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Consommation et dépenses des ménages : La pauvreté mine le monde rural

La pauvreté reste élevée surtout en milieu rural bien que le niveau de vie des catégories sociales modestes et intermédiaires se soit amélioré entre 2001 et 2014, comme le montre l’enquête nationale du HCP sur la consommation et les dépenses des ménages. En 2014, 1,6 million de Marocains étaient en situation de pauvreté absolue dont 79,4% en milieu rural et 4,2 millions en situation de vulnérabilité.

«La croissance au Maroc entre 2001 et 2014 a pris l’itinéraire d’une croissance inclusive. Ce constat a été dressé mercredi dernier par le Haut-commissaire au Plan, Ahmed Lahlimi Alami, lors de la présentation des résultats de l’enquête nationale sur la consommation et les dépenses des ménages. L’analyse a été réalisée entre juillet 2013 et juin 2014 et a porté sur un échantillon de 16.000 ménages.

La conclusion de Lahlimi Alami se base sur l’amélioration générale des niveaux de vie et en particulier celle des catégories sociales modestes et intermédiaires. «Ayant profité, en termes relatifs, davantage aux pauvres et vulnérables qu’aux non-pauvres, cette croissance, peut-on être tenté de dire, aura été une croissance pro-pauvres comme le confirmeraient les indices de croissance pro-pauvres tels que calculés par les experts dans ce domaine», précise le Haut-commissaire au Plan. Néanmoins, il faut souligner que la pauvreté et la vulnérabilité restent pesantes surtout en milieu rural. En témoignent les résultats de l’enquête du HCP.

En 2014, quelque 1,6 million de Marocains étaient en situation de pauvreté absolue et 4,2 millions en situation de vulnérabilité. 79,4% des pauvres et 64% des vulnérables vivent en milieu rural, dont le poids démographique est uniquement de 40%. Une attention particulière devra ainsi être accordée au milieu rural au niveau des politiques publiques en vue de faire baisser la pauvreté et la vulnérabilité bien que les disparités territoriales aient légèrement tendance à baisser, comme constaté par l’enquête. Le challenge est donc maintenant clair devant le gouvernement qui se prépare à prendre le gouvernail des politiques publiques en matières économique et sociale. Selon les données de l’enquête, le monde rural a bénéficié d’un taux de croissance plus élevé que l’urbain. Et les catégories sociales les plus faibles ont gagné un peu plus que les catégories les plus élevées. L’enquête constate une croissance de près de 3,5% au niveau national et respectivement de 3,1% et 3,7% en milieu urbain et rural. L’écart de niveau de vie entre les deux milieux de résidence, qui était de 2 en 2001, a baissé à 1,8 environ en 2007 pour s’établir à 1,9 en 2014. Aussi, est-il nécessaire d’être aux aguets pour contrôler cette nouvelle tendance à l’augmentation qui s’explique par les fluctuations des revenus des ruraux.

Disparités entre régions
Les disparités sont constatées également entre les régions. Deux catégories de régions sont relevées par l’enquête du HCP. La première est caractérisée par une dépense annuelle de consommation par tête d’habitant supérieure à la moyenne nationale. Cette catégorie regroupe les régions de Dakhla-Oued Eddahab (28.627 DH), Casablanca-Settat (19.006 DH), Laâyoune-Sakia-El Hamra (17.729 DH), Rabat-Salé-Kénitra (17.717 DH), Tanger-Tétouan-El houceïma (17.082 DH) et l’Oriental (15.972 DH). Dans la deuxième catégorie des régions, la dépense annuelle par tête d’habitant est inférieure à la moyenne nationale. Sont concernées les régions de Drâa-Tafilalet et Béni Mellal-Khénifra avec respectivement 11.923 DH et 11.745 DH.

D’après Lahlimi Alami, il semble que, dans une certaine mesure, le rythme d’évolution des niveaux de vie à l’échelle des unités territoriales, amorce le processus de leur convergence devant, à terme, en réduire les inégalités. Il est, à cet égard, significatif que des régions comme Drâa-Tafilalet, l’Oriental, Marrakech-Safi et Fès-Meknès réalisent des taux de croissance des niveaux de vie supérieurs à ceux de régions qui comptent parmi les plus riches, telles Dakhla-Oued Eddahab, Laâyoune-Sakia-El Hamra, Casablanca-Settat. Sur le plan des disparités sociales, le niveau de vie par habitant a connu au cours de chacune des périodes 2001-2014 et en particulier 2007-2014 des améliorations annuelles significatives. Ainsi, l’amélioration du niveau de vie par habitant, entre 2001 et 2014, s’est globalement accompagnée d’une réduction des disparités sociales et territoriales contribuant au recul des différentes formes de pauvreté au Maroc.

Le taux de pauvreté monétaire a été réduit de près de 2/3 entre 2001 et 2014, passant de 15,3% à 4,8% à l’échelle nationale. Avec 1,6%, il est, en milieu urbain, sans signification statistique mais il reste important en milieu rural malgré une forte baisse passant de 25% à 9,5%. La pauvreté multidimensionnelle, selon l’approche adoptée par le PNUD dite d’Oxford, a, en même temps, connu une évolution similaire, passant de 25% à 6%. Par contre, la vulnérabilité à la pauvreté reste encore élevée même si elle a baissé considérablement. Elle est de 7,9% en milieu urbain contre 19,4% en milieu rural en 2014 après avoir été de 30% en 2001.

Évolution du modèle de consommation
D’après les Comptes de la nation, le revenu moyen annuel par tête d’habitant dans notre pays est passé, entre 2001 et 2014, d’environ 11.000 DH à 19.000 DH. Par référence aux enquêtes nationales sur la consommation des ménages, le niveau de vie a presque doublé, passant de près de 8.300 DH par an en 2001 à environ 15.900 DH en 2014, légèrement supérieur à la dépense de consommation finale des ménages par tête telle que mesurée par la Comptabilité nationale. Il est constaté que la structure de la consommation des ménages a changé au profit d’un plus grand poids des dépenses de consommation non alimentaires. Et même la qualité des dépenses alimentaires s’améliore.

Néanmoins, ce constat est moins relevé dans le monde rural et parmi les catégories sociales de faible niveau de vie. Dans les détails, entre 2001 et 2014, la part des dépenses de consommation alimentaire dans le budget des ménages est passée de 41% à 37%, à l’échelle nationale. Elle a continué à en représenter 47,3% en milieu rural et 33,3% en milieu urbain, variant de 50% dans la catégorie des 10% les plus défavorisés à 26% parmi les 10% les plus aisés. En termes de qualité, les produits riches en calories (céréales, sucres et produits sucrés) reculent au profit des produits riches en protéines (viandes, poissons, œufs, produits laitiers). La part de ces derniers dans les dépenses alimentaires est passée de 33% à 36%. «La structure du segment non-alimentaire se valorise avec une émergence plus marquée de biens et services de qualité», souligne Lahlimi Alami. De nouvelles dépenses répondant à de nouveaux besoins sont en train de prendre de l’ampleur. Il s’agit des volets liés à l’enseignement, les loisirs, le transport et la santé.


Une grande utilité pour l’élaboration des politiques publiques
L’enquête a pour objectif d’actualiser quelques données de la comptabilité nationale et le panier de la ménagère, soit le référentiel permettant de calculer l’indice des prix à la consommation. D’après Lahlimi, les résultats de cette nouvelle enquête doivent alimenter les données de la nouvelle année de base 2014 de la Comptabilité nationale et la matrice sociale qui constitue le référentiel de nos analyses et prévisions économiques. Elle doit également renouveler les composantes de l’indice des prix à la consommation (IPC). En comparaison avec ceux des enquêtes similaires de 2001 et 2007, ces résultats permettent de jeter un éclairage circonstancié de l’évolution, dans notre pays, du niveau de vie, du modèle de consommation ainsi que des phénomènes de la pauvreté, de la vulnérabilité et des inégalités sociales, à l’échelle nationale et au niveau des différentes unités territoriales. Les résultats sont d’une grande utilité pour l’élaboration des politiques publiques, notamment à caractère social. À titre d’exemple, le RAMED s’est basé sur les données de l’enquête de la consommation.


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