Le Maroc participe au Pacte mondial pour les migrations
Des consultations tous azimuts ont été menées pour enrichir un pacte qui vise une nouvelle gouvernance migratoire mondiale. La migration n’est pas un problème à résoudre mais une réalité humaine qu’il faut mieux gérer, selon le DG de l’Organisation internationale pour les migrations.
Quatre années sont passées depuis l’adoption de la Politique nationale d’immigration et d’asile en 2013. Une feuille de route, est-il besoin de le rappeler, portée par le leadership africain du souverain. Plus d’une fois, il a expliqué le visage humain d’une politique migratoire qui se distingue dans un temps où les flux humains sont vus comme un enjeu voire une menace dans plusieurs pays de l’UE. Fêté jeudi 19 octobre à Skhirat, ce quatrième anniversaire arrive à point nommé pour faire le bilan des acquis ainsi que des défis d’une expérience marocaine qui a fait ses preuves, mais qui a besoin d’un soutien tous azimuts, africain et européen. La rencontre à laquelle a pris part William Lacy Swing (photo), DG de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), dont le siège est à Genève, a également été l’occasion de présenter les conclusions des consultations nationales sur la contribution du Maroc au Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières. Ce pacte vise un meilleur partage des responsabilités entre le Nord et le Sud ainsi que de nouveaux mécanismes de soutien des migrants et des réfugiés. Sur ce dernier registre, il est loisible de rappeler que le Maroc a adopté en août 2016 une loi contre la traite des humains.
Pour Lacy Swing, le Maroc a montré, il y a quatre ans, qu’il a sa propre façon de gérer la mobilité humaine, humaniste et exemplaire à l’échelle régionale. «Nous avons trouvé les moyens de gérer les mouvements financiers et économiques, mais pas encore les mouvements humains», a-t-il renchéri. Dans une allocution à l’ouverture du forum, Mohamed Aujjar, ministre de la Justice, qui représentait Abdelkrim Benatiq, ministre des MRE et des affaires de la migration, en mission à Kigali (Rwanda), a mis l’accent sur le caractère volontariste de la politique migratoire marocaine. «Ces migrations, qui souvent sont dénigrées dans les médias, peuvent trouver un espace d’expression, comme cela a prouvé par le royaume», a-t-il souligné. Aujjar a également mis l’accent sur la déclaration de New York en septembre 2018 et sur la mise en place d’une gouvernance mondiale des questions migratoires à laquelle le Maroc participe aujourd’hui activement. Quant à Driss El Yazami, président du CNDH, celui-ci a parlé de la loi très attendue sur les réfugiés qui doit faire l’objet d’une large consultation à l’image des autres lois sur la migration. Durant ces quatre années, un travail colossal a été réalisé aux niveaux législatif et réglementaire, mais aussi au niveau du dispositif d’accès des migrants et des réfugiés aux services de base tels que l’éducation, la santé, la formation professionnelle et l’emploi. Ce n’est pas un hasard que peu de temps après son retour à l’Union africaine, le Maroc se voit confier la gestion du volet Migration de l’UA, en la personne du roi.
Cette décision a été prise par la présidence de l’UA lors de son 29e sommet à Addis-Abeba en juillet dernier. L’idée est de profiter de l’expérience marocaine, qualifiée d’unique au monde, pour mettre en place une vision africaine commune sur la migration et l’élaboration d’un agenda africain dans ce sens. Justement, les chiffres de la migration en Afrique montrent un dynamisme sans précédent si l’on voit les choses de ce point de vue. Sur 32 millions de migrants africains de par le monde, plus de la moitié sont des migrants intra-africains, soit le double des migrants africains en Europe. Avec le changement climatique et les défis de l’économie, ces flux vont encore s’intensifier, obligeant les décideurs à choisir entre une approche économique sur ce que la migration présente comme opportunités ou céder à la psychose. L’Afrique n’a d’autre choix que d’opter pour la première option en apportant les mécanismes et la clairvoyance nécessaires à sa réussite.
Le Maroc et l’Allemagne, main dans la main
L’événement de Skhirat coïncide aussi avec la co-présidence germano-marocaine pour 2017-2018 du Forum mondial pour la migration et le développement. Cette structure de débat et d’échange jouera un rôle prépondérant dans l’élaboration du Pacte mondial pour les migration. La 10e édition du forum s’est tenue à Berlin en juin dernier, tandis que la 11e aura lieu à Marrakech du 5 au 7 décembre 2018. Pour participer à ce grand débat mondial, le Maroc a mené des consultations nationales du 26 au 29 septembre dernier. Avec le soutien de l’OIM, ces consultations ont intégré la société civile, le milieu académique, le secteur privé, les autorités publiques centrales et locales et les représentants de la diaspora marocaine.