Agriculture : Engouement international autour du «Triple A»
Une majorité d’États africains, la FAO ainsi que les bailleurs de fonds et le secteur privé international apportent leur soutien à l’initiative marocaine pour l’Adaptation de l’agriculture africaine aux changements climatiques (Triple A).
L’initiative marocaine pour l’Adaptation de l’agriculture africaine aux changements climatiques (Triple A) connaît un grand engouement à travers le monde. En plus de la FAO et d’une majorité d’États africains qui y sont favorables, les bailleurs de fonds et le secteur privé international se disent prêts à accompagner le «Triple A». C’est le cas de la Banque mondiale, de la Banque africaine de développement (BAD) ainsi que de grands groupes mondiaux actifs dans le secteur agricole tels que le «Groupe Avril» ou encore de «Livelihoods». Tous l’ont fait savoir ce 29 septembre à Marrakech, lors de la première journée de la Rencontre de haut niveau sur l’initiative «Triple A». Cet événement de 2 jours, qui a réuni des participants venus des quatre coins du monde, a pour objectif de «créer une coalition» en faveur de l’initiative «Triple A» à quelques semaines de la COP 22. Cette initiative, lancée en avril 2016 à Meknès, repose sur 2 volets: institutionnel et opérationnel. Le premier permet de porter la voix de l’Afrique au cœur des enjeux des COP afin de parvenir à une répartition équitable des fonds destinés aux problèmes causés par le changement climatique. Le second volet vise, quant à lui, à promouvoir et à favoriser la mise en œuvre de projets concrets et innovants en matière de gestion des sols, de maîtrise de l’eau agricole ainsi que de gestion des risques climatiques.
Impliquer les petits agriculteurs
Pour l’heure, aucune institution financière n’a annoncé de montants spécifiques consacrés à la réalisation des objectifs du «Triple A», mais pour ces bailleurs de fonds, cette initiative constitue un précieux coup de main pour rentabiliser leurs financements sur le continent. À ce propos, la BAD mobilise annuellement quelque 2,4 milliards de dollars pour financer l’agriculture africaine, qui figure parmi ses 5 plus grandes priorités. Il reste cependant à savoir si le secteur privé agricole africain est pleinement impliqué dans cette initiative; idem pour les petits agriculteurs.
En effet, c’est là le vrai défi du «Triple A» et de l’ensemble des politiques agraires africaines. «Aujourd’hui, l’agriculture africaine mobilise beaucoup de milliards. Il faut alors faire en sorte que ces chiffres puissent accéder aux petits agriculteurs. Car ce sont eux les premiers à être confrontés aux réalités de l’agriculture. Le succès du Triple A en dépendra», avertit Tariq Sijilmassi, président du Directoire du Crédit Agricole du Maroc.
Aziz Akhannouch
Ministre de l’Agriculture et de la pêche maritime
Nous sommes réunis à cette rencontre de haut niveau dans un esprit de grande alliance pour représenter et défendre les intérêts de l’agriculture africaine à la COP22.
Yacine Fal
Représentante de la BAD au Maroc
L’initiative «Triple A» entre en phase avec notre stratégie. La BAD est prêt à l’accompagner. Nous mobilisons 2,4 milliards de dollars par an pour l’agriculture africaine.
Tariq Sijilmassi
Président du Directoire du Crédit Agricole du Maroc
Aujourd’hui, l’agriculture africaine mobilise beaucoup de milliards. Il faut alors faire en sorte que ces chiffres puissent accéder aux petits agriculteurs. Car ce sont eux qui les premiers à être confrontés aux réalités de l’agriculture. Le succès du «Triple A» en dépendra.
L’agriculture africaine menacée
L’Afrique n’est qu’un petit pollueur, mais c’est l’un des continents qui souffrent le plus des effets du changement climatique. En effet, les États africains ne sont responsables que de 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, mais 6 des 10 pays les plus touchés au monde par le changement climatique sont africains. Ce phénomène concerne également 65% de la population africaine, qui compte plus de 10 millions de réfugiés climatiques. L’agriculture africaine concentre entre 25% et 35% des emplois directs selon les pays et génère près de 70% des revenus de la population africaine. Ce secteur est l’un des plus vulnérables aux évolutions climatiques. «Les deux tiers des terres arables africaines pourraient être perdues d’ici 2025 à cause des changements climatiques», fait-on savoir auprès du Comité scientifique de l’initiative «Triple A». Celui-ci rappelle aussi que «la baisse des rendements agricoles pourrait atteindre 20% en 2050, même en cas de limitation du réchauffement à 2%».