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Abdellah Boussouf : «Une politique publique s’impose»

Abdellah Boussouf, secrétaire général du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME)

De grands efforts restent encore à déployer pour répondre aux attentes des Marocains du monde. Le secrétaire général du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME) Abdellah Boussouf pointe du doigt l’absence de mesures concrètes dédiées aux MRE. 

Les Inspirations ÉCO : Quel regard portez-vous sur l’action du gouvernement sur le dossier des MRE ?
Abdellah Boussouf : Rien n’a changé. Le bilan publié récemment par le gouvernement ne contient aucune mesure concrète concernant ce dossier. Aussi, aucun changement n’est-il noté lors de la première année d’action de l’actuel gouvernement.

Comment expliquez-vous cette situation ?
Les 19 engagements du gouvernement Benkirane ayant trait au dossier MRE n’ont pas été tenus. Et les six engagements de la déclaration du gouvernement El Othmani ne font pas encore partie des actions du ministère des MRE. Sept ans après l’adoption de la constitution, aucun des articles dédiés à la communauté marocaine à l’étranger n’a été implémenté y compris le texte de notre conseil.  

Etes-vous en contact permanent avec le gouvernement ?
Oui, mais jusque-là, aucune mesure concrète relative aux MRE n’a été mise en oeuvre. Nous constatons, après un an et demi, l’absence d’une politique publique claire et intégrée alors que le souverain a fait cette demande en 2015. On continue d’organiser des activités, mais cela ne va pas permettre de mettre en place la politique publique escomptée. Ainsi, pour les compétences marocaines du monde, on organise encore des activités sachant que le conseil a fait l’évaluation de 25 années de gestion publique en matière de compétences et élaboré des avis. Il faut en premier lieu élaborer la politique publique qui doit s’inspirer d’un cadre référentiel : la constitution, les discours royaux, les mutations de notre communauté et les mutations des pays d’accueil.

Donc, les actions actuelles ne sont pas suffisantes ?
Ce sont des activités louables, mais elles ne répondent pas aux besoins. La mise en œuvre d’une politique publique s’impose pour mettre en place un environnement serein, un cadre juridique adéquat, des mesures incitatrices…Aujourd’hui, cette communauté est confrontée à plusieurs problématiques comme celle des équivalences des diplômes. Cela peut prendre deux voire trois ans. On n’a pas de statut de chercheur associé et chercheur visiteur pour permettre aux compétences du monde académique et universitaire de venir au Maroc.

Comment le CCME pourrait changer la donne ?
Nous essayons d’attirer l’attention, de faire du lobbying, de rappeler les priorités, de sensibiliser. Sur le plan officiel, nous envoyons des lettres au gouvernement. Par exemple, nous demandons d’intégrer les Marocains du monde dans les conseils régionaux d’investissement dans le cadre de la réforme de la loi.

Vos propositions sont-elles prises en considération ?
Le ministère de tutelle a déjà une stratégie…Mais, une stratégie n’est pas une politique publique. Il faut renforcer le cadre législatif à commencer par les articles de la constitution. Sa Majesté le Roi a demandé en 2015 d’intégrer les Marocains du monde dans les organes de gouvernance. Ce n’est pas encore fait.

Quelles sont les priorités sur le plan législatif ?
Il faut élaborer des textes sur la base de ce qui est prévu par les dispositions constitutionnelles, notamment le projet de loi relatif au conseil. Il s’agit aussi de mettre en place des mécanismes pour permettre aux Marocains du monde de contribuer au développement du pays en leur permettant de participer aux organes de bonne gouvernance. On avait même proposé la réciprocité du vote surtout pour la communauté marocaine d’Espagne. La réciprocité est prévue par la constitution. Mais les discussions en la matière n’ont pas été engagées alors que c’est une question importante pour la communauté et les intérêts marocains. Il faut engager des discussions avec les Espagnols sur la réciprocité de vote.

Quelles sont les autres questions à traiter ?
L’immobilier est une urgence absolue. Pour les MRE, il n’y a pas que la question de la spoliation foncière. On note d’autres problèmes comme le non-respect des délais de livraison. À cela s’ajoute les problèmes administratifs notamment en ce quvd’innovation. On note aussi des contradictions d’ordre juridique concernant le code de la famille. En effet, un certain nombre d’articles ne sont plus applicables et il faut les amender. Le problème des retraités se pose également. Nous avons 600.000 retraités en Europe dont 150.000 sont revenus au Maroc, mais les autres ne peuvent pas le faire car une partie de leur retraite sera supprimée.

Quelles sont vos attentes en matière de l’amendement de la loi relative au CCME ?
Le conseil a été constitutionnalisé en 2011. Il faut, donc, un texte législatif. Il faut engager un débat sur la composition du conseil : nomination directe ou des élections pour dégager une certaine représentativité ? Il est aussi question de la place de ce conseil et ses attributions. Actuellement, l’auto-saine ne figure pas dans le texte. Il faut aussi déterminer si le conseil sera le vis-à-vis du gouvernement sur l’ensemble des questions liées à l’immigration en termes de droits et devoirs.


Étude : Un bilan gouvernemental et parlementaire maigre !

Bientôt le CCME rendra publics les résultats d’une étude portant sur les cinq dernières années pour relancer le débat sur le dossier de la communauté marocaine du monde. Les 19 engagements de la déclaration gouvernementale du gouvernement précédent sont restés lettres mortes hormis un relatif à l’amélioration des services consulaires. La place qu’occupe les affaires des MRE dans les questions écrites et orales des parlementaires est jugée dérisoire     (0,10 %) pour une communauté qui représente plus de 10 % de la population marocaine.


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