH à l’horizon 2030. À cela s’ajoutent une agriculture d’exportation axée, selon la FEPEX, sur les fruits et légumes, et la mise en œuvre des mesures nécessaires pour y parvenir telles que le développement d’usines de dessalement pour assurer l’irrigation des superficies agricoles, allusion faite à la mise en service de l’unité de dessalement de Chtouka en mars 2021. Pour rappel, la FEPEX s’est attaquée deux fois, au cours des cinq derniers mois, à la tomate marocaine. Elle a demandé une nouvelle fois le changement des conditions d’accès de ce produit au marché européen, en particulier pour ce qui est du mode de calcul de la Valeur forfaitaire d’importation (VFI) des tomates marocaines vers le marché communautaire européen. C’est du moins ce qui est ressorti d’une réunion tenue récemment par vidéoconférence au sein du groupe de tomate de l’Observatoire des marchés de la Commission européenne.

Tomates : la VFI dans le viseur de la FEPEX
La FEPEX a saisi cette occasion pour demander à la Commission européenne (CE) de modifier la VFI instaurée en octobre 2014 dans le cadre de la réforme de la Politique agricole commune (PAC) à l’Observatoire européen des marchés. Selon un communiqué relayé par la FEPEX, les exportations espagnoles connaissent une situation difficile avec une baisse des expéditions vers l’UE de 12% entre octobre 2019 et avril 2020 par rapport à la campagne précédente, avec 518.520 tonnes, essentiellement du fait de la forte concurrence de la tomate du Maroc qui a exporté 432.274 tonnes durant la même période. Toutefois, selon le «Rapport sur les perspectives à court terme des marchés agricoles en 2020», correspondant à l’été 2020, de la Commission européenne cité par la FEPEX, le Maroc représente la plus grande part des importations avec 71% en 2019, tandis que celles en provenance de Turquie, qui représentaient 17% des importations de l’UE en 2019, ont connu la croissance la plus rapide de entre janvier et avril. Elles ont gagné 37% par rapport aux importations de la même période de l’année précédente. Les importations en provenance du Maroc n’ont augmenté que de 3%, étant davantage affectées par les difficultés logistiques liées à la Covid-19.

Yassine Saber
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