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RIO2016 : Le sport marocain en déroute

La délégation marocaine lors de la cérémonie d’ouverture des JO de #RIO2016. (DR)

Une seule médaille, en bronze, sur 13 disciplines disputées par les 49 athlètes marocains présents aux JO de Rio ! C’est le maigre butin ramené du Brésil par la délégation nationale à l’issue de cette édition des jeux olympiques. Autant qu’aux précédents JO, à Londres en 2012, avec plus d’athlètes à l’époque (72).

Au finish, le Maroc termine les Olympiades de 2016 à la dernière place du classement des médailles, ex aequo avec 9 autres pays. Pire, le royaume a vu ses concurrents directs faire mieux dans ce classement, à l’instar de l’Égypte et de la Tunisie, 55e ex aequo (3 médailles en bronze), et de l’Algérie 62e (2 médailles en argent). L’Afrique du Sud, pays avec lequel le Maroc aime bien à se comparer, a, lui, fini à une belle 28e place de ce classement des médailles (10 dont 2 en or et 6 en argent), dominé par les États-Unis (121 médailles), la Chine (70) et la Grande-Bretagne (67). Autant dire que la participation marocaine aux JO de Rio a été un flop, qui dévoile au grand jour l’état léthargique dans lequel se trouve le sport national, toutes disciplines confondues. Problème de compétences ? Rien n’est moins sûr! Manque d’encadrement, lacunes dans la gestion… ou, pis encore, absence de vision ? Plus que jamais, le sport marocain a besoin de sauvetage pour, enfin, pouvoir représenter dignement le drapeau national dans d’aussi prestigieuses compétitions. Car, le capital immatériel, c’est aussi cela !

PALMARÈS DES MAROCAINS AUX JO

NOM DISCIPLINE CLASSEMENT
Youssra Zakarani Escrime Fleuret individuel Premier tour
Hassan Saada Boxe 81 kg Préliminaires
Mohamed Arjaoui Boxe 91 kg Préliminaires
El Mahadi Messaoudi Lutte gréco-romaine 59 kg Éliminatoires
Maha Haddioui Golf Stroke Play individuel 1er tour
Assmaa Niang Judo 70 kg Préliminaires
Imad Bassou Judo 66 kg Préliminaires
Chakir Ansari Lutte libre Qualification
Mohamed Ramah Tir Fosse olympique Qualifications
Rizlen Zouak Judo 63 kg Étapes éliminatoires
Aït El Abdia Anass Cyclisme sur route 47e
Mouhssine Lahsaini Cyclisme sur route, contre-la-montre individuel Abandon
Zohra Ez Zahraoui Boxe 48-51 kg Préliminaires
Abdelkebir Ouaddar Sports équestres Saut d’obstacles individuel Épreuve qualificative
Soufiane Haddi Cyclisme sur route Abandon
Hind Jamili Canoë-kayak, Épreuves éliminatoires
Khalid El Aabidi Haltérophilie Éliminatoires groupe B
Zied Ait Ouagram Lutte gréco-romaine Éliminatoires
Salima Elouali Alami Athlétisme 3.000 m steeple 1er tour
Hasnaa Lachgar Boxe 57-60 kg Préliminaires
Khadija Mardi Boxe 69-75 kg Quarts de finale
Achraf Kharroubi Boxe 52 kg 8e de finale
Samira Ouass Haltérophilie 75 kg Préliminaire groupe B
Mohamed Rabii Boxe 69 kg Demi-finale
Mohamed Hamout Boxe 56 kg 8e de finale
Rachid Kisri Marathon 73e
Abdelmajid El Hissouf Marathon 83e
Aziz Ouhadi 100 m Qualifications
Malika Akkaoui 1.500 m Demi-­finale
Rabae Arafi 1.500 m 12e en Finale
Brahim Kaazouzi 1.500m Demi­-finale
Abdelaati Iguider 1.500 m 5e – Finale
Fouad Elkaam 1.500 m Demi-­finale
Hicham Sigueni 3.000 m 1er tour
Hamid Ezzine 3.000 m steeple Finale
Fadwa Sidi Madane 3.000 m steeple 1er tour
Yassine Bakkali 3.000 m steeple Finale
Younes Essalhi 5.000 m 1er tour
Soufiane Bouqantar 5000 m 1er tour
Omar Hajjami Taekwondo Quarts de finale
Mohamed Arjaoui Boxe 16e de finale
El Mahadi Messaoudi Lutte 8e de finale
Abdelkebir Ouaddar saut d’obstacles 1er tour
Mostafa Smaili 800 m Demi-finale
Wiam Dislam Taekwondo Quarts de finale
Noura Mana Natation 50 m 59e
Driss Lahrichi Natation – 100 m dos 36e
Naima Bakkal Taekwondo Quarts de finale
Hyat Lambarki 400 m Athlétisme 1er tour
Kaoutar Boulaid Marathon Abandon
Abdelati El Guesse 800 m 1er tour
Siham Hilali 1.500 m 1er tour

Athlétisme
La douche froide
C’est dans la discipline reine des JO que le Maroc affichait plus de chances de décrocher des médailles, avec 23 athlètes présents, soit 50% de la délégation marocaine à Rio. Pourtant, à l’arrivée, cela a donné la pire participation marocaine aux JO depuis 36 ans !! En dehors de Yassine Bakkali, 5e du 3.000 m steeple, c’était la déception générale. Abdelaati Iguider, dernier médaillé marocain en athlétisme aux JO (médaille de bronze à Londres), était très attendu. Mais que nenni ! Repêché des séries du 1.500 m, il a terminé loin du podium, dans une course qui s’est jouée au finish, un de ses points forts. Cependant, l’analyse de la course d’Iguider peut être nuancée avec sa 5e place, juste devant la 6e du triple Champion du monde de la distance, le Kényan Asbel Kiprop, pourtant grandissime favori de cette course. Le bilan de l’athlétisme marocain à Rio laisse planer un doute sur la préparation et le suivi de nos coureurs. Cependant, la 5e place de Bakkali sur 3.000 m steeple augure des chances de médailles à Tokyo en 2020, pourvu qu’il soit bien encadré dès à présent.

Boxe
Rabii médaillé, Saada accusé
L’affaire Hassan Saada, accusé d’agression sexuelle par deux femmes de chambre, n’a pas facilité l’entrée en matière des pugilistes marocains aux JO. Elle a carrément terni l’image de la délégation marocaine et suscite quelques interrogations. Que fait le Comité national olympique marocain (CNOM) pour la préparation mentale mais également civique des athlètes ? Sont-ils réellement sensibilisés aux exigences de porter les couleurs nationales ? Hassan Saada est certes présumé innocent, jusqu’à preuve du contraire et a le soutien de la Fédération royale marocaine de boxe, mais son accusation a «touché» l’image du Maroc. Toutefois, Mohamed Rabii (-69 kg) a redoré le blason marocain, en se hissant jusqu’en demi-finale. Le Champion du monde de boxe a ainsi offert à tout un peuple sa seule médaille à ces JO. Outre Mohamed Arjaoui et les filles, qui ont perdu dès leur entrée en lice, les autres boxeurs comme Mohamed Hamout et Achraf Kharroubi ont accédé au deuxième tour.

Golf
Maha Haddioui en apprentissage
Le Maroc peut se targuer de n’avoir pas raté le retour du golf aux Jeux olympiques. Sa représentante, Maha Haddioui, est ainsi entrée dans l’histoire en devenant la première golfeuse arabe à participer aux JO. À ce niveau, les attentes étaient certes grandes au vu des excellents résultats de la jeune gadirie, depuis le début de la saison sur le Ladies European Tour, mais elle n’a pas brillé, finissant à l’avant-dernière place (59e). Il ne faut tout de même pas omettre que c’était une première pour la golfeuse marocaine, auteur de son plus beau début de saison dans le Tour européen féminin (52e sur 139 joueuses). Quant aux autres disciplines sur lesquelles le Maroc s’était engagé à Rio, elles ne suscitaient pas vraiment d’attentes de médailles. L’on peut citer dans ce sens, outre la lutte, la natation, l’escrime, le canoë-kayak, l’haltérophilie, le marathon, le tir sportif ou le golf, avec Maha Haddioui. Cette dernière a marqué l’histoire en étant la première femme marocaine et arabe à participer aux JO, mais elle a malheureusement terminé en bas du classement du tournoi.

Le Maroc absent des sports collectifs
Le royaume a brillé par son absence dans les sports collectifs aux JO, alors que les pays voisins que sont l’Algérie, la Tunisie et l’Égypte étaient présents en football, handball, volley, beach volley et même en natation synchronisée. Preuve s’il en était besoin de la léthargie dans laquelle se trouve le football national, le basketball, entre autres sports collectifs.

Judo
Le linge sale étalé à Rio
Une seule victoire en 16e de finale d’Imad Bassou puis s’en va…Ou du moins, la Fédération royale marocaine de judo, qui avait engagé trois judokas aux JO, étale son linge sale à Rio. Et pour cause, l’entraîneur national, Mohamed El Asri, écarté quelques mois avant les jeux, était du voyage à Rio (pour du tourisme). Au vu des résultats, il a tiré à boulets rouges sur la fédération, lui reprochant de le mettre à l’écart des judokas qu’il entraîne depuis 3 ans. Il n’empêche, la judoka Rizlen Zouak semble préférer le directeur technique français nommé par la fédération, Christian Chaumont. Réfutant avoir été entraînée par El Asri, elle a soutenu que les résultats auraient été meilleurs si ce dernier été nommé un peu plus tôt. Pourquoi évincer El Asri à quelques mois des JO ? Pourquoi avoir fait appel à une expertise étrangère ? Le management de la fédération est ainsi interpellé.

Des couacs en lutte et en cyclisme
Pourquoi remettre à demain ce que l’on peut faire aujourd’hui ? C’est la question à laquelle le secrétaire général du CNOM et chef de la délégation marocaine, Noureddine Benabdenbi, devrait répondre? Lui qui a interdit aux lutteurs marocains de prendre des vitamines pourtant autorisées, avant de se raviser… Or, il était déjà trop tard, puisque plusieurs jours de préparation étaient déjà perdus. Un amateurisme qui a également coûté cher aux cyclistes marocains, éliminés suite à un oubli de vélos de rechange, même s’ils ont fini 47es. Une faute impardonnable pour le cyclisme national qui trône sur le cyclisme continental.

Des satisfactions en taekwondo
Un seul échec au premier tour, celui de Naïma El Bakkali, le Champion du monde iranien, éliminé par Omar Hajjami, avant de perdre au second tour, et Wiam Dislam qui a manqué sur le fil une qualification en demi-finale alors qu’elle menait 2-1 face à la Championne du monde, Maria Del Rosario Espinoza… L’équipe de taekwondo peut avoir des regrets d’avoir manqué de briller mais le potentiel existe et les promesses de médailles pour Tokyo 2020 sont bien réelles.

Les anciennes gloires mises de côté
Cet échec du Maroc depuis deux Olympiades pose non seulement la question du management au sein des différentes fédérations sportives, mais interpelle aussi sur la mise à l’écart des anciennes gloires du sport national. Nawal El Moutawakel, vice-présidente du CIO, Hicham El Guerrouj, double Champion olympique, Said Aouita, champion olympique, entraîneur et DTN de plusieurs sélections et Nezha Bidouane, double Championne du monde, ont pourtant énormément de choses à apporter aux jeunes. Outre d’être des sources d’inspiration.

Housni Benslimane sur le départ ?
Le Général Housni Benslimane, président du Comité national olympique marocain, depuis 1993, s’apprêterait à quitter son poste. De sources concordantes, le président du CNOM aurait donné ses instructions à ses collaborateurs pour préparer une assemblée générale à tenir avant la fin de l’année, afin de présenter le bilan de 23 ans à la présidence avant de quitter son poste. il faut noter aussi que le CNOM n’a pas tenu d’assemblée générale depuis 12 années, ce qui rend impossible une lecture d’un soi-disant bilan, hors résultats sportifs que l’on sait tous. Si cette information venait à se confirmer, notre pays n’aura que l’embarras de choix parmi nos gloires olympiques et mondiales, notamment en athlétisme.


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