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Politique sportive. L’État généreux avec les fédérations ?

 

En dix ans, le soutien aux fédérations sportives a augmenté de plus de 300%. Le PLF 2019 et ses rapports annexes rendent compte de l’évolution du financement public du sport au Maroc. Décryptage.

Le Budget 2019 du ministère de la Jeunesse et des sports (MJS) demeurera stable avec une stagnation de -0,19% en comparaison avec l’exercice actuel. Ainsi, l’enveloppe budgétaire dédiée au département dirigé par Rachid Talbi Alami sera de 3,11 MMDH, dont la majeure partie sera dédiée aux investissements (2,3 MMDH). Le MJS dispose aussi d’un Compte spécial du Trésor et du Fonds national du développement du sport (FNDS), doté de 800 MDH. 43% des ressources de ce fonds sont versées aux associations et fédérations sportives, au titre «de soutien à la pratique du sport au Maroc».

Priorité au sport de proximité en 2019
Pour le MJS, le Budget 2019 répond à trois objectifs du département. Premièrement, «le développement de la pratique sportive au plus grand nombre». Deuxièmement, «mieux préparer l’élite sportive aux grandes compétitions» et, troisièmement, «renforcer le rayonnement sportif international du Maroc». Notons ici l’absence d’indicateurs chiffrés sur la politique intégrée de la jeunesse. À l’exception d’un court chapitre avec des objectifs généraux, la note de présentation du PLF n’explicite pas les moyens permettant de les atteindre. En revanche, dans le domaine du sport, les financements sont déjà prêts. À titre d’exemple, pour la construction de 800 nouveaux centres sportifs de proximité (CSP), 600 MDH seront financés via le Fonds d’équipement communal.

Dans l’ensemble, le financement de la politique sportive se fait par le biais du FNDS. Les ressources de ce fonds sont tirées des recettes réalisées par la Marocaine des jeux et des sports. Entre 2015 et 2017, quelque 3 MMDH ont été débloqués par ce fonds. Cinq programmes ont été financés par le FNDS. Le premier est juridique, il concerne l’harmonisation des statuts des fédérations et associations sportives, avec les dispositions de loi 30-09. Le deuxième est le soutien à l’élite sportive pour les manifestations régionales et internationales. Le troisième est la réalisation ou le réaménagement des CSP, de piscines (El Jadida, Oujda ou Tétouan). Un budget de 388 MDH a été débloqué pour réaliser 169 salles omnisports, 48 pistes d’athlétisme, 25 piscines couvertes et 120 terrains de gazon synthétique. Le quatrième consiste en l’achat des équipements sportifs. Le cinquième programme, le plus budgétivore, est le soutien aux fédérations sportives. Au titre de l’année 2018, ces fédérations ont reçu 347 MDH. Comme l’indique le graphique (ci-haut), ce soutien a connu une évolution exponentielle en dix ans. Le taux d’évolution en une décennie est de…347%.

Le choix opéré par les deux ex-ministres de la Jeunesse et des sports Moncef Belkhayat et Mohammed Ouzzine se basait sur le développement de la pratique du sport via un soutien massif aux fédérations dans le cadre de contrats-programmes. Or, dix ans après, ces engagements sont restés lettre morte, dans la majorité des cas. Avec l’arrivée de Talbi Alami avait été commandité un audit organisationnel et financier des fédérations sportives. Les résultats avaient conclu que «des manquements nombreux et à des degrés divers ont été constatés», nous avait indiqué une source au département du MJS. Cet audit global n’a jamais été rendu public. Pour la période 2019-2020, le MJS prévoit de continuer son programme intensif en matière de construction de CSP, ainsi que de 10 piscines semi-olympiques, de 10 salles de sport dans le cadre de conventions avec les collectivités territoriales, le réaménagement de 10 autres salles, ainsi que de la salle polyvalente Ibn Yassine à Rabat. Vu les besoins énormes, surtout en matière de sport de proximité pour les jeunes, ces projets revêtent un caractère urgent…  


Stades de «Maroc 2030» : flou total

La Maroc a officiellement annoncé sa volonté de se porter candidat à la Coupe du monde FIFA 2030. Le PLF 2019 ne reconduit pas les projets de stade déjà programmés dans le cadre de la candidature précédente («Maroc 2026 »). Le Maroc s’était engagé à construire huit nouveaux stades afin de remplir les conditions pour organiser une coupe du monde à 48 pays. Il s’agit de nouveaux grands stades à Casablanca, Ouarzazate, Oujda, Meknès, El Jadida, Nador et Marrakech. Le rapport sur le FNDS évoque, certes, «5 stades en cours d’étude», sans préciser l’emplacement de ces infrastructures. Pour l’heure, seules les études relatives au futur stade de Tétouan ont atteint un niveau avancé.



Gouvernance des EEP : une réforme en profondeur se prépare


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