Tomate. Les producteurs veulent réviser l’unité de mesure
Les professionnels proposent de remplacer la vente de tomate à la caisse par la vente au kilogramme sur le marché d’Inezgane. La multiplicité des intermédiaires induit un écart énorme entre le prix des producteurs et le prix final.
Les producteurs de primeurs veulent procéder à une révision de l’unité de mesure utilisée lors de la vente de tomate. C’est ce qui est ressorti de l’Assemblée générale ordinaire de l’Association marocaine des producteurs et producteurs exportateurs de fruits et légumes (Apefel), tenue jeudi dernier à Agadir. Sur le fond, les professionnels proposent de remplacer la vente à la caisse (30 à 32 kilos) par la vente au kilogramme sur le marché d’Inezgane, principal fournisseur de fruits et légumes dans le royaume.
«Cette mesure est juste et équitable pour les différents maillons de la chaîne de commercialisation, en l’occurrence l’agriculteur, qui assume à lui seul le coût de production, oscillant entre 2 et 2,30 DH», explique Lahoucine Aderdour, président de l’Apefel.
La multiplicité des intermédiaires reste la principale problématique relative au circuit de commercialisation, car induisant un écart énorme entre le prix des producteurs et celui proposé aux consommateurs finaux. C’est pourquoi la vente à la caisse constitue, selon l’Apefel, un manque à gagner de 2 à 3 kilos pour les producteurs. Et ce sont principalement les intermédiaires et les courtiers qui absorbent la grande part de la marge. De l’avis de la profession, c’est la situation du marché local, notamment le marché d’Inezgane, qui amplifie le problème.
En effet, les dispositions du dahir n°1-62-008 du 7 février 1962, portant détermination des mandataires de marché de gros ainsi que l’arrêté du 22 mai de la même année du ministre de l’Intérieur, portant statut des mandataires et règlements des marchés de gros de fruits et légumes, ne s’appliquent ni à l’ancien marché d’Inezgane ni au nouveau (toujours en attente d’ouverture dans la zone Sud), et échappent ainsi au texte régissant l’activité de gros.
«La tomate destinée au marché local traverse un circuit long et complexe. Ce marché est également marqué par son opacité et sa désorganisation», explique Mohamed Hicham Hamri, professeur et directeur de l’ENCG Agadir.
Au-delà de la multitude d’intermédiaires, le marché local d’Inezgane est confronté à plusieurs autres contraintes et difficultés. Il s’agit de l’absence d’infrastructures pour la circulation des transports, le mauvais état des infrastructures, l’inadaptation du schéma de circulation au sein du marché, mais aussi le manque en services techniques et le flou entourant la gouvernance du marché en raison de la multiplicité des intervenants. À cela s’ajoute le manque de coordination entre les producteurs et d’implication dans la gouvernance du marché local. L’étude de faisabilité et du choix d’emplacement du futur marché de gros à vocation régionale a été lancée en septembre dernier par le Conseil régional Souss-Massa. Pour rappel, le marché de gros régional fait partie intégrante des 25 projets qui constituerons l’armature à la réalisation du PDR de la région. Le coût du projet est estimé à 250 MDH dont 100 MDH seront apportés par le ministère de tutelle, 50 MDH par le Conseil régional et le reste par d’autres partenaires.
Enfin, il faut rappeler que la réforme nationale des marchés de gros de fruits et légumes est assortie d’un nouveau schéma de 32 marchés de gros dont 23 de consommation, 2 de production et 2 autres mixtes. Sur le plan de l’exploitation, le Schéma national d’orientation et de modernisation des marchés de gros des fruits et légumes prévoit un mode de gestion axé essentiellement sur les sociétés de développement local et des partenariats public-privé. Un projet pilote sera testé à Rabat. Il sera élargi aux autres régions.