COP24. Le monde joue gros en Pologne
L’événement de cette année se tient dans un contexte très particulier marqué par des annonces déroutantes qui risquent de remettre à plat presque tout ce qui a été décidé auparavant en matière de lutte conte le changement climatique.
Il y aura de la tension, de la haute tension à la COP24 qui démarre ce dimanche 2 décembre à Katowice en Pologne ! L’événement de cette année se tient, en effet, dans un contexte très particulier marqué par des annonces déroutantes qui risquent de remettre à plat presque tout ce qui a été décidé auparavant en matière de lutte conte le changement climatique. Lundi, à 5 jours de l’ouverture de la 24e conférence mondiale sur le climat, l’ONU a, à nouveau, tiré la sonnette d’alarme. Dans son rapport annuel, elle a notamment remarqué que «le monde s’éloigne de son objectif de maîtriser le réchauffement climatique, avec un fossé grandissant entre les émissions de gaz à effet de serre et l’ambition de l’Accord de Paris qui est de limiter ces émissions à 1,5°C à la fin du siècle». Pour garder la hausse du mercure en deça de 2°C, le programme environnemental de l’ONU recommande que les États triplent d’ici 2030 le niveau global de leur engagement par rapport aux promesses faites en 2015 à la conférence climat de Paris. Tandis que pour ne pas dépasser +1,5°C, un stade déjà annonciateur de dérèglements, le document recommande que les États multiplient par cinq leurs engagements.
Des rapports glaçants
Ces résultats et recommandations confirment le contenu du rapport glaçant du GIEC (Groupement d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), publié deux mois plus tôt. Selon ce rapport, commandé par les 197 États signataires de l’Accord de Paris, la trajectoire est très mal engagée pour limiter le réchauffement climatique à +1,5°C à l’horizon 2100. En effet, «au rythme actuel, le monde connaîtrait une hausse de 1,5 °C de la moyenne des températures entre 2030 et 2052» car en 2017-2018, il a déjà atteint 1°C d’augmentation du mercure depuis l’époque préindustrielle. Ce qui veut dire que si l’on s’en tient à l’objectif de l’Accord de Paris, il ne faut donc monter que de 0,5°C maximum d’ici à 2100. Ce qui est impossible. Autrement dit, même si les États respectent leurs engagements pris à la COP 21, ce qui n’est pour l’instant pas le cas pour la majorité des pays, la planète se réchaufferait de 3°C d’ici à la fin du siècle, ce qui entraînerait des catastrophes irréversibles autant pour les humains que pour beaucoup d’autres espèces vivantes. Alors que faut-il faire ? Selon les experts du GIEC, les émissions de GES mondiales doivent baisser de 45% d’ici à 2030 (par rapport à 2010) et la part des énergies renouvelables pour l’électricité passer à 70-85% en 2050. Et les États devront revoir à la hausse leurs engagements dans ces proportions notamment en mettant l’accent sur les techniques de capture de CO2, en réduisant également la demande en énergie des bâtiments, de l’industrie et des transports ainsi que la pollution de l’air, ce qui permettra de limiter le réchauffement et d’améliorer la santé humaine, tout comme la qualité de l’environnement et le secteur financier de s’impliquer dans le financement du dérèglement climatique.
Tripler les engagements pris à Paris
Ce sont ces nouvelles données aussi déroutantes les unes que les autres qui seront posées sur la table des négociations lors de la COP24 où la CCNUCC (Convention-cadre des Nations Unies sur le changement climatique) attend de pied ferme les États et surtout le Brésil qui vient d’annoncer qu’il renonce à l’organisation de la COP25 (Voir encadré). Le Maroc qui en a compris les enjeux a déjà pris les devants avec l’implication de la plus haute autorité de l’État. En effet, le souverain a instruit les autorités compétentes pour travailler à la mise en place d’une nouvelle feuille de route climatique qui sera certainement présentée à Katowice. Pour le moment, aucune information n’a encore filtré sur les nouvelles ambitions climatiques du royaume. Toutefois, on sait que le roi avait insisté sur l’intégration de la biomasse comme quatrième source nationale de production d’électricité à partir de sources renouvelables ainsi que sur l’efficacité énergétique à travers la baisse des factures des bâtiments publics, ce qui permettra au Maroc de continuer à occuper son rang de leader africain en matière de lutte contre le changement climatique et de développement durable.
Le Brésil renonce à l’organisation de la COP25
Le Brésil a annoncé, mercredi dernier, qu’il n’organisera pas la 25e Conférence des Nations Unies sur le Climat (COP 25), prévue en novembre 2019, 15 jours après en avoir exprimé le souhait. La décision du Brésil est à imputer, selon un communiqué du ministère des Relations extérieures (Itamaraty) aux «contraintes financières et budgétaires actuelles qui devraient se poursuivre» et au «processus de transition vers la nouvelle administration, qui devra entrer en fonction début janvier». Les ONG chargées des questions environnementales ont déploré le retrait de la candidature du Brésil, y voyant un risque de perdre le rôle de leader dans les discussions sur le climat. «Avec l’abandon du leadership international dans ce domaine, nous perdrons également des opportunités commerciales, des investissements et la création d’emplois», ont-ils prévenu dans un communiqué.