«D’ici 2019, nous aurons testé 300 services»

Frédéric Oru, Directeur de Numa International
Nous avons profité de la participation de Frédéric Oru, directeur de Numa International et de Numa Paris, à la cérémonie de clôture de la première édition de Datacity Casablanca pour recueillir ses impressions sur cette première de Numa Casablanca. Le patron du tout premier accélérateur de startups, d’où tout est parti, nous dévoile aussi ses ambitions. Entretien.
Les Inspirations ÉCO : Pourquoi avez-vous tenu à prendre part à la cérémonie de clôture de la Saison 1 de Datacity Casablanca ?
Frédéric Oru : C’est l’aboutissement d’un programme qui a duré plus de neuf mois, qui a fait collaborer la ville de Casablanca, des entreprises privées (INWI, Ratp Dev, Michelin, LafargeHolcim), et des entrepreneurs qui, tous ensemble, ont eu la volonté d’apporter des solutions concrètes aux problèmes de la ville et de leurs habitants. Je n’aurais raté ça pour rien au monde !
Que pensez-vous du niveau des projets accompagnés, comparativement à ceux que vous soutenez depuis trois saisons à Paris?
Je suis assez impressionné du niveau de technicité de certains projets, qui utilisent des techniques d’analyse vidéo, des cartes électroniques, de l’intelligence artificielle… Mais j’avoue que la palme de l’innovation revient pour moi à ce producteur de champignons qui a pensé à réaliser des plaques d’isolation pour le bâtiment à base… de champignons justement. Le directeur Marketing de LafargeHolcim Maroc disait lui-même que ses ingénieurs n’auraient jamais pensé à cela. Je suis certain que personne à Paris n’y aurait pensé non plus.
Y- a–t-il certains aspects à améliorer, tant au niveau du déroulement de la saison-que d’aucuns trouvent long- que de Numa Casablanca qui, somme toute, fait une bonne entrée en matière ?
Neuf mois, ça peut paraître long et, pourtant, les cycles de R&D des entreprises durent plusieurs années, souvent en pure perte car le marché évolue, lui, beaucoup plus vite que cela. En revanche, les «week-end hackaton» ou les «concours à startups» sur deux ou trois mois ne donnent souvent que des prototypes sans intérêt. Le programme Datacity dure neuf mois mais il est très intensif, avec des phases aux objectifs bien définis qui permettent à la fin de savoir qu’il n’y a pas de marché ou que la solution n’est pas rentable, ce qui est un résultat en soi qui évite de perdre des années d’investissement.
Peut-on avoir une idée sur les investissements, les emplois générés par les projets soutenus à travers les trois Datacity organisés à Paris ?
Il est encore un peu tôt pour répondre sur l’impact en termes d’emplois mais, à Paris, nous sommes déjà très fiers de pouvoir dire que, sur les 15 expérimentations réalisées lors des deux éditions, 60% sont devenues des produits conjoints startup-grand groupe qui apportent des solutions concrètes, comme par exemple la réduction de 10% la facture d’électricité de Paris pour l’éclairage public.
Quels sont les domaines où on a le plus de création de startups ?
La question est très large… si je me limite aux enjeux liés au programme Datacity, je constate qu’une bonne moitié concerne la consommation énergétique et que le reste est plus ou moins lié aux questions de mobilité. Les solutions apportées par les startups sont très variées … je retiens une forte croissance dans la captation et l’analyse des données, ainsi que dans l’intelligence artificielle, ce qui donne lieu à de nombreuses solutions d’analyse prédictive.
Dans combien de villes organisez-vous à ce jour des Datacity ?
En septembre, nous annoncerons la généralisation de Datacity à six à huit villes dans le monde, sur trois ou quatre continents. Nous avons le soutien du C40, un réseau des plus grandes villes du monde qui ont décidé de s’attaquer, par leurs propres moyens, aux problèmes liés au changement climatique. Notre objectif est de déployer le programme dans 40 villes d’ici fin 2018, et à terme dans les 91 villes du C40, voire à toutes les villes qui voudront faire partie du programme dans le monde.
Quelles sont les ambitions de Numa International ?
Le réchauffement climatique est un problème mondial. Personne ne peut le résoudre seul, pas même un pays. Nous voulons créer une plate-forme de collaboration globale où les expérimentations des quatre coins du monde pourront être mises en commun. Nous estimons que nous aurons testé 300 services d’ici 2019, avec un modèle économique prouvé, qui contribueront à résoudre des problèmes concrets touchant 300 millions de personnes dans le monde.
La proposition de valeur du programme est, in fine, de permettre à un entrepreneur qui a trouvé une solution à un problème pour sa ville de la généraliser au monde entier. Quelle startup, quelle grande entreprise, quelle institution publique pourrait résister à une telle promesse ?