Maroc-UA : Derniers réglages avant le retour
Les pays membres de l’UA se prononceront lundi sur le retour du Maroc au sein de la plus haute instance panafricaine. Confiant, le royaume dit avoir anticipé les obstacles que certaines parties tentent de dresser pour entraver ce retour, voire le reporter.
Le Maroc s’apprête à vivre un moment historique. Ce lundi 30 janvier devrait marquer le retour du royaume au sein de la plus haute institution panafricaine. À Addis-Abeba, les ambassadeurs permanents des pays membres de l’Union africaine, réunis du 22 au 24 janvier, ont déjà planté le décor de ce qui sera au cœur des discussions entre chefs d’État et de gouvernement. Cette feuille de route a fait l’objet de discussions depuis jeudi dernier, dans le cadre de la réunion du Comité exécutif constitué des ministres des Affaires étrangères. Dès ce lundi, ce sera au tour des chefs d’État d’engager formellement leurs pays sur plusieurs dossiers inscrits à l’ordre du jour. Parmi ceux-ci, l’examen de la demande d’adhésion du Maroc, qui figure en troisième position des points à débattre. Même si le royaume peut s’attendre à des demandes d’explication sur sa future attitude vis-à-vis de la «RASD», le retour du Maroc sera malgré tout acté.
40 soutiens officiels
Et pour cause, comme le prévoit l’article 29 de l’Acte constitutif de l’UA, «l’admission est décidée à la majorité simple des États membres», soit 28 pays sur 54. Et sur ce point, le Maroc affirme avoir obtenu le soutien officiel de 40 États. Lors de la présentation du projet de loi portant approbation de l’acte constitutif de l’Union africaine (UA) au Parlement, le chef de la diplomatie marocaine, Salahedine Mezouar, a assuré que le «royaume anticipe en même temps les obstacles que certaines parties tentent de dresser pour entraver l’initiative marocaine, voire la reporter». En clair, il est question du «respect des frontières existant au moment de l’accession à l’Indépendance», comme mentionné à l’article 4 portant sur les «principes» de l’UA.
5 candidats
Les pays soutenant la «RASD» veulent avoir des garanties sur la non-remise en cause, par le Maroc, de la présence à l’UA de ce membre dont l’admission était à l’origine du retrait du royaume de l’OUA (ancêtre de l’UA) en 1984. Ce qui, du reste, est loin d’être gagné. Quoiqu’il en soit, toutes les parties ont intérêt à éviter de provoquer des blocages supplémentaires dont risque de pâtir une institution encore très poussive. Pour la remettre en selle, les dirigeants africains doivent d’ailleurs désigner un nouveau président pour la Commission de l’UA. Cinq candidats sont en lice, dont deux se distinguent: la Kenyane Amina Mohamed et le Sénégalais Abdoulaye Bathily.
Abdoulaye Bathily,
Candidat du Sénégal à la présidence de l’Union africaine
J’entends contribuer à la renaissance de l’Afrique afin de réaliser le rêve des pères fondateurs d’un continent uni, pacifique et autonome. Je souhaite encourager la mobilité intra-africaine des citoyens, ainsi que le commerce et les investissements intra-africains».
Amina Mohamed,
Candidate du Kenya à la présidence de l’Union africaine
Nous avons besoin de mettre en œuvre des initiatives plutôt que de nous contenter de faire des déclarations. Ma devise sera «agir, agir, agir». Il faut faire participer tout le monde. C’est pourquoi il est essentiel, pour ce poste, de savoir parvenir au consensus».
Moussa Faki Mahamat,
Candidat du Tchad (déclaration faite sur Jeune Afrique)
L’Afrique doit prendre son destin en main, et je m’y consacrerai à plein temps. À ce titre, nous nous réjouissons de l’entrée prochaine du royaume chérifien dans l’UA, car cela renforcera l’unité africaine, et nous en avons bien besoin».
Une élection qui en cache une autre
À Addis-Abeba, lors de leur 28e sommet, qui se tient les 30 et 31 janvier, les présidents et chefs de gouvernement africains vont procéder à deux élections. Il s’agit en premier lieu de l’élection du nouveau président en exercice de l’Union africaine. Le chef de l’État tchadien, Idriss Déby, qui en assurait les fonctions depuis un an, va passer le témoin. À cet effet, le Guinéen Alpha Condé est pressenti pour lui succéder. Durant son mandat, le président en exercice de l’UA dirige l’organe suprême de l’union, «la Conférence», qui a, entre autres pouvoirs, d’examiner les demandes d’adhésion de nouveaux États membres, comme c’est actuellement le cas pour le Maroc. Il faut noter qu’à l’UA, le président en exercice est souvent éclipsé par le président de la commission, qui dispose d’un mandat de 4 ans, joue le rôle de secrétaire général et pilote les différents programmes stratégiques établis sur plusieurs années. Son élection sera l’un des moments forts de ce 28e sommet.