Valorisation des déchets. Naissance d’un business à forte valeur ajoutée

Une première convention a été signée pour la valorisation des déchets des équipements électriques et électroniques. La CGEM s’engage à créer des écosystèmes pour la valorisation des déchets industriels dans le cadre du PAI.
Comment transformer un problème en opportunité ? C’est le défi que se lance la Stratégie nationale de réduction et de valorisation des déchets dont l’étude menée en collaboration avec la GIZ a été dévoilée hier à Rabat, ce qui a été longtemps considéré comme un fardeau dont on voudrait se débarrasser quel qu’en soit le prix est aujourd’hui conçu comme un gisement. D’après l’étude, le Maroc produit 26,8 millions de tonnes de déchets par an et pourrait facilement passer à 39 MT en 2030 avec une évolution de 45%. Les déchets ménagers et assimilés (DMA) en milieu urbain sont estimés à 5,9 MT et à 1,5 MT en milieu rural. Les déchets industriels (DI) totalisent, quant à eux, 5,4 MT tandis que les déchets de construction et de démolition totalisent 14 MT. Pour Mohamed Chaïbi, président de la COVAD (Coalition pour la valorisation des déchets), créée en 2015, les opportunités en termes de création d’emplois sont énormes. Il a rappelé le mémorandum adressé au gouvernement où la CGEM s’engage à créer des écosystèmes de valorisation des déchets pouvant créer 25.000 emplois pour un investissement de 1,6 MMDH. Un engagement qui montre la prise de conscience par le secteur privé de l’opportunité économique que représente désormais les déchets.
Fiscalité verte
D’un point de vue écologique, cette valorisation, dans le cadre d’une économie circulaire, peut éviter 30 millions de tonnes de CO2 en 2030. «Nous allons lancer un écosystème vert et des contrats de performance dans le cadre du Plan d’accélération industrielle», a expliqué Chaïbi. Ce dernier a toutefois appelé à bien se préparer pour faire évoluer la fiscalité verte en perspectives des prochaines assises de la fiscalité. Dans un premier temps, en attendant que la stratégie prenne son envol, une convention a été signée. Elle porte sur la valorisation écologique des déchets des équipements électriques et électroniques de la catégorie des déchets des équipements informatiques et de télécommunication.
Aziz Rabbah a surtout mis l’accent sur la nécessaire implication des régions et des villes dans cette dynamique économique et environnementale. Le ministre de l’Énergie, des mines et du développement durable n’a pas manqué de mettre en relief la convergence entre départements ministériels concernés pour accélérer le rythme de mise en œuvre de la stratégie.
Pour sa part, Nezha El Ouafi, secrétaire d’État chargée du développement durable, a attiré l’attention sur le fait que les filières informelles dominent le secteur des déchets. Un état de fait qui n’est pas non plus inscrit dans le marbre dans la mesure où l’intégration des filières de collecte et de tri serait à même de changer la donne. Évoquant l’étude, la ministre a souligné que c’est la première fois que l’on dispose d’une cartographie nationale et régionale susceptible de donner plus de visibilité aux collectivités locales. En effet, ces dernières disposent de la prérogative en matière de valorisation des déchets.
«La stratégie de réduction et de valorisation des déchets permettra de lancer une nouvelle dynamique visant une gestion intelligente des déchets et le développement d’une approche qualitative complémentaire», a-t-elle souligné.
Lorenz Peterson, directeur résident de la GIZ au Maroc, a indiqué dans le même sillage que la gestion des déchets est actuellement au cœur des discussions environnementales et représente une urgence pour un pays comme le Maroc, engagé dans la protection et la sauvegarde de l’environnement. En matière de collaboration avec le secrétariat d’État, la GIZ a prêté main forte en matière de législation. Il s’agit en fait du projet d’amendement de la loi 28-00 relative à la gestion des déchets. Dans cette perspective, Peterson a indiqué que l’analyse réalisée sur le cadre réglementaire a montré qu’il existe un nombre important de textes et de dispositions spécifiques aux déchets. «Néanmoins, il souffre de quelques insuffisances et de lacunes qui entravent sa mise en œuvre», a-t-il nuancé. Pour y remédier, une prestation a été menée dans le but d’actualiser la loi 28-00 et de l’aligner avec les objectifs consignés de la loi cadre 99-12 portant Charte nationale de l’environnement et du développement durable.
L’exemple allemand
Dans son allocution, l’ambassadeur d’Allemagne à Rabat, Götz Schmidt-Bremme, a expliqué que la valorisation des déchets dans son pays a permis de créer par moins de 270.000 emplois et la réalisation d’un chiffre d’affaires de 70 milliards d’euros. Il est de notoriété publique que l’Allemagne est un exemple mondialement reconnu en matière d’environnement et d’innovation dans le domaine ; lequel a ajouté que les déchets ménagers en Allemagne sont revalorisés à hauteur de 67% et ceux de la construction à 90%. Plus encore, 14% des matières premières non énergétiques proviennent des déchets. Le diplomate précise que l’économie du recyclage implique un changement de mode de travail aussi bien dans l’entreprise que dans l’administration.