Financement des projets innovants : Le Maroc au début de l’ère de l’accompagnement
Les jeunes porteurs de projets innovants et les startups n’ont pas uniquement besoin de financement. Ils cherchent aussi l’accompagnement. Ils ont plutôt besoin de capital-risqueurs ainsi que des politiques et des instruments pour promouvoir les investissements d’amorçage.
Au Maroc, les efforts se multiplient pour accompagner les jeunes porteurs de projets et ceci notamment à travers le développement des instruments de financement innovants dédiés à l’économie du savoir et des nouvelles technologies. Aujourd’hui, la réflexion est déjà lancée pour la mise en place d’une vision concertée et d’une feuille de route pour le renforcement et la diversification du financement des jeunes porteurs de projets innovants et des startups. Autrement dit, il s’agit d’entamer un nouveau pallier de réformes pour accompagner aussi bien les investisseurs que les porteurs de projets. Dans ce sillage, force est de rappeler qu’au cours des dernières années, le ministère de l’Économie et des finances a élargi ses préoccupations, en termes de politiques d’inclusion financière à cette population d’entreprises. Une série d’initiatives et de chantiers pour la diversification des sources de financement avait été lancée avec le Fonds Innov Invest, le projet pilote d’appui institutionnel au développement des réseaux des business angels et le crowfunding. Grâce à ce fonds, au cours de l’année 2017, la Caisse centrale de garantie (CCG) a octroyé 25 MMDH de crédits, aux porteurs de projets. Celle-ci met d’ailleurs à leur disposition toute une batterie d’autres produits. D’autres verront d’ailleurs le jour dans les mois qui viennent. En effet, afin de renforcer l’offre de financement ciblant les startups et entreprises innovantes, le gouvernement marocain a retenu dans le cadre de la stratégie de la CCG, la mise en place d’un dispositif de financement de l’amorçage et de l’innovation. Ce dispositif, dénommé «Fonds Innov Invest» (FII) comprend, entre autres, une composante de soutien à l’écosystème entrepreneurial au Maroc. Pour ce faire, le gouvernement marocain a sollicité un prêt auprès de la Banque mondiale.
Renforcer la coordination
Pour la mise en œuvre de cette composante, la CCG prévoit de labelliser, pour une 2e édition et pour une durée de 3 ans, dix structures au maximum, domiciliées au Maroc et assurant chacune les services d’accompagnement et/ou de financement portant. Dans le détail, cette composante porte sur la prospection (organisation d’événements pour appels à projets…), la sélection (évaluation du caractère innovant, appréciation du potentiel du projet…) et l’accompagnement (coaching, mentoring, mise en relation, incubation, prototypage…). Et le cas échéant : le financement (subventions, prêts d’honneurs…). Selon la CCG, les structures qui seront labellisées recevront un appui financier pour octroyer le produit «Innov Idea» (subvention) et auront, le cas échéant, la possibilité d’accorder «Innov Start» (prêts d’honneur) en faveur de porteurs de projets innovants. Il est prévu au titre de cette composante de financer et d’accompagner près de 300 porteurs de projets et startups à raison d’environ 10 projets par structure et par année. Le démarrage de la prestation est prévu au plus tard pour décembre 2018. Il apparaît ainsi que les entreprises n’ont pas uniquement besoin de financement. Elles cherchent aussi l’accompagnement surtout avec la complexité de la réalisation des investissements par manque de documents juridiques et financiers normalisés. C’est ainsi que pour leur décollage, les jeunes pousses ont plutôt besoin de capital-risqueurs ainsi que des politiques et des instruments pour promouvoir les investissements d’amorçage telles que les politiques «intelligentes» de financement collaboratif ou crowdfunding (source de financement à mi-chemin entre le micro-crédit et le capital-risque qui rassemble une communauté d’investisseurs ou de donateurs autour d’un projet, d’une entreprise ou d’une cause pour en assurer le financement), les fonds d’amorçage régionaux et les business angels. Encore faut-il installer une plateforme qui devra permettre aux investisseurs et aux entreprises à la recherche de fonds de se mettre en contact. Bref, le Maroc est au début de l’ère de l’accompagnement consistant à faire des entrepreneurs de qualité. Toute l’importance aujourd’hui est de pouvoir renforcer la coordination entre les acteurs à travers une approche participative entre les autorités publiques, les régulateurs et les investisseurs. Il s’agit aussi de prendre conscience des différences entre les PME et les startups en matière d’instruments financiers et préparer les politiques pour y remédier.