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Emission obligataire d’un milliard de dollars : Le ministère des Finances dément

L’information publiée par l’agence Reuters et largement relayée par les médias électroniques concernant l’intention du Maroc d’émettre des obligations sur le marché international pour un montant d’un milliard de dollars n’est pas vraie. «Aucune sortie à l’international n’est prévue, ni même à l’étude pour le moment», dément une source autorisée au ministère de l’Économie et des finances.

«Aucune sortie à l’international n’est prévue, ni même à l’étude en ce moment. Et dans tous les cas, vu la conjoncture actuelle, l’émission d’obligations en dollars ne semble pas être judicieuse». Notre source au ministère de l’Économie et des finances est catégorique, balayant d’un revers de la main l’information publiée par l’agence Reuters et largement relayée par les médias électroniques. Selon l’agence anglaise, le Maroc envisagerait des émissions obligataires sur les marchés étrangers pour un montant d’un milliard de dollars. Certes, le Maroc compte bien lever des fonds à l’international. D’ailleurs, comme prévu dans la loi de Finances 2017, le Maroc envisage d’emprunter, sur les moyen et long termes, 70 MMDH : 23 milliards seront empruntés à l’extérieur et 47 milliards sur le marché domestique. Avec un déficit budgétaire dépassant les prévisions (3,9% du PIB au lieu de 3,5% en 2016 et des prévisions de 3% en 2017), l’argentier du royaume n’a pas le choix que d’emprunter pour colmater les brèches. Mais par les temps qui courent, les marchés obligataires ne sont peut-être pas la bonne option. «Depuis la victoire de Donald Trump, les marchés obligataires sont en ébullition avec des taux d’intérêt en très forte hausse. Toute sortie sur ce marché actuellement se fera au prix fort», explique un analyste financier.

Stabilisation
Une tendance qui contraste avec les intentions du gouvernement. «La dette du Trésor reste soutenable et devrait s’inscrire dans une trajectoire baissière à partir de 2017», avait indiqué Mohamed Boussaid, ministre de l’Économie et des finances, lors du point de presse organisé le 27 janvier à Rabat. Ce sera une mission difficile, car plusieurs aléas entrent en ligne de compte. Facture énergétique, comportement des échanges extérieurs et, par ricochet, la balance des paiements, croissance…autant de facteurs qui peuvent complètement changer la donne. L’argentier du royaume a toutefois expliqué que le recours à l’endettement est une nécessité. Car les recettes de l’État sont limitées, provenant essentiellement des recettes fiscales, des dons et du monopole des établissements publics. «Le gouvernement devra gérer 130 MMDH de la masse salariale et des cotisations sociales, 30 MMDH des dépenses de gestion, 36 MMDH des transferts des établissements publics, 27 MMDH des taux d’intérêt des crédits et 65 MMDH d’investissement», a-t-il précisé. Le résultat est que le taux d’endettement du royaume continue de grimper suscitant des inquiétudes. Selon la Loi de finances 2017, le Maroc prévoit de rembourser, au titre des amortissements de la dette publique, 45,9 MMDH au lieu de 40,9 milliards en 2016, soit une hausse de 12,6%. Ces remboursements concernent la dette extérieure pour 10,5 MMDH (+128,8%) et la dette intérieure pour 35,4 MMDH (-2,6%).

Inquiétudes
Dans sa conférence de presse annuelle réservée à l’analyse de la situation macro-économique nationale en 2016 et les perspectives de son évolution en 2017, tenue à Casablanca le 17 janvier dernier, le Haut-commissaire au Plan n’a pas manqué de (ré)affirmer son inquiétude quant à la situation des finances publiques, en particulier le niveau d’endettement des entreprises publiques. L’encours de la dette publique globale aurait en effet connu une augmentation significative, au cours des dernières années, même si sa décélération serait nette en 2016 et 2017. Son volume global serait passé de 81,8% du PIB en 2016, après 59,4% en 2010, marquant un accroissement de plus de 22 points de pourcentage du PIB. Plus des deux tiers de l’accroissement moyen de cette dette proviendraient de la dette directe du Trésor. Celle-ci serait passée de 49% du PIB à 64,8%, au cours de la même période. «Il convient, cependant, de souligner que 45% de cet accroissement de la dette publique globale s’expliquerait par l’accroissement qu’a connu, entre 2014 et 2016, la montée en puissance de l’endettement des établissements publics», précise Ahmed Alami Lahlimi. Pour lui, la vigilance devrait cependant être de rigueur, d’autant plus qu’aujourd’hui la dette extérieure des établissements publics aurait tendance à prendre le pas sur celle du Trésor et que l’environnement international décline de réelles menaces sur les coûts de financement de notre économie.

Énième sortie
Le Trésor a eu l’occasion de faire appel au marché obligataire international à plusieurs reprises, quand les conditions sont favorables. La dernière sortie en date a été effectuée en mai 2013, sous la houlette de Nizar Baraka alors ministre des Finances, pour lever 750 millions de dollars. Six mois auparavant, en décembre 2012, le Maroc avait levé 1,5 milliard de dollars. La première sortie, quant à elle, a été faite en 2003, lorsque le gouvernement de Driss Jettou avait emprunté 400 millions d’euros sur une maturité de 5 ans. S’en est suivie une seconde, en 2007, à travers laquelle, le Trésor avait levé 500 millions d’euros sur 10 ans. Trois ans plus tard, Salaheddine Mezouar, ministre des Finances, a renoué avec le marché obligataire pour émettre 1 milliard d’euros sur 10 ans.



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