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Formation professionnelle dès le collège : L’équation complexe

La formation professionnelle reste encore en deçà des aspirations tant des décideurs que des entreprises et des apprenants. La promotion du secteur figure en tête des priorités du ministère de Hassad. Les défis demeurent énormes, dont la nécessité du renforcement des passerelles entre la formation professionnelle et l’enseignement général et au sein même des cycles de l’OFPPT. Hassad veut prendre le taureau par les cornes dès le collège.

La promotion de la formation professionnelle est un enjeu de taille. En dépit des actions entreprises au cours des dernières années, cet enseignement connaît nombre de dysfonctionnements et ne répond pas, comme escompté, aux exigences du marché du travail. Plusieurs actions sont à entreprendre pour améliorer la qualité de la formation professionnelle et inciter de plus en plus d’élèves à s’orienter vers un parcours professionnel. Certes, l’image écornée de la formation professionnelle auprès des familles et des élèves commence à s’améliorer au cours des dernières années comme en témoignent l’augmentation relative du nombre des lycéens ayant opté pour le baccalauréat professionnel et celle des étudiants des licences professionnelles. Mais, le pari n’est pas encore gagné. Pour atteindre les objectifs escomptés, de nouvelles mesures s’imposent.

Le ministre de l’Éducation nationale affiche le souhait de donner un coup de fouet au secteur dès l’enseignement collégial en renforçant l’option professionnelle dès la première année du collège. Parallèlement à l’enseignement général, les collégiens désireux d’apprendre un métier ont la possibilité de suivre 4 heures de formation professionnelle au cours de la première année, 6 heures pendant la 2e et 8 heures lors de la troisième année. L’élève peut changer de parcours, le cas échéant. Cette année, cette option existe dans 251 collèges, contre 146 collèges l’année passée. L’élargissement, dans les années à venir, de la formation professionnelle dans les collèges est tributaire de «l’engouement» des élèves pour cette option. Concrètement, la formation professionnelle des collégiens se fait généralement au sein des centres de l’OFPPT alors que l’enseignement général est suivi dans les collèges publics. Certains établissements dédient des salles pour la formation professionnelle.

Des solutions pour pallier aux contraintes
L’idée est d’encourager l’orientation vers le baccalauréat professionnel dès les premières années du collège. Lancé en 2014, le «bac pro» n’a pu attirer en trois ans que quelque 14.000 élèves (3 années). Cette année, ce nombre passera au double, soit 28.000 élèves. D’ici 3 ans, au moins 15.000 élèves détiendraient le sésame du bac pro alors que l’année passée, ils étaient moins de 200. L’élargissement du baccalauréat professionnel est une priorité au cours de ce mandat gouvernemental.

Pour concrétiser cet ambitieux dessein, il reste encore quelques contraintes à dépasser, dont la difficulté de définir les besoins de l’économie en qualité et quantité (cartographie des métiers), la méconnaissance ou l’insuffisance du tissu économique au niveau de certaines régions pour mettre en place certaines filières du baccalauréat professionnel, le déficit en matière de conseil, d’information et d’orientation ainsi que des contraintes socioculturelles (stigmatisation de la formation professionnelle, volonté de poursuivre les études classiques actuelles). Ce baccalauréat devra répondre aux besoins du marché du travail et contribuer à augmenter les chances d’insertion professionnelle des futurs bacheliers tout en leur donnant également la possibilité de poursuivre leurs études supérieures. D’ailleurs, Hassad insiste sur le renforcement des passerelles entre l’enseignement général et la formation professionnelle. Une question qui reste complexe, car cette expérience n’est qu’à ses débuts et connaît quelques difficultés. Il s’avère, en effet, difficile pour un bachelier de la formation professionnelle de continuer ses études dans l’enseignement général en raison de son cursus scolaire. Mais, des solutions pourront être mises en œuvre pour pallier aux contraintes.

Au niveau de l’enseignement supérieur, les passerelles existent déjà, mais elles sont encore en deçà des aspirations. Jusque-là, les diplômés de la formation professionnelle (techniciens spécialisés ayant Bac+2) ont la possibilité de suivre une licence professionnelle à l’université. Mais, cette option reste pour le moment limitée à un pourcentage très faible : 5%. À en croire Hassad, lors de la conférence de presse qu’il a tenue à l’occasion de la rentrée scolaire et universitaire, ce point sera étudié de fond en comble pour développer les passerelles et encourager les élèves à opter pour la formation professionnelle à travers l’élargissement et la diversification des options des études supérieures universitaires.

«Année sabbatique»
Outre cette mesure, le renforcement des passerelles entre les cycles au sein de la formation professionnelle s’impose. Nombreux sont les jeunes ayant un diplôme de technicien qui ambitionnent de continuer leurs études au sein des centres de l’OFPPT pour devenir techniciens spécialisés et pouvoir, par la suite, s’inscrire à l’université. Cette opportunité de «gravir les cycles» de la formation professionnelle devra se renforcer dès le collège. Mais, cette option reste pour le moment limitée à un pourcentage très faible : permettre aux élèves qui veulent tester l’enseignement professionnel de bénéficier d’une «année sabbatique» à l’instar de ce qui se fait sous d’autres cieux (particulièrement dans l’enseignement supérieur). Un collégien ou un lycéen pourrait pendant une année interrompre ses études générales pour expérimenter la formation professionnelle en vue de lui permettre, soit de continuer dans cette voie, soit de reprendre l’enseignement général. 



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