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Politique africaine du Maroc : Les hommes du roi

Le Maroc est revenu «dans sa famille africaine» au terme de dizaines de milliers de km parcourus d’ouest à l’est du continent tout en bravant les barricades pro-polisario. Une prouesse rendue possible grâce à la task force oeuvrant aux côtés du souverain.

On les voit souvent à côté du roi Mohammed VI, lors de ses multiples déplacements (surtout en Afrique), et les Marocains s’interrogent sur le rôle qui leur est dévolu dans ce genre de missions. Car, au-delà de leurs fonctions officielles, connues de tous, ils accomplissent des tâches, parfois ingrates mais toujours nécessaires à la patrie, dans l’ombre, pour un maximum d’efficacité.

Qui sont-ils?
Ce qu’il faut savoir, c’est que pour organiser un voyage royal à l’étranger, plusieurs directions et départements se mobilisent avant, pendant et après. Un travail de fourmi est accompli par le secrétariat particulier mené par Mounir El Majidi, le protocole royal et le cabinet royal. Une mission qui se fait dans l’ombre, durant laquelle aucun détail n’est laissé au hasard. Cependant, la préparation des dossiers, les consultations, les négociations, le suivi des engagements pris sont confiés à une équipe réduite, dont la présence aux côtés du souverain fait que les projecteurs sont braqués sur elle. Il ne s’agit donc nullement des officiels et ministres appelés à se déplacer avec le roi en vue de la signature de projets puis leur supervision. Il est question d’un véritable staff rompu aux situations les plus délicates. Nous les avons vus à l’œuvre, il y a quelques jours, quand le roi devait se rendre au siège de l’Union africaine. Les documents juridiques d’adhésion sans lesquels le souverain ne pouvait faire cette entrée triomphale à l’UA ont été préparés, soumis aux chefs d’État et paraphés en moins de deux heures. «Un exploit sans précédent», nous confiait un fonctionnaire éthiopien du département Protocole de l’UA. Ces personnes sont Fouad Ali El Himma, conseiller du roi sur des thématiques transverses, Yassine Mansouri, patron des renseignements militaires, Mustafa Terrab, président de la Fondation Mohammed VI pour le développement en Afrique, Nasser Bourita, diplomate en chef, et enfin Salaheddine Mezouar, ministre des Affaires étrangères.

Fouad Ali El Himma.
LE STRATÈGE
Le conseiller royal a, fonction oblige, un accès direct au roi. Ses quarante années d’amitié avec le souverain lui assurent la confiance et l’oreille du souverain, pour son expérience sur les situations les plus délicates. Fouad Ali El Himma est l’expert de la politique interne mais aussi de la diplomatie et de la politique africaines du Maroc. Omniprésent lors des visites royales du souverain en Afrique, il a développé un réseau au sommet des États amis et alliés lui permettant d’être porteur de messages royaux ou encore un excellent conseiller sur la stratégie à adopter devant différents cas de figure.

Yassine Mansouri.
LE SILENCIEUX
À la tête des renseignements militaires, soit la Direction générale des études et de la documentation (DGED), Yassine Mansouri est un acteur majeur de la diplomatie africaine du Maroc. Hormis les visites royales dans les différents pays, durant lesquelles il est relativement visible, il accomplit un travail de fourmi dans les coulisses. C’est la cheville ouvrière de la coopération militaire et du renseignement Sud-Sud, dans un continent plombé par l’insécurité, le terrorisme, l’immigration et parfois des guerres civiles. Mais ce que la majorité des Marocains ignorent, c’est que la direction chapeautée par Mansouri effectue également un travail d’investigation et de prospection des opportunités de coopération économique bilatérale, ce qui permet au Maroc d’identifier les besoins de nos partenaires et futurs amis dans le continent en vue d’une meilleure préparation des visites royales.

Mustapha Terrab.
MONSIEUR BUSINESS
Même lorsqu’il enfile sa casquette de président de la Fondation Mohammed VI pour le développement en Afrique, Mustapha Terrab fait preuve de flair pour ce qui est du business. Pour ce faire, il a un principe de base: le partage du savoir-faire, dans une optique gagnant-gagnant, mobilisant le bras armé lui procurant les moyens de ses ambitions, à même de répondre à la vision royale: OCP Group. Le défi majeur du continent étant la sécurité alimentaire, le phosphate, principal composant des engrais, devient en effet le sésame de Terrab, permettant d’apporter aux pays amis -ou futurs amis- du Maroc la solution miracle. Il s’agit de leur assurer l’auto-production des engrais, assortie de la création d’emplois et aussi de valeur. Le roi l’a d’ailleurs très bien expliqué dans son discours historique, du haut de la tribune de l’UA. OCP est aujourd’hui au cœur de la diplomatie internationale du pays. La Fondation mène, quant à elle, des projets complémentaires pour une renaissance africaine sur le plan du développement humain. Des projets destinés directement aux populations africaines.

Nasser Bourita.
LE DIPLOMATE
Il est le plus jeune de l’équipe. Dynamique, généreux et travailleur, il assure la conformité avec la ligne diplomatique de l’État, indépendamment des gouvernements en place. En effet, la vision royale, en termes de diplomatie -principalement la politique africaine du Maroc- nécessite un travail de tous les instants s’inscrivant dans la durée. Bourita, pendu à son téléphone, faisant les cent pas, courant parfois et en pleine discussion avec un délégué de l’UA… c’est ainsi qu’était le diplomate en chef, lorsqu’il s’agissait de baliser l’arrivée du roi à l’enceinte du siège de l’UA avec les honneurs, dans le respect du standing du royaume et du souverain. Par ailleurs, la mission que les Marocains ne sont pas près d’oublier -car très médiatisée- demeurera sans conteste son séjour d’une semaine en Mauritanie, le temps de régler les différends politico-diplomatiques avec notre voisin du Sud. Une mission couronnée de succès avec, à la clé, la signature, par Nouakchott, de la demande du retour du Maroc au sein de l’UA.

Salaheddine Mezouar.
L’INTRUS ?
Difficile de s’attirer la sympathie de tous les Marocains quand on revêt une étiquette politique. C’est le cas de Salaheddine Mezouar, le seul de l’équipe à être un politicien engagé et dont les positions concernant la politique interne étaient parfois controversées. C’est pourquoi d’aucuns le qualifient, à tort, d’intrus, alors que sur le terrain, il incarne le côté officiel de cette équipe resserrée. Cette dernière est souvent appelée à tenir des rencontres ou des négociations avec des ministres des Affaires étrangères, pour lesquels le seul interlocuteur est leur homologue marocain. En dehors de ce formalisme, Mezouar a démontré, lors de plusieurs étapes, qu’il s’acquittait convenablement des missions qui lui étaient confiées. Il n’a pas gagné la confiance du roi pour rien. Enfin, s’il est appelé à quitter ses fonctions dans quelques semaines, il pourra être fier d’avoir été l’un des artisans de deux événements majeurs depuis l’avènement de Mohammed VI: la COP 22 et le retour triomphal du royaume à l’UA. 


Hommage aux staffs du back-office

Chacun des responsables cités est entouré d’une équipe qui assure la gestion opérationnelle, l’étude, la mise en œuvre et la supervision des dossiers. Ces équipes sont scindées en deux départements. L’une est «immobile», basée à Rabat, pour la gestion continue du back-office. L’autre, mobile, est en déplacement pour assister son patron dans le périmètre de ses attributions. Ces agents sont discrets et, contrairement aux stéréotypes, généreux et disponibles. Mais deux particularités les distinguent: ce sont tous des hommes, et tous de noir vêtus! 


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