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Généralisation du préscolaire : Où sont les fonds ?

L’ambition de la généralisation de l’enseignement préscolaire risque de se heurter au manque du financement. Pour préscolariser tous les enfants, le budget nécessaire estimé est de 3 à 4 MMDH, alors que l’État ne consacre au secteur que 43,5 MDH.

La généralisation de l’enseignement préscolaire risque de buter sur la contrainte budgétaire. Le ministère de l’Éducation nationale vient de franchir le pas en élaborant un référentiel pour mettre de l’ordre dans le secteur et étendre progressivement l’offre préscolaire. Cependant, le budget étatique dédié à cette opération n’est pas à la hauteur des ambitions affichées. Le département de Belmokhtar compte sur l’implication des opérateurs économiques et sur les collectivités territoriales pour pouvoir concrétiser les desseins escomptés. L’accent sera mis sur le milieu rural et le périurbain, où le taux de couverture des structures préscolaires est faible. Le secteur privé, qui assure une grande partie de l’offre disponible, investit principalement dans le milieu urbain.

Le ministère de l’Éducation nationale ne dispense que 9% de l’enseignement préscolaire en raison de l’absence d’un budget dédié au secteur. Ce n’est qu’au cours de l’année 2016 que 43,5 MDH ont été consacrés à l’enseignement préscolaire, mais ce budget n’a pas encore été dépensé car il fallait en premier lieu arrêter le référentiel. À la veille de la préparation des budgets des académies régionales de l’éducation et de la formation, une note sur le préscolaire vient d’être publiée par le département de tutelle en vue d’étendre l’offre préscolaire et de budgétiser une ligne dédiée à cette fin.

Le financement est, en effet, un élément clé pour la généralisation de l’enseignement préscolaire. De grands efforts sont à déployer en la matière, d’autant plus que le manque à gagner est on ne peut plus grand. Sur le 1,2 million d’enfants en âge d’accéder à cet enseignement, entre 400.000 et 500.000 ne sont pas préscolarisés. Si on fait un calcul basé sur le coût unitaire moyen annuel qui est de 3.000 DH par enfant, l’opération nécessitera une enveloppe de 3 à 4 MMDH, selon Bendaoud Merzaki, directeur de la promotion de l’enseignement scolaire privé et du préscolaire au ministère de l’Éducation nationale. L’ambition est grande, mais sa concrétisation est difficile; aussi le concours des autres parties prenantes est-il nécessaire pour venir à bout de l’obstacle du financement au cours des cinq années à venir.

Le rôle des académies dans le partenariat est primordial. Pour leur faciliter la tâche, le ministère leur a octroyé un modèle de convention qu’elles pourraient conclure avec les opérateurs ou les associations désireux de s’investir dans le préscolaire moyennant un financement complet ou partiel des actions qui seront menées. Les académies vont lancer des appels à projet à l’adresse des associations actives dans le domaine. Sur la base d’un cahier des charges précis, seront éligibles les dossiers qui remplissent les conditions requises.

Un référentiel pour pallier aux dysfonctionnements
L’enseignement préscolaire pataugeait dans l’anarchie en l’absence d’un cadre référentiel. Le secteur souffre de bon nombre de dysfonctionnements, dont le manque d’un contenu pédagogique unifié répondant aux critères de qualité. L’absence d’un cadre unifié et la multiplicité des intervenants causent une grande disparité en matière des objectifs, des approches adoptées, des moyens de formation des éducateurs… Il était nécessaire de répondre aux orientations du Conseil supérieur de l’éducation nationale qui appelle à l’adoption d’un modèle pédagogique spécifique, unifié dans ses finalités et ses objectifs et diversifié dans son style et ses méthodes en vue de garantir la cohérence et la modernisation des programmes, des méthodes pédagogiques et des ressources matérielles et éducatives.  


Bendaoud Merzaki
Directeur de la promotion de l’enseignement scolaire privé et du préscolaire au ministère de l’Education nationale

Les ÉCO :  Le montant qui sera débloqué par les académies  sera-t-il limité à 43,5 MDH déjà prévu pour le préscolaire ?  
Bendaoud Merzaki : Nous sommes à la veille de la préparation des budgets des académies. Peut-être que ce montant sera revu à la hausse. D’autres apports financiers devraient provenir des conseils régionaux, provinciaux et communaux et opérateurs économiques.

Quel est l’objectif de la mise en place d’une carte prospective du préscolaire pour chaque région ?
Il s’agira d’établir une carte prospective étalée sur une échelle temporelle en y inscrivant les interventions visant la généralisation de l’enseignement préscolaire. Chaque académie doit disposer de sa carte prospective pour avoir une vision des actions qui seront menées sur trois, quatre, cinq ans de manière à rester conformer à la vision stratégique. Jusque-là, les actions sont restées éparses et sporadiques et parfois non pérennes.

Les établissements du préscolaire ne dépendant pas du ministère de l’Éducation nationale sont-ils concernés par le nouveau référentiel ?
Le ministère des Affaires islamiques supervise les «kouttabs» qui sont généralement situés dans des zones rurales. Cela concerne uniquement quelque 20.000 enfants sur les 800.000 préscolarisés. Il existe des crèches qui relèvent du ministère de la Jeunesse et des sports, du ministère de la Solidarité, de la femme, de la famille et du développement social ou des œuvres sociales de certaines institutions. Le secteur privé se taille la part du lion. Tous les établissements sont concernés par le nouveau référentiel. D’ailleurs, le ministère de l’Éducation nationale réclame une tutelle pédagogique sur l’ensemble du préscolaire. Des discussions ont été déjà engagées avec le ministère des Affaires islamiques et des Habous.   


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