Women in Business. La femme africaine au coeur de l’innovation
Ce sont pas moins de 250 participantes, Africaines leaders dans divers secteurs -dont une dizaine de Marocaines- qui se sont donné rendez-vous à Paris pour discuter innovation et nouvelles technologies.
Fidèle à son engagement pour le continent, Jeune Afrique Media Group a rassemblé, les 17 et 18 juin à Paris, la «crème» des femmes africaines leaders au sein de son club Women in Business afin de passer en revue les défis de l’innovation et les nouvelles technologies dans l’approche genre. Si elles sont de plus en plus présentes dans la recherche et développement et les nouvelles technologies sur le continent, les femmes sont encore peu nombreuses à occuper des postes de direction.
Politique du genre
Dès le début du forum, Yves Biyah, DGA Jeune Afrique Media Group, a donné le ton en affirmant que le progrès passe par une meilleure politique du genre, et les nouvelles technologies requièrent une nouvelle génération de leaders pour une 4e révolution industrielle qui va changer la donne. «Par exemple, quand certains pays commencent à déployer la 5G dans le monde, des pays africains en sont toujours à la 3G. C’est la dure réalité à laquelle l’Afrique doit faire face», ajoute Biyah. Mais les nouvelles technologies ont aussi leur revers de la médaille: elles peuvent donner lieu à une nouvelle forme de colonisation technologique, cette fois-ci par une OPA occidentale ou chinoise, récoltant les bénéfices de cette mutation. Les participantes ont insisté sur la nécessité de bien se préparer à cette 4e révolution industrielle et ses innombrables nouvelles contraintes. «Nous sommes ici pour mieux comprendre ces défis et penser les moyens d’anticipation », lance Biyah à l’assistance composée de leaders africaines. L’objectif de ce forum est d’augmenter leur nombre au sein des Conseils d’administration. «Pour être efficaces, nous avons réparti le continent en 4 zones et nous en sommes à la 4e année après Kinshasa, Casablanca et Johannesburg. «Il y a 3 mois, nous lancions Africa CEO Network (ACN), une application pour renforcer notre réseau de leaders africains, un travail continu à l’adresse de la femme africaine aussi», affirme Biyah.
Le parent pauvre
Les conditions de recrutement, l’équité des salaire et les chanceuse promotions: trois engagements débattus lors des travaux du forum afin de passer au crible les sources de discrimination dans les milieux professionnels. À ce titre, la spécialiste internationale de l’intelligence artificielle Nouzha Boujemaa croit qu’il faut dépasser les idées reçues du quotidien, où le patron est toujours un homme et l’assistant( e) est toujours une femme, à l’instar du médecin et de l’infirmière. «Il y a un enjeu majeur de discrimination de tout ce qui est différent de l’homme blanc, il faut rappeler que le changement de ces perceptions s’arrache et ne s’offre pas», rajoute Boujemaa. Par ailleurs, la directrice générale de la Fondation L’Oréal, Alexandra Palt, précise que seul 1,3% de la dépense en recherche et développement provient d’Afrique subsaharienne, tandis que l’Asie pacifique représente 43%. «La science et les nouvelles technologies seront de plus en plus cruciales. En science, l’approche ne doit pas être neutre: par exemple, les recherches concernant les maladies cardio-vasculaires ont porté sur plus d’hommes que de femmes. Résultat, on a constaté plus de décès de femmes atteintes que d’hommes.
Seloua Benmehrez
Directeur exécutif Communication Groupe Attijariwafa bank
Nous sommes très contents d’être là, venus rencontrer des femmes leaders qui ont de belles histoires à raconter et qui ont été couronnées de succès. Tout cela montre qu’il est possible pour la femme d’aller très loin, de se faire confiance et de démontrer par ses compétences qu’elle peut très bien réussir et accéder aux postes de responsabilités les plus élevés.
Vanessa Moungar
Directeur département genre à la BAD
Pour les banques, les femmes sont bien souvent considérées comme des investissements risqués à cause des lois sur la transmission du patrimoine qui leur sont défavorables et qui ne leur permettent pas d’avoir de garant. Pourtant, il est prouvé que les femmes qui entreprennent réinvestissent 90% de ce qu’elles gagnent contre seulement 35% pour les hommes.