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Bonheur au travail. Effet de mode ou tendance irréversible ?

Le bonheur au travail s’invite de plus en plus dans les débats publics au Maroc. Chez la Fondation Attijariwafa bank pour qui le sujet n’est pas un tabou, le concept a fait l’objet d’une conférence la semaine dernière sous le thème : «Bonheur au travail : effet de mode ou tendance irréversible ?»

Une société en pleine évolution, beaucoup de complexité, de renouveaux, de brassages, une mutation managériale plus ou moins palpable grâce notamment aux coachings, rendant les managers plus humanistes, le tout dans un bouillon de révolution intense.  Le bonheur au travail serait-il devenu une mission possible au Maroc ? S’il est encore très difficile de trancher ce débat, à la fois, avec des chiffres quantitatifs et qualitatifs, la question du bonheur au travail s’invite de plus en plus dans les conférences sur la place publique au Maroc. C’est dans ce sillage que la Fondation Attijariwafa bank qui n’échappe à pas cette tendance a organisé, jeudi 25 octobre à Casablanca, une nouvelle édition de son cycle de conférences. «Échanger pour mieux comprendre» sous le thème : «Bonheur au travail : effet de mode ou tendance irréversible ?». En 2017 déjà, la première étude nationale sur le bien-être au travail au Maroc, menée par l’Observatoire marocain du bonheur (OBM) auprès de 1.200 salariés travaillant dans le secteur formel (public, privé), montrait qu’en moyenne 60% des Marocains étaient heureux au travail.

Et maintenant ?
Aujourd’hui, une année plus tard, les résultats de cette étude sont-ils toujours valables ? Le niveau du bien-être des Marocains a-t-il, entre temps, évolué ou régressé ? Sans prétendre pouvoir répondre de manière catégorique à toutes ces questions, le Français Christian Lestienne, par ailleurs coach professionnel et psychologue clinicien qui a pris part à cette rencontre, estime que dans le cadre du Maroc de nombreuses mutations sont en train d’être faites dans le bon sens. Seulement, selon toujours le conférencier, il reste en parallèle des adaptations à faire telle que l’humanisation des pratiques managériales en allant vers une entreprise plus coopérative et intelligente.

Manque de bonnes pratiques managériales ?
Car justement au Maroc, il y a un manque de bonnes pratiques managériales, a estimé pour sa part et sans détour, Meryem Lahlou, directrice générale du cabinet Compétence Plus. Résultat, selon celle-ci, nombreux sont les salariés qui sont gagnés par un sentiment de méfiance vis-à-vis de leurs employeurs. «Je ne généralise pas mais il y a des vieilles pratiques où on recrute par le copinage, le networking, on fait évoluer les employés qui sont plus proches du boss», regrette-t-elle. À cette longue liste, poursuit la consultante marketing, s’ajoutent malheureusement le manque de considération des salariés de par leurs managers, le manque d’écoute et d’empathie, l’absence de critères objectifs d’évaluation des évolutions des carrières des salariés.

Le secteur des services de démarque
Ce sont là autant de tares à l’origine de la souffrance au travail au Maroc. Or, plus le sentiment de transparence et la méritocratie règnent dans une entreprise, plus on fait confiance aux jeunes, plus on s’éloigne du monitoring, mieux, on met les employés à l’aise comme le confirment diverses études initiées par le MIT (Massachusetts Institute of Technology) sur le bonheur au travail selon lesquelles, «un collaborateur heureux est 2 fois moins malade, 6 fois moins absent, 55% plus créatif et 9 fois plus loyal envers son entreprise». Au Maroc, cette réalité a été constatée notamment dans le secteur des services (libéralisé dans les années 1990 et modernisé depuis), moins touché par la souffrance au travail. «Non seulement dans ce secteur, on recrute plus et plus de jeunes mais également, quand on recrute des jeunes, on a tendance à mettre le paquet pour faire émerger mais aussi et surtout retenir les meilleurs talents, contrairement au secteur des industries lourdes là où les choses bougent moins vite», indique la coach d’affaires depuis 2010.

Sécurité sociale, salaire correct…
Une autre consolation, sous l’effet de la concurrence, nombreuses sont les entreprises marocaines, privées comme publiques, qui essayent de s’adapter aux réalités du marché du travail en se dotant à la fois de moyens très sophistiqués et modernes, empruntés des entreprises occidentales, à savoir les bilans de compétences, les bilans de carrière, les entretiens d’évaluation annuelle, dans l’objectif de crédibiliser la gestion de carrière de leurs employés. Et pour que cette transition se généralise plus vite il faut que les employeurs reviennent à certains fondamentaux et soient plus flexibles par rapport au bien-être physique et moral de leurs employés, note Saida Fikri, responsable du bonheur chez Comdata Group. «On ne peut pas parler de bonheur au travail sans parler de sécurité sociale ni retraite moins encore de salaire correct», a-t-elle conclu.


Saida Fikri
responsable du bonheur chez Comdata Group

On ne peut pas parler de bonheur au travail sans parler de sécurité sociale, de retraite et encore de salaire correct.

Meryem Lahlou
Directrice générale du cabinet Compétence plus

Je ne généralise pas mais il y a des vieilles pratiques où on recrute par le copinage et le networking. Pire, on fait évoluer les employés qui sont plus proches du boss…



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