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Tous en poste d’ici février 2017 !

Les 10.000 enseignants stagiaires ont finalement pu soutirer au gouvernement un accord très prometteur. Plus de sit-in et retour aux bancs de formation pour trois mois de théorie et trois autres mois de pratique avant le concours «formel» prévu en janvier 2017

La hache de guerre a été finalement enterrée entre les enseignants-stagiaires et le gouvernement après six mois de blocage. Mercredi après-midi, un accord a été signé entre le Wali de Rabat et les différents représentants syndicaux et sociaux des 10.000 enseignants concernés, en vertu duquel la coordination nationale des enseignants sursoit à sa décision d’observer un grand sit-in prévu initialement hier jeudi et de regagner les bancs de formation pendant les trois mois qui restent de l’année scolaire.

Il a été également convenu d’un commun accord de la mise en place d’une commission mixte pour la mise en œuvre d’une plateforme ayant pour objectif le recrutement de l’ensemble des 10.000 enseignants. La commission compte parmi ses rangs les ministères de l’Éducation, de l’Économie et des finances et de la Fonction publique au même titre que les représentants des six syndicats de l’enseignement, de l’initiative civile et des enseignants stagiaires. Tous les enseignants concernés regagneront leurs postes au plus tard, en février 2017 après une formation appliquée de trois mois à partir de septembre de cette année.

Quant à l’examen de fin de formation, il aura lieu en décembre 2016. C’est, rappelons-le, ce qu’avait pronostiqué comme solution, Driss El Azami El Idrissi, ministre du Budget, sur le direct TV et plus en détail sur les colonnes des Inspirations ÉCO (www.leseco.ma). Certes, les deux décrets source du mécontentement des enseignants ne sont pas remis en question, ni encore le principe du concours pour accéder à la fonction d’enseignant, mais la détermination des 10.000 grévistes a fini par donner ses fruits. Le gouvernement a fait preuve d’abord de rigidité pour opter ensuite pour plus de flexibilité et finir par se mettre autour de la même table que ses détracteurs.

En fait, le dénouement était prévisible. Le gouvernement, et surtout son chef Abdelilah Benkirane, n’a pas besoin d’une nouvelle épine dans le pied à quelques mois des prochaines législatives. Il fallait donc se délester d’une adversité qui aurait compliqué les choses pour rien. Aurait-il mieux valu s’y prendre ainsi dès l’éclatement du différend et les premières manifestations ? Oui, peut-être que dans ce cas-là, le gouvernement aurait évité de payer le prix en termes d’image pour le pays, préconisent les observateurs. Cela, préconisent-ils, aurait évité que les interventions musclées des forces de l’ordre pour dégager les manifestants ne fassent le tour du monde dans un contexte des plus sensibles. Il faut dire que les manifestations des 10.000 enseignants n’étaient pas dénuées de logique puisqu’ils avaient intégré les CPR sur la base d’un recrutement direct sans passer par le concours. Leur argument était opposable à la logique gouvernementale qui voulait vite passer la réforme avant la fin de son mandat. Ce n’est pas la première fois que le Wali de Rabat propose une plateforme de solutions aux grévistes.

Il y a quelques semaines, Abdelouafi Laftit recevait les représentants de la Coordination nationale des enseignants-stagiaires pour leur soumettre une sortie de crise win-win, mais il ne faut pas oublier que dans le même temps, deux partis de l’opposition, à savoir le PAM et l’USFP surfaient sur la vague, mettant le gouvernement encore plus dans l’embarras, les deux partis cherchaient à s’y substituer en proposant une solution. L’affaire a donc été politisée au maximum, ce qui a rajouté à la tension de la situation. Un argument de taille qui a poussé finalement le gouvernement à rediscuter et faire des concessions.


 

Que disent les deux décrets ?

Revenons aux origines de l’affaire des enseignants-stagiaires. Les deux décrets, source de la montée au créneau de ces derniers, ont été adoptés durant le Conseil de gouvernement du 23 juillet 2015. Ces deux décrets (n° 2.15.588 et 2.15.589) stipulent pour le premier que la réussite au concours d’accès aux CPR (Centres pédagogiques régionaux de formation des enseignants) ne donne pas automatiquement accès au poste d’enseignant dans le public. Un second concours a été établi à cette fin. Plus encore, si un enseignant ne réussit pas tous les modules du programme CPR durant ses 12 mois de formation, il est considéré comme redoublant. Rappelons que dans l’ancien décret, même si un enseignant-stagiaire ratait un module de formation, il continuait d’enseigner à l’école publique à charge pour lui de le repasser. Le second décret change l’appellation d’enseignant-stagiaire par celle d’étudiant-stagiaire. Le nouveau texte fait aussi baisser de moitié le salaire de 2.450DH par mois, servi auparavant, en le remplaçant par une «indemnité» de 1.200DH. Dans la logique du gouvernement, il s’agit d’un traitement adéquat, voire généreux pour un étudiant dans un CPR. Pour les 10.000 enseignants-stagiaires ou étudiants ayant passé le concours d’accès aux CPR en septembre 2015, les deux décrets ne s’appliquent pas à leur cas. Raison : ils n’ont été publiés dans le Bulletin officiel qu’en octobre de la même année. C’est-à-dire que les deux décrets n’étaient pas encore entrés en vigueur à la date du concours.

 


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