Afrique. L’intégration régionale, le grand défi raté
Selon les conclusions préliminaires de l’Indice de l’intégration régionale africaine 2019, publié à l’occasion de la Conférence des ministres qui se déroule à Marrakech, l’intégration régionale dans le continent demeure faible. La Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) aidera l’Afrique à progresser vers de nombreux Objectifs de développement durable (ODD).
«L’intégration régionale en Afrique demeure faible». Il s’agit là d’une des conclusions préliminaires de l’Indice de l’intégration régionale africaine 2019, publié à l’occasion de la Conférence des ministres qui se déroule a Marrakech. Cet indice, qui évalue la situation de l’intégration économique des pays africains tout en leur permettant de suivre leurs progrès, a révélé «que la Communauté de développement d’Afrique australe est la région la plus intégrée en matière de commerce, l’Afrique du Sud étant le pays le plus intégré du continent». Pour évaluer cette intégration, l’indice se base sur l’analyse de l’intégration du commerce, des infrastructures régionales, de l’intégration productive, de la libre circulation des personnes et de l’intégration macroéconomique. Dans ce sillage, c’est l’Afrique du Sud qui a été déclarée meilleur élève, tandis que le titre de plus mauvais élève est revenu au Sud Soudan, qui pêche entre autres par l’état déplorable de ses infrastructures. Par ailleurs, l’indice révèle que la contribution des services au PIB du continent africain a été de plus de 53%.
Toutefois, «la ratification du protocole sur la libre circulation des personnes a été lente, malgré le lancement en 2016 du passeport biométrique africain et le Protocole de l’Union africaine sur la libre circulation des personnes. L’important déficit des infrastructures sur le continent demeure un obstacle majeur au commerce intra-régional », lit-on dans les conclusions de l’indice. L’intégration régionale du continent passe en outre par le développement du numérique . Ce dernier «offre à l’Afrique une opportunité de progresser dans de nouveaux domaines à forte croissance et rentabilité», note le vice-président du Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC), ambassadeur, représentant permanent du Maroc auprès de l’ONU Omar Hilale.
Ce dernier intervenait lors de la 52e Conférence des ministres africains des Finances, de la planification et du développement économique (COM2019) de la Commission économique pour l’Afrique (CEA). Pour le diplomate marocain, il est nécessaire que les PME aient le soutien qui leur permette de «se connecter aux chaînes de valeur mondiales et de tirer profit des secteurs lucratifs en plein essor sur le continent». Sur ce point, il faut rappeler que plusieurs entrepreneurs numériques en Afrique ont démontré qu’ils avaient les bonnes expertises dans ce domaine et qu’ils ont pu créer ou être à l’origine de la création de pôles d’innovation comme c’est le cas au Maroc. Aussi, il est du devoir des pouvoirs publics de leur apporter l’accompagnement leur permettant d’innover davantage à travers, entre autres, des facilités fiscales et des soutiens financiers. Sur le volet fiscal, le vice-président du Conseil économique et social des Nations Unies affirme que «le continent se doit de trouver des solutions à certains maux et gagnerait à améliorer le recouvrement de ses recettes fiscales.
Dans de nombreux pays africains, les recettes fiscales dépendent fortement des secteurs des ressources naturelles et des droits de douane sur les produits échangés de grande valeur ». Ce n’est pas tout puisque le développement de l’Afrique passe aussi par la maîtrise des flux financiers illicites. Ces derniers sont estimés à plus de 50 milliards de dollars par an (moyenne). Hilale n’a pas manqué de rappeler, durant cette conférence, «que les partenariats commerciaux mondiaux de l’Afrique se sont considérablement développés, les exportations et les importations ont augmenté à un rythme supérieur à celui d’autres régions comparables». Aussi, les pays africains doivent trouver les bonnes assises pour développer une intégration régionale via, entre autres, l’accélération de la mise en oeuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA). Selon Hilale, «cette zone aidera l’Afrique à progresser vers de nombreux Objectifs de développements durables (ODD) liés à la croissance, à l’emploi et à la coopération, ainsi qu’à l’Agenda 2063 pour l’Afrique».
Dépollution
Bien entendu, l’intégration régionale du continent et son développement ne peuvent se faire sans l’assainissement des agissements politiques de certains pays africains envers -notamment- le Maroc et son intégrité territoriale. «La décision 693, adoptée lors du 31e Sommet de l’Union africaine (UA) à Nouakchott en juillet 2018, replace la question du Sahara marocain dans le cadre idoine, celui des Nations Unies, et permet, de ce fait, de dépolluer les travaux de l’UA et d’immuniser l’Union face à toute tentative inappropriée de la dévier du chemin de l’unité et de l’intégration», précise Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale. Sur ce point, il faut rappeler que la position du Maroc est très claire: «Cette décision est gage de sérénité dans les travaux de l’UA sur la question du Sahara marocain». «Il s’agit là d’une sérénité à l’échelle de l’UA en consacrant un mandat exclusif de la Troïka, mais également à l’échelle du continent puisqu’elle rejoint la position de l’écrasante majorité des pays africains qui soutiennent le processus politique au sein des Nations Unies», ajoute le ministre marocain.