Maroc-France.. État des lieux d’un partenariat solide
La célébration de la fête nationale française le 14 juillet de chaque année est une occasion propice pour revenir sur le bilan d’une année de relations entre le Maroc et la France.
Depuis que les deux pays ont impulsé une nouvelle dynamique au dialogue politique dans l’optique de faire converger leurs prises de positions sur les questions vitales, les relations maroco-françaises n’ont pu être atteintes par le climat de suspicion qui règne actuellement sur les relations internationales. L’alliance Maroc/France a pu durant l’année écoulée franchir un cap important dans plusieurs domaines de coopération. Les retombées du retour du Maroc à l’Union Africaine ainsi que la place de la France au sein des échanges commerciaux avec l’UE ont été parmi les grandes questions débattues entre les deux pays. D’autres grandes questions ont été débattues et s’inscrivent dans l’intérêt stratégique des deux pays de renforcer leurs liens réciproques. Pour concrétiser l’identité des vues politiques entre les deux pays, le volet économique reste une grande priorité. Le vaste réseau français au Maroc demeure un acteur incontournable dans plusieurs secteurs. Il est à retenir surtout la poursuite de la coopération pour les problématiques concernant la jeunesse avec des conventions conclues dans les domaines de l’éducation, l’enseignement supérieur et la formation professionnelle.
Hassan II avait participé aux festivités du 14 juillet 1999
La présence du roi Hassan II à Paris en 1999 a été hautement symbolique (photos p.17). Pour la première fois en effet, les forces armées royales ont passé devant la tribune des Champs-Élysées pour signifier que l’histoire commune des deux pays dépasse les fonds idéologiques des deux États. Les 360 membres de la garde royale qui ont défilé devant Hassan II et l’ancien président Jacques Chirac voulaient également sceller la présence commune des soldats français et marocains pour la sauvegarde de la paix dans plusieurs régions du monde. À l’époque, c’était en Bosnie au camp de Mostar. La commémoration de la prise de la Bastille avec Hassan II témoignait également de la conviction de mettre en place un système politique basé sur le choix libre des électeurs pour désigner leurs représentants via le choix par le Maroc du multipartisme dès 1962 au moment où la majorité des pays arabes et africains avaient opté pour le système du parti unique.
Consolider les relations avec nos voisins du continent européen
C’est le mot d’ordre qui a été lancé par la diplomatie des deux pays. Après la visite du roi Mohammed VI à Paris et sa rencontre avec Emmanuel Macron en avril 2018, les deux chefs d’État ont réaffirmé la convergence de leurs points de vue à propos de la situation au Moyen-Orient ainsi que pour d’autres questions régionales, notamment en Libye. La France semble en effet vouloir capitaliser sur les accords de Skhirat pour trouver une solution politique à cette crise qui commence à perdurer. L’entente entre les deux pays reste déterminante aussi pour trouver une solution juste et équitable au problème du Sahara. La position de la France qui a toujours soutenu le plan d’autonomie est devenue une constante pour la diplomatie marocaine, qui œuvre à sauvegarder le climat de confiance entre les diplomates des deux pays sur la question de l’intégrité territoriale du Maroc. La coordination au sein de l’instance onusienne reste aussi importante à propos de ce dossier.
Des dossiers communs
Ce sont les mesures convenues dans le cadre du statut avancé accordé au Maroc qui seront en ligne de mire et qui sont en lien avec les accords de pêche et de l’agriculture, la sécurité, les politiques publiques, l’immigration et les droits de la femme. Au niveau parlementaire, le jumelage institutionnel a été instauré durant cette année et repose sur l’approfondissement du rôle de la diplomatie parlementaire pour anticiper les désaccords éventuels qui pourraient éclater autour des questions d’intérêt vital et stratégique. Les nouveaux canaux de dialogue entre les parlementaires du Maroc et de la France ont permis de tenir le rythme régulier des réunions et ont pu gagner le challenge d’être un mode important pour la filtration des demandes émanant des deux parties, notamment pour dépasser certains obstacles qui n’ont pas été surmontés malgré l’octroi du statut avancé au Maroc en 2008.
Économie, un partenaire privilégié
Les données collectées auprès du Trésor français montrent que la France est le 2e partenaire économique (2e fournisseur et 2e client). Les importations par la France des produits marocains sont en hausse depuis 2012 avec les évolutions qui confirment la montée en gamme des exportations marocaines. En matière d’investissements, la France demeure le 1er investisseur au Maroc avec environ 34,3%. Ce sont 800 filiales d’entreprises françaises qui sont recensées, de même que le Maroc est la 1re destination des investissements français sur le continent. Concernant les transferts, la communauté marocaine résidant en France représente près de 36% du total des transferts effectués, de même que la France est restée en tête des contingents de touristes durant les 5 dernières années. Les statistiques du Trésor français indiquent que les dépenses des touristes de l’Hexagone forment le tiers des recettes de voyages reçues par le Maroc. En matière d’aides publiques au développement, le Maroc est le principal bénéficiaire du financement accordé par l’AFD, lesquelles se sont focalisées dans le secteur du transport. Entre 2000 et 2016, 35 études financées par les Fonds publics français d’aide au secteur privé ont été conduites au Maroc.
Étudiants marocains, 1re communauté étrangère
La communauté marocaine résidente en France s’élève à plus de 1,3 million de personnes. Les étudiants marocains au sein de l’enseignement supérieur en France restent également très présents. En effet ce sont près de 32.000 étudiants qui suivent leurs études supérieures dans la métropole. Les statistiques des services consulaires français indiquent que les deux tiers des étudiants sont inscrits au sein des universités alors qu’un tiers d’entre eux suivent des cours au sein des écoles d’ingénieurs, de commerce et au sein des établissements privés, ce qui les hisse en tête de classement en étant la première communauté d’étudiants étrangers en France.
Coupe du monde 2026: la France dans le camp du Maroc
À l’instar de la candidature marocaine à l’organisation de la coupe du monde 2010, la France s’est résolument rangée du côté du Maroc pour le dossier «Morocco 2026». Paris a non seulement voté pour le Maroc mais a mobilisé son réseau afin de garantir des voix notamment européennes parmi les plus hésitantes. Pour ce faire, la France a usé des voies diplomatiques à travers le Quai d’Orsay et du lobbying sportif exercé en notre faveur par la Fédération française de football. Rappelons que lors de la réunion du 26 mars 2018 entre les présidents des fédérations marocaines et françaises, Noël Le Graët a fait savoir à son homologue marocain Fouzi Lekjaa, «le grand soutien» de la France. Même François Hollande, ancien président de la République a déclaré soutenir la candidature marocaine à l’instar de la position officielle de son pays et de celle de plusieurs stars françaises du monde du football et de l’art. «Le Maroc est prêt même s’il n’a pas les mêmes moyens que ses adversaires. La France n’a qu’une voix mais elle donnera peut-être un élan à l’Europe pour choisir le Maroc», disait Le Graët. Ce dossier a été traité par la France dans la même lignée qui dicte les rapports cordiaux entre les deux pays, loin des interprétations de calculette qui rattachaient ce soutien aux marchés que les entreprises françaises allaient contracter en cas d’organisation par le Maroc. Comme si l’Espagne, plus proche géographiquement du Maroc que la France n’y avait pas pensé en préférant ne pas donner sa voix au Maroc !