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L’île rouge compte sur la coopération internationale pour vaincre la pauvreté

Madagascar dispose d’énormes atouts. Pourtant, cet État insulaire est miné par la pauvreté. Les Malgaches aspirent au développement du partenariat avec d’autres pays afin de donner un coup de fouet à l’économie de l’île rouge. Le Maroc donne l’exemple.

«Je ne comprends pas pourquoi les Malgaches sont si pauvres. Pourtant, notre pays regorge de richesses naturelles». Des propos poignants de Raketamanga Lalao, professeur de muséologie à Antsirabé et ancienne ministre. Le pays a, en effet, de grandes potentialités qu’il faut développer. Très accueillants, les Malgaches ou «Malgasy» aspirent au développement de leur pays grâce au partenariat international. D’ailleurs, la visite du souverain Mohammed VI à Madagascar et les projets qu’il avait inaugurés sont chaleureusement salués par les Malgaches, jeunes et moins jeunes. «Notre pays a fortement besoin de renforcer les coopérations bilatérales, notamment Sud-Sud. Le Maroc en donne l’exemple», tient à préciser Raketamanga Lalao.

Le partenariat pourrait profiter à toutes les parties car cet État insulaire dispose de grands atouts qui nécessitent d’être revalorisés, de l’avis même des Malgaches qui nourrissent l’espoir de faire diminuer le taux de pauvreté dans leur pays, parmi les plus grands. Officiellement, le taux de chômage dans l’île rouge est l’un des plus bas, mais il est en réalité amplifié par le chômage «déguisé». Selon le plan national de développement du ministère malgache de l’économie et de la planification 2015/2019, «en 2012, le sous-emploi évalué au regard de la durée légale de travail touche plus de 11% de la population active occupée. La situation de l’emploi inadéquat touche, elle, plus de 81% de la population active occupée, particulièrement les femmes. Il en résulte un niveau de chômage déguisé de l’ordre de 84%». Bon nombre de jeunes Malgaches qui ont la chance de suivre des études supérieures rêvent de quitter le pays.

C’est en tout cas ce qu’ont confié aux Inspirations Éco plusieurs étudiants rencontrés à Antsirabé, une cité perchée à 1.500 mètres d’altitude. Avec un air rêveur et plein d’ambition, Jean-Claude, étudiant dans un Institut supérieur de restauration, ne cache pas qu’il espère explorer d’autres horizons, en immigrant en Suisse. «Je veux suivre l’exemple de plusieurs de mes connaissances qui sont allées en France, au Canada ou en Suisse. Ici, c’est notre pays. Cependant, il est difficile de trouver un travail bien rémunéré pour mener la vie dont je rêve», s’exclame-t-il avec entrain.

À le voir et l’entendre, on dirait qu’il s’imagine déjà installé dans le pays de ses rêves. Il n’est pas le seul à vouloir immigrer. «Ceux qui font le choix de rester dans le pays essaient autant que faire se peut de trouver un emploi dans une entreprise étrangère, particulièrement dans les centres d’appel à Antananarivo», à en croire Franck Siller, professeur français dans un centre supérieur de formation aux métiers de l’hôtellerie dans la capitale. Il s’avère difficile, selon lui, de trouver des jeunes diplômés qui veulent travailler dans la restauration ou l’hôtellerie. Ses propos sont confirmés par la jeune Stéphanie, étudiante en troisième année à l’école supérieure de Vakinankaratra. Alors qu’elle étudie le tourisme, elle pense déjà à la création d’un centre de recherche sur la faune et la flore. «Difficile de trouver un poste stable et bien rémunéré en tourisme», affirme-t-elle pour justifier son choix. Un diplômé en tourisme touche un salaire mensuel de 184.000 ariarys soit 55 euros, très peu pour satisfaire les attentes des jeunes qui espèrent mener une vie meilleure que celle de leurs parents. Mais il faut dire que bien que les salaires soient si bas, le coût de la vie n’est pas élevé à Madagascar, particulièrement à Antsirabé où les habitants semblent, malgré la pauvreté manifeste, accepter leur sort tout en gardant l’espoir d’une vie meilleure.

Pour le moment, ils comptent particulièrement sur le développement du tourisme pour dynamiser l’économie. Même les enfants sont visiblement conscients de l’importance de ce secteur, bien que plusieurs d’entre eux aient abandonné les bancs de l’école et flânent, souvent pieds nus, pendant toute la journée, quémandant quelques ariarys aux touristes. Cristelle, une enfant qui devrait avoir dix ans, porte son frère sur le dos pour amadouer les âmes charitables qui optent pour le tourisme à Antsirabé. Elle a très tôt quitté l’école pour aider sa famille à subvenir aux besoins de la vie dans cette petite cité où les offres d’emploi sont très limitées. Le tourisme, l’artisanat et l’agriculture vivrière sont les principales activités. Plusieurs habitants sont «chauffeurs» de pousse-pousse, le moyen de transport public le moins cher et le plus populaire. Ces chauffeurs, qui font le pied de grue devant les hôtels et dans les lieux stratégiques, sont à l’affût des clients. Ils jouent des coudes pour se les arracher. Jean-Claude dont la pauvreté et la souffrance ont tracé des chemins sinueux sur le visage, a l’air d’avoir 75 ans. Pourtant, il n’en a que 54 ans. Il a essayé plusieurs métiers avant de décider de devenir chauffeur de pousse-pousse, un métier qui n’est nullement facile et qui demande une grande endurance physique, surtout quand le «véhicule» doit être tiré par «le conducteur» lui-même au lieu du vélo. Malgré tout, son espoir renaît chaque jour. «Je suis contraint de vaincre la maladie et les aléas climatiques afin d’assurer un gagne-pain pour nourrir mes quatre enfants. Ce n’est pas toujours facile», dit-il avec un grand sourire qui contraste avec sa situation socio-économique.

En route d’Antananarivo vers Antsirabé
Tout au long de la route d’Antananarivo vers Madagascar, ce dimanche 20 novembre, le paysage est le même ou presque. Des enfants, des jeunes et moins jeunes déambulent au milieu de dizaines de marchands ambulants étalant leurs produits à même le sol. Quelques-uns se baignent dans les flaques d’eau à côté des femmes qui lavent le linge dans le fleuve et l’étendent sur le sol. Parfois, on a l’impression que l’urbain et le rural ne font qu’un. S’agissant des moyens de transport, ce sont plutôt les anciens modèles de véhicules qui prédominent sur les routes de Madagascar.



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