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Projet de budget 2019. L’opposition aiguise ses armes

Avant même le démarrage du processus d’examen du PLF 2019 au parlement, les deux groupes parlementaires du PAM ont tenu à analyser ses grandes lignes avec les experts. Les critiques ne manquent pas sur nombre de volets, notamment la convergence des politiques publiques, le système fiscal, les choix économiques et sociaux…En gros, l’absence de l’empreinte politique est pointée du doigt.

Les discussions autour du projet de loi de finances de 2019 s’annoncent houleuses au sein de l’institution législative. L’opposition est aux aguets, comme en témoignent les critiques acerbes des députés dès le dépôt du texte au parlement, et compte se positionner sur plusieurs points. Nombre d’insuffisances sont relevées notamment sur le volet social qui est, pourtant, le crédo du gouvernement pour ce projet de budget. Les députés et les experts qui sont intervenus hier à la journée d’étude des deux groupes parlementaires du parti du tracteur n’y sont pas allés avec le dos de la cuillère. Le gouvernement est épinglé pour ses choix sociaux. A titre d’exemple, le budget de la Santé n’a été augmenté que de 1,6 MMDH, soit un budget total de 16 MMDH. Un montant on ne peut plus insuffisant car il ne représente que 5 % du budget général de l’Etat alors que les recommandations de l’Organisation mondiale de la Santé stipulent un taux de 10 %. Il s’avère ainsi difficile de répondre aux enjeux du secteur avec uniquement la moitié des ressources financières nécessaires. Pour que le Maroc puisse relever les défis, le budget du secteur de la santé doit être doublé. En ce qui concerne l’enseignement dont le budget a connu une augmentation de 5,4 MMDH, le problème n’est pas d’ordre financier, mais il est plutôt lié à la gouvernance du secteur, comme le souligne l’expert économique et financier Mohamed Badir. Le constat n’est pas nouveau, il a été déjà dressé par différents rapports internationaux. A ce titre, le ministre de l’Éducation nationale a récemment souligné la nécessité de concilier l’augmentation du budget et l’amélioration de la gouvernance, précisant que 82 % du budget du secteur est consacré à la masse salariale.

Emploi : la fonction publique saturée
S’agissant de l’emploi, certes le nombre des postes budgétaires s’élève à 40.000. Mais, cela reste insuffisant pour répondre à l’épineuse problématique du chômage. D’ailleurs, il est un constat indéniable : la fonction publique ne pourra accueillir qu’une partie des travailleurs. Aussi, faut-il, selon les experts, instaurer des mesures incitatives pour encourager les entreprises à recruter, comme le dispositif Tahfiz pour les entreprises nouvellement créées qui doit être renouvelé dans le budget de 2019, voire élargi. Par ailleurs, pour pouvoir répondre aux attentes socio-économiques, le gouvernement est appelé en premier lieu à s’atteler à la réforme du budget. Il faut avant tout résoudre la problématique de l’endettement qui demeure très élevé au «point que la marge de manœuvre du gouvernement est épuisée». En outre, la définition d’un modèle de développement devra être érigée au sommet des priorités. Le gouvernement El Othmani et celui de Benkirane sont vertement critiqués non seulement pour l’absence d’une vision politique claire sur le plan socio-économique, mais aussi en raison de leurs choix douloureux d’ordre libéral. L’exécutif est appelé à envelopper le budget d’une touche politique. Encore une fois, on pointe du doigt un projet de loi de finances technique et rigide reposant sur le souci de la garantie des équilibres macro-économiques, à l’instar des budgets précédents. «C’est un projet comptable sans vision de développement», selon Moustapha El Jay, expert économique. A cela s’ajoute la question de la convergence qui demeure le maillon faible des politiques publiques.

Le défi de la convergence
Depuis sa nomination, le chef de gouvernement a, à plusieurs reprises, souligné la nécessité d’assurer la convergence entre les différentes politiques et stratégies. Mais, jusque-là, rien de concret n’a été visiblement fait pour dépasser cet obstacle. Aujourd’hui plus que jamais, l’interconnexion entre les différents départements s’impose. Rappelons à cet égard que l’OCDE a plaidé pour l’adoption d’un document d’orientation de politique générale à long terme pour pouvoir déterminer et prioriser les objectifs à atteindre, et ainsi fédérer et arbitrer entre les différentes stratégies sectorielles. Le défi de la convergence ne concerne pas uniquement les départements de l’administration centrale, mais aussi les services territorialisés. La prise en compte de la régionalisation avancée dans l’élaboration du projet de loi de finances doit être un élément central pour concrétiser la convergence des politiques publiques et instaurer la justice territoriale. Or, on remarque que le projet de budget de 2019 ne fait que consacrer l’injustice territoriale à travers une répartition inéquitable des projets d’investissement, selon le professeur universitaire Abdelhafid Adminou. Sur le volet fiscal, plusieurs dysfonctionnements sont relevés dont la multitude des exonérations au profit du secteur privé sans pour autant étudier leur impact sur le terrain. Le budget de 2019 n’apporte aucune nouveauté en la matière. Selon l’expert comptable Mehdi Fakir, la grande surprise est la suppression de l’exonération sur l’habitat principal. Le redressement des dysfonctionnements est tributaire d’une mise en œuvre intelligente des recommandations des assises nationales sur la fiscalité. Il s’avère nécessaire de trouver l’équilibre au sein de la structure de la ressource fiscale entre les impôts directs et indirects en vue d’atteindre la justice fiscale escomptée et limiter progressivement les dysfonctionnements. 


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