Agences de proximité : voici pourquoi la collecte d’impôts et taxes est devenue une “super affaire”
Intégrés à leur système d’exploitation depuis plus de deux ans, pour les plus anciens, quel regard portent aujourd’hui les agences de proximité sur les services e-gov du type paiement de la vignette auto, IS, TVA, IR, amendes et taxes… ?
La nouvelle a fait le tour de la Toile, suite à la publication de l’arrêté du ministre de l’Économie et des finances au Bulletin officiel du 24 février 2022 (version arabe) : il est désormais possible d’effectuer le paiement de la taxe professionnelle en ligne via le portail de la Direction générale des impôts (DGI) ou via les banques ou encore via les agences de services de paiement. Dans le cadre de la poursuite de sa stratégie de digitalisation et d’amélioration des services offerts aux contribuables, la Direction générale des impôts a enrichi, fin 2020, le bouquet des téléservices SIMPL par la nouvelle fonctionnalité de télépaiement, une dynamique qui va bon train.
Objectif : permettre aux adhérents à la plateforme SIMPL d’effectuer, sans avoir à se déplacer aux locaux de la DGI, le règlement spontané des différents impôts et taxes. Ce qui est une bonne nouvelle pour le contribuable, qui voit d’un bon œil et apprécie les facilités qu’offre la nouvelle dynamique de simplification des procédures initiée par la DGI. La contribution positive de cette nouvelle dynamique pourrait être illustrée par le rapport du 4e trimestre 2021 de la Trésorerie générale du Royaume sur l’exécution de la loi de Finances 2021. «Les recettes ordinaires enregistrent un taux de réalisation de 114,3% des prévisions de la loi de Finances».
Soulignons que ces recettes ordinaires se composent de recettes fiscales pour 85,6% et de recettes non fiscales pour 14,4%. Et même si comme le souligne le document de recherche produit par Hicham Doghmi, chercheur à Bank Al-Maghrib, le Maroc n’exploite pas entièrement sa capacité fiscale en matière de collecte d’impôts, illustré par un écart fiscal de 6,7 points de PIB contre 4,1 dans les pays à revenu faible et que son manque à gagner est important, les perspectives sont bonnes en la matière.
Quid du retour d’expérience d’agences de services de paiement depuis leur raccordement au dispositif de collecte d’impôts et taxes ?
Cette actualité a suscité chez nous plusieurs interrogations, notamment sur le retour d’expérience d’agences de services de paiement depuis leur raccordement au dispositif de collecte d’impôts et taxes, notamment la taxe professionnelle, et autres services offerts par un ensemble d’organismes gouvernementaux et para-gouvernementaux aux citoyens et contribuables. Intégré à leur système d’exploitation depuis fin 2019, au même titre que d’autres flux de paiement destinés à la DGI (paiement de la vignette auto, de l’IS, la TVA, l’IR, amendes et taxes…), quel regard portent aujourd’hui les agences de proximité sur tous ces services e-gov, plus de deux ans après leur implémentation ?
Contacté par Les Inspirations ÉCO, Hazim Sebbata, DG de Cash Plus, nous explique que le concept «marche bien. Les gens ont compris et passent régulièrement par les canaux alternatifs». Par «ça marche bien !», le dirigeant veut dire que les clients qui frappent à la porte des agences «ont compris que le paiement de ces impôts et taxes se fait par plusieurs canaux». Et d’ajouter : « Maintenant, par réflexe, les gens viennent dans nos agences pour payer, sinon pour demander s’il est possible de payer. La question qu’ils posent maintenant n’est plus «Est-ce que vous offrez ce service ?», mais plutôt «Vous offrez sûrement tel service. Est-ce vrai ?»», explique le dirigeant. Ce qui dénote que les usagers et clients potentiels sont passés de questions fermées débouchant sur des réponses basiques type oui/non à des questions de confirmation de leur point de vue.
Les réseaux de proximité plus que jamais devenus des «excroissances» d’organismes gouvernementaux et paragouvernementaux
Sachant qu’il est possible d’y payer ses factures, ses taxes, et tout un ensemble de services visant à simplifier le quotidien, comme par exemple payer et recevoir son colis d’achat sur Internet. Les organismes gouvernementaux et paragouvernementaux ont compris qu’ils peuvent s’appuyer sur les réseaux de proximité pour s’approcher encore plus du citoyen. «Il y a 6 ou 7 ans, on venait dans nos agences pour envoyer ou recevoir de l’argent. Mais depuis quelques années, nous avons ouvert ce type de canaux à d’autres services et progressivement embrassé toute la famille du paiement des factures (régies d’eau et électricité, opérateurs télécoms) à l’e-gov (paiement d’impôts, taxes et amendes) auxquels s’ajoutent d’autres types de service e-gov qui commencent à s’installer, que Sebbata appelle «e-gov délocalisé». Le dernier exemple est celui de la CNSS.
Dans le cadre de la stratégie nationale visant à inclure le maximum de professions libérales et de personnes qui n’avaient pas accès aux services de la sécurité sociale, la CNSS a ouvert un portail dédié pour les inscriptions sur Internet, mais également, pour ceux qui le souhaitent, de se rendre dans une agence de proximité pour compléter la démarche. Ainsi, l’on peut s’y rendre pour se déclarer, en faire de même pour son conjoint, son enfant, ou encore depuis peu déposer un dossier médical pour être remboursé.
Un partenariat qui ne rapporte pas autant qu’on le croirait !
En termes de revenus, l’exploitation du réseau des agences de proximité par les organismes gouvernementaux et paragouvernementaux «ne rapporte pas grand-chose» aux agences de services de paiement, nous dit Hazim Sebbata, DG de Cash Plus. En termes de revenus, «quasiment rien du tout. Un peu moins de 5%. Mais en même temps, il faut savoir que c’est quelque chose qui est demandé par nos clients. Donc, à chaque fois, nous allons chercher de nouveaux services à valeur ajoutée pour eux. C’est cette complétude de notre offre que nous recherchons.
Cela nous permet de dire «oui» à chaque fois qu’un client entre chez nous», explique le dirigeant. Bien que la collecte d’impôts et taxes ne rapporte pas gros, à en croire Sebbata, l’implémentation de ces services est tout sauf une mauvaise affaire. On dirait même qu’il s’agit d’une bonne affaire ! Un peu comme un produit d’appel. Ainsi avec un chiffre d’affaires de plus de 400 MDH et plus de 2.600 agences au Maroc, CashPlus s’est positionné comme un acteur incontournable sur le secteur du transfert d’argent au plan national.
«Nous allons continuer à aller vers des services de plus en plus diversifiés et avec un réseau de proximité beaucoup plus dense. Nous cherchons à combler les zones blanches, notamment dans le rural où nous allons chercher des espaces, villages et endroits de plus en plus reculés. Cela nous permet d’aller chercher des clients qui utilisaient d’autres moyens, souvent par l’informel, pour recevoir et faire des transferts d’argent».
Modeste Kouamé / Les Inspirations ÉCO