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La guerre des phosphates aura-t-elle lieu ?

Les tentatives de déstabilisation dont fait l’objet l’OCP se suivent mais ne se ressemblent pas. Rapports erronés de certains milieux académiques et actes étranges de piraterie politique…le groupe est attaqué de tous les côtés. Maintenant, l’Office passe à l’offensive.

Les premières manœuvres remontent aux années où le fly-up des cours de phosphates avait commencé (2007-2008). Le Front Polisario a cherché d’abord à rallier l’appui académique des milieux de la recherche scientifique en liant les niveaux record des prix observés à cette époque à un scénario d’épuisement des réserves, n’hésitant pas à jouer sur la corde sensible de la sécurité alimentaire eu égard au rôle que joue le phosphate dans l’amélioration de la productivité et des rendements agricoles. Le summum du ridicule est atteint le jour où certaines voix se sont fait entendre pour dénoncer le fait de laisser le «contrôle d’un minerai aussi stratégique entre les mains d’un pays arabe», à l’image de ce professeur d’économie à l’Université de Caroline du nord qui s’étonnait devant ses étudiants de voir «la sécurité alimentaire du monde entier dépendre d’un petit pays africain». Des propos à la limite haineux qui, malheureusement, trouvent parfois un écho favorable auprès de certains milieux scientifiques. L’institut de statistiques américain USGS a semé, quant à lui, la confusion en estimant à plus de 70% des réserves mondiales la part adossée au «Maroc & Sahara occidental», ce qui laisse croire que l’essentiel des ressources se trouve dans le Sahara. L’International Fertilizer Development Center (IFDC) a corrigé plus tard cette perception pour le moins fallacieuse en précisant que les réserves de la mine de Boucraa (près de Laâyoune) se limitent à moins de 2% de l’ensemble des réserves marocaines. Par ordre d’importance, celles-ci se répartissent entre les mines de Khouribga (43%), de Gantour (37%), de Meskala (18%) et enfin Boucraa (2%).

La contre-attaque s’organise
Face à ces manœuvres, l’OCP n’est pas resté les bras croisés. Un gros effort d’explication, souligne un haut responsable de l’Office, a été déployé auprès des clients, des investisseurs, des organismes de recherche scientifique, de la presse spécialisée dans l’industrie des fertilisants, etc). L’objectif est de rétablir la vérité et de contrer les allégations qui tentent de tromper l’opinion internationale quant aux conditions d’exploitation d’une ressource stratégique pour la sécurité alimentaire mondiale.

Tout cela n’a pas suffi pour dissuader les séparatistes du Polisario qui ont aussitôt inventé une nouvelle coquille vide baptisée «Western Sahara Resource Watch» et à laquelle ils ont confié la mission de commettre des rapports dont celui consacré à ce qu’ils appellent «le pillage par le Maroc de ressources phosphatières», relatant au détail près (tonnage, date) les flux de phosphates sortant du port de Laâyoune ! Toutes ces manœuvres n’ayant pas abouti, le Polisario et ses soutiens ont décidé de changer de méthode pour cibler cette fois-ci, d’abord via des écrits, les clients de l’OCP. Ces derniers pour la plupart étant cotés en Bourse, les représentants de la république fantomatique tiennent ensuite à afficher leur présence lors des assemblées générales pour répéter la même cassette «pillage, droits de l’homme, occupation», mais sans convaincre. «Que ce soit Agrium, PCS ou encore le néozélandais Ballance Agri-Nutrients, tous nos clients sont venus visiter la région et ont procédé à leurs propres évaluations qui sont d’ailleurs accessibles sur leur site web. Ils étaient unanimes à constater que les revenus issus de la mine de Boucraa sont totalement réinvestis localement dans l’intérêt exclusif des populations et de la région», nous confie la même source. S’ensuivit alors une nouvelle phase d’attaques ressemblant cette fois-ci à des actes de piraterie politique, sous couvert judiciaire. Les circonstances de la saisie début mai du cargo «Cherry Blossom» à Port Elizabeth en Afrique du Sud sont pour le moins anormales. Habituellement, le navire affrété par le client néo zélandais (sachant que la cargaison a été vendue Free on board) transite par le Canal de Panama. Étrangement, il a choisi de passer par le Cap de Bonne-Espérance, laissant penser à une manœuvre préméditée. Pis encore, le fait que l’escale à Port Elizabeth a eu lieu le 1er mai, un jour férié en Afrique du Sud, n’a pas empêché le juge d’ordonner la saisie conservatoire immédiate du cargo, suite à une requête du Polisario de pas moins de 300 pages ! La décision du renvoi de cette affaire vers le fond, le 15 juin dernier, est d’autant plus surprenante que la Cour panaméenne, saisie pour les mêmes motifs ainsi que par le même requérant, s’était quelques jours plus tôt prononcée incompétente pour traiter ce dossier en mettant en avant le caractère «politique» de la requête. Voilà ce qui rend légitime l’acte de dénonciation déposé jeudi dernier par l’OCP au registre de la cour sud-africaine, déniant à ce tribunal toute légitimité à se prononcer sur le fond d’une affaire suivie au plus haut niveau international, sous l’égide du Conseil de sécurité des Nations Unies. «En faisant un usage biaisé et abusif du droit, et en transgressant allègrement les récentes décisions du Conseil de sécurité appelant les parties à reprendre les pourparlers de bonne foi et sans conditions, la cour sud-africaine et les requérants affichent ouvertement leur hostilité à l’intégrité territoriale du Maroc», peut-on lire dans le dernier communiqué de l’OCP.

Investissements fructueux
L’affaire du cargo saisi à Port Elizabeth n’est ni plus ni moins qu’une énième manœuvre politicienne orchestrée par le Front Polisario et ses soutiens. En s’attaquant aux cargaisons de phosphates, ils cherchent désespérément à obtenir un verdict en leur faveur pour ensuite brandir la carte de la jurisprudence, notamment devant la Cour de justice de l’Union européenne au sujet de l’accord de libéralisation du commerce entre le Maroc et l’UE en matière de produits agricoles et ceux de la pêche, ou bien, le cas échéant, lors d’une éventuelle négociation au sujet du plan d’autonomie du Sahara. En déniant au tribunal sud-africain toute légitimité à se prononcer sur des questions relevant de la souveraineté des États, le choix du groupe OCP se dresse comme un rempart contre les tentatives de détournement de l’affaire du Sahara qui continue d’être supervisée par l’instance onusienne. S’agissant du volet relatif à «l’exploitation des ressources naturelles», le groupe OCP dément fermement les allégations véhiculées par le Polisario. «Tous les critères sont conformes au droit international et en particulier à la structure légale des Nations Unies», assure-t-on du côté du groupe. Preuve à l’appui, pas moins de 76% des employés de Phosboucraa sont issus de la région.

La durée de vie du gisement a été prolongée de 27 ans et l’énergie provient à hauteur de 99% du parc éolien de Foum El Oued, outre le système de dessalement d’eau de mer qui permet de produire 1,5 million de mètres cubes d’eau. Un montant de 2 MMDH est déjà engagé pour financer des projets de grande envergure autour du gisement de Boucraa : complexe industriel pour la production d’acide phosphorique et d’engrais, une unité de traitement, un nouveau port à Laâyoune, une technopole intégrant une branche de l’Université Mohammed VI polytechnique, etc. Last but not least, il est important de noter que l’effort colossal d’investissement consenti ces cinq dernières années a permis au groupe OCP de tripler sa production d’engrais pour atteindre 12 millions de tonnes, ce qui le propulse au premier rang mondial des producteurs d’engrais phosphatés. Voilà ce qui enrage davantage ceux qui voient d’un œil jaloux l’offensive que mène le Maroc en Afrique aussi bien sur le plan diplomatique qu’en matière de fertilisation des sols à travers les 14 filiales d’OCP Africa.



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