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Chronologie d’une schizophrénie annoncée

Les capitales occidentales ont encore une fois démontré que même en démocratie, il y a deux poids, deux mesures !

Il est 22h GMT, la première «Breaking News» défile sur les chaînes TV du monde entier concernant un «éventuel coup d’état en Turquie». 30 minutes après, le putsch se confirme et les analyses divergent selon les intérêts des différents pays, de par le monde. À Washington, le département d’État demande «la retenue et la protection des civils». Moscou confirme qu’elle «suit de près la situation». En Europe, c’est silence radio. Des positions assimilées par les observateurs à un possible «lâchage» d’Erdogan.

À 23h30, le président turc est interviewé par une chaîne privée, CNN Turk, via FaceTime, interview durant laquelle il lance un appel solennel à la population à descendre dans les rues pour «défendre leur modèle démocratique». Il n’en fallait pas plus pour que les rues soient investies par des dizaines de milliers de Turcs mobilisés par le message présidentiel. Une communication aussi réfléchie qu’efficace qui a épargné au pays d’Atatürk une dérive qui aurait pu lui coûté cher.

À 00h23, le ministère marocain des Affaires étrangères publie son communiqué de soutien au régime élu démocratiquement et dénonce le principe même de coup d’État. Vers 00h30, le renversement de tendance se confirme quand la population commence à chasser l’armée de certains secteurs, et toute la classe politique condamne le putsch. Dans les capitales occidentales, l’on savait désormais qu’en l’absence de l’appui, ou du moins de la neutralité du peuple et des partis, les putschistes étaient voués à l’échec. Commença alors un concert de déclarations «défendant le choix démocratique du peuple turc» et les messages d’Obama, Hollande, Merkel, Mogherini, entre autres, défilaient en manchettes sur les plus grandes chaînes mondiales. C’était trop tard, la schizophrénie occidentale se manifestait une nouvelle fois, ôtant tout doute à qui en avait encore. À partir de 1h, les militaires ont commencé à tirer sur tout ce qui bougeait pour effrayer les foules et vider les rues, mais rien à faire.

En dépit de dizaines de morts recensés dans les rangs des civils et des policiers, la population se battait à mains nues contre des militaires retranchés dans leurs tanks ou leur véhicules blindés. À 2h, Erdogan atterrissait sur le tarmac d’Istanbul au terme d’une grande aventure aérienne, au moment où les chasseurs de rebelles dominaient le ciel de la capitale économique. Dix minutes plus tard, il annonçait l’échec du putsch mais demandait au peuple de rester dans les rues. Les chancelleries occidentales ont alors entamé un concert de messages de soutien… vide de sens.


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