Bourse de Casablanca : Un mauvais cru en attendant la reprise

L’année 2015 a été d’un mauvais cru pour la place boursière de Casablanca. Le MASI a terminé l’année avec une contre-performance avoisinant les 8 %. La Bourse continue, donc, à afficher une évolution assez atone en attendant, la mise en œuvre de certaines mesures au cours de 2016.
La Bourse des valeurs de Casablanca (BVC) s’est réveillée, en 2016, avec une mauvaise nouvelle. L’exercice 2015 qui s’est clôturé était loin du retour à la normale pour le marché, comme on s’y attendait en début de l’année. En effet, le MASI a terminé l’année avec une contre-performance de 7,22 % à 8.925,71 points alors que le MADEX a dégringolé de 7,49 % à 7.255,21 points.
Dans le même temps, la capitalisation boursière a fondu de quelque 31 milliards de dirhams pour s’établir à quelque 453,32 milliards de dirhams. De son côté, le volume des transactions s’est chiffré à 40,50 milliards de dirhams, un niveau proche du cru de 2014 avec une moyenne quotidienne échangée sur le marché central de 108 MDH, plus que les 104 MDH de 2014 mais loin du niveau des belles années de la BVC. L’année a été, donc d’un mauvais cru pour la Bourse, une évolution déjà attendue, au vu de l’évolution de certaines valeurs ainsi que la multiplication des profits warnings et des radiations et suspensions de titres qui ont accompagné la décote de certains titres, notamment ceux des entreprises cotées du secteur de l’immobilier.
L’affaire Samir est venue assombrir complètement les perspectives du marché, ce qui contraste avec les promesses des premiers mois. En somme, donc, le retour à la normale, amorcé en 2014, n’a pas servi de tremplin pour que la dynamique reparte de plus belle en profitant de la situation macroéconomique, laquelle affichait une mine plus reluisante. La BVC, qui a débuté l’année avec un gain de 5 %, n’a cessé de connaître des hauts et des bas, ce qui a occasionné des baisses de performances progressives. Au dernier trimestre de l’année et en dépit de la conjoncture, les prévisions s’estimaient encore aux alentours de 2 à 3 % pour qu’au final, la moisson soit nettement en deçà du niveau attendu.
Des hauts et des bas
Avec seulement deux introductions en Bourse en 2015 (Total Maroc et AFMA), une série de radiations (CGI, Mediaco) et de suspensions de titres (Samir), le compte est très loin d’être bon pour la BVC. Surtout que cette année, l’un des faits marquants était la multiplication des profits warnings avec presque une dizaine d’alertes, rien que sur le premier trimestre. Dans ces conditions, les perspectives du marché n’ont pas arrêté de s’assombrir en dépit de quelques temps de repli. La succession des déboires, comme c’est le cas avec l’affaire Samir ainsi que l’explosion de la bulle immobilière qu’illustre l’évolution, cette année, du titre Addoha. Deux autres IPO attendus ( Marsa Maroc et Mutandis) n’ont pas vu voir le jour, ce qui aurait permis de confirmer l’intérêt des investisseurs en cas d’introduction. C’est en effet une particularité à souligner dans les dédales des mauvaises notes de cette année à la BCV, l’introduction des deux sociétés a permis de raviver la confiance des investitures qui ont souscrit le titre 6,7 à son entrée en Bourse. La réalité a vite fait de rattraper les deux nouveaux titres qui ont, par la suite, connu une évolution moins reluisante, ce qui reflète encore la mauvaise passe que traverse le marché.
Bons comportements
Avec un ratio de liquidité, estimé à 6,34 %, il va falloir attendre avant que la BVC reprenne véritablement des couleurs. Fort heureusement, certaines valeurs continuent à animer le marché, comme Attijariwafa bank (6,93 milliards de dirhams), Maroc Telecom (3,30 milliards de dirhams), BCP (2,64 milliards de dirhams), BMCE Bank (2,01 milliards de dirhams) et Addoha (1,94 milliard de dirhams). Au titre des capitalisations boursières, ce sont les mêmes entreprises qui continuent presque à dominer le marché avec un trio de tête, composé de Maroc Telecom (98,15 milliards de dirhams) devant Attijariwafa bank (68,77 milliards), BCP (39,18 milliards), BMCE Bank (38,40 milliards) et Lafarge (28,26 milliards). D’autres valeurs ont également fini l’année en affichant des progressions spectaculaires comparée à la situation du marché à l’image des Eaux minérales d’Oulmès (+53,83%), Dari Couspate (+40,09%), CTM (+28,92%) ou Afriquia Gaz (+22,89%). La seule fausse note vient des sociétés immobilières qui continuent à pâtir de la situation du secteur. Toutefois, en dépit des signes d’incertitudes, le marché boursier marocain continue à garder ses fondamentaux solides. Selon une récente analyse, d’Upline, le marché est en train de «gagner progressivement en attractivité et constitue, plus que jamais, une bonne alternative à un marché obligataire en perte de vitesse». Cependant, «le contexte économique difficile rend la sélection des valeurs primordiale pour assurer au minimum un rendement de dividende, supérieur au taux sans risque», a prévenu la même source. Autant dire que ce sont toujours les mêmes incertitudes qui continuent de plomber les perspectives d’évolution du marché alors que la BVC table sur l’introduction de nouvelles mesures pour mettre fin à cette morosité.
Les investisseurs internationaux n’ont pas joué le jeu
C’est un autre fait marquant de l’année 2015 qui confirme la mauvaise passe de la place boursière casablancaise. Selon un avis du CDVM, les investisseurs internationaux continuent à déserter le marché central à la BVC. Cette dynamique s’est même accélérée, au 3e trimestre, avec une position de cette catégorie d’investisseurs de se placer plus en vendeurs qu’en acheteurs. À cette même période de comparaison, le volume des achats des investisseurs internationaux a connu une chute de 47 %, par rapport à son niveau de 2014 et à la même période. Par contre, le volume des ventes, opérées par les sociétés étrangères, s’est renforcé de 82 %. Les interventions sur le marché des achats des sociétés locales, des OPCVM et des particuliers n’a pas permis de compenser le manque à gagner occasionné par ce manque d’intérêt des sociétés étrangères, un aspect qu’il va falloir également prendre en compte dans le cadre de la stratégie de redynamisation de la BVC.