Croissance mondiale : Un rapport plutôt pessimiste des Nations Unies
Faible progression de seulement 2,2% de l’économie mondiale en 2016, le taux le plus faible depuis la crise de 2009. Toutefois, les économies en transition devraient connaître une croissance de 1,4 % en 2017, après deux années consécutives de décroissance.
Sombres perspectives pour la croissance de l’économie mondiale. C’est, en gros, ce qui ressort du rapport 2017 des Nations Unies sur la «Situation et perspectives de l’économie mondiale». Sans surprise, l’année 2016 aura été la pire avec une piètre progression de l’économie mondiale de 2,2%, soit le taux de croissance le plus faible depuis la Grande Récession de 2009. Quelles en sont les raisons ? Selon le rapport, les premières causes de ce tassement sont le faible rythme de l’investissement mondial, un ralentissement de la croissance du commerce mondial et des niveaux d’endettement élevés. S’y ajoutent les prix bas des matières premières qui ont exacerbé ces facteurs dans de nombreux pays exportateurs de matières premières depuis mi-2014. Sans oublier bien évidemment les conflits et les tensions géopolitiques qui jettent une chape de plomb sur les perspectives économiques dans plusieurs régions.
Pour 2017, les perspectives ne sont pas non plus enthousiasmants. Le produit mondial brut devrait augmenter de 2,7% en 2017 et de 2,9% en 2018, soit une modeste reprise qui s’apparente plus à une stabilisation économique plutôt qu’à une reprise vigoureuse et soutenue de la demande mondiale. Quant à la légère augmentation de la croissance du produit intérieur brut (PIB), prévue pour les économies développées en 2017, elle est largement déterminée par la fin du cycle de déstockage aux États-Unis et par des politiques de soutien additionnelles au Japon.
Enfin, les économies en transition, explique le rapport, devraient connaître une croissance de 1,4% en 2017, après deux années consécutives de décroissance, due à la forte détérioration des termes de l’échange pendant la période 2014-2015. Il est également prévu que la croissance économique dans les pays exportateurs de matières premières s’accélère légèrement, bénéficiant de la stabilisation des prix de ces produits et de la réduction des pressions inflationnistes, antérieurement provoquées par les fortes dépréciations des taux de change. On le sentait bien. C’est essentiellement le stand-by qu’a connu l’investissement, que ce soit au niveau des pays développés ou ceux en transition, qui a provoqué le ralentissement de la croissance mondiale. Justement, depuis 2015, de nombreux pays ont connu une forte contraction des investissements dans les industries pétrolières et extractives.
Ces baisses sont essentiellement cycliques, plutôt que le reflet d’une tendance vers une économie moins gourmande en énergies fossiles. Autre constat pas très requinquant. Le rapport relève que la croissance de l’ensemble des pays les moins avancés (PMA) est loin d’atteindre l’objectif d’au moins 7% de croissance du PIB fixé dans les objectifs de développement durable. Il faut signaler, à ce sujet, que ce taux de 7% a souvent été présenté par les institutions financières mondiales comme le seuil à partir duquel une économie inclusive et le plein emploi peuvent se concrétiser. Ainsi, la croissance économique de l’ensemble des PMA, décrète le rapport, sera nettement insuffisante pour atteindre l’objectif de développement durable à court terme, même s’il est prévu qu’elle augmente légèrement, passant d’environ 4,5% en 2016 à 5,2% et à 5,5% en 2017 et 2018. Ce qui, en soi, pose un risque pour les dépenses publiques dans des secteurs clés, comme la santé, l’éducation, la protection sociale et l’adaptation au changement climatique.
Ce dernier est d’autant plus important que les PMA restent très vulnérables aux catastrophes naturelles et aux chocs liés aux conditions météorologiques, tel que expliqué dans la COP22 de Marrakech. Sur le registre des échanges commerciaux, la baisse de la croissance du commerce mondial est à la fois un facteur contributif et un symptôme du ralentissement économique mondial.
Le volume du commerce mondial n’a augmenté que de 1,2% en 2016. C’est le troisième taux le plus bas au cours des 30 dernières années. Les facteurs cycliques, tels que la composition de la demande mondiale et le climat d’incertitude accrue, continuent de freiner la croissance du commerce mondial, résume le rapport.
Réduire la pauvreté et les inégalités
Le rapport des Nations Unies a émis quelques recommandations dans le sens d’une amélioration de la croissance mondiale. Il a commencé par mettre le doigt sur le fait que plusieurs économies dépendent encore excessivement de la politique monétaire pour soutenir leurs objectifs. Il en déduit qu’avant de renouer avec une croissance saine à moyen terme, ainsi que de s’attaquer aux problèmes concernant les dimensions sociales et environnementales du développement durable, une approche politique plus équilibrée est nécessaire. En plus d’une utilisation plus efficace de la politique budgétaire, la réalisation des objectifs de développement durable requiert d’aller au-delà de la gestion de la demande. Il est nécessaire, explique le rapport, d’assurer que les mesures macroéconomiques soient pleinement intégrées dans les réformes structurelles et dans les politiques ciblant la pauvreté, les inégalités et le changement climatique. Il en résulte, précise le rapport, qu’une coordination internationale est nécessaire pour assurer la cohérence et la complémentarité entre la politique commerciale, la politique d’investissement et les autres politiques publiques. Une telle coordination faciliterait également l’alignement du système commercial multilatéral avec l’Agenda 2030 pour le développement durable, garantissant une croissance inclusive et un travail décent pour tous.