Maroc

«Le défi est d’assurer l’équité de l’offre de soins dans la Région»

 

Abdelkrim Meziane Bellefquih : Di­­recteur régional de la Santé de la Région Rabat-Salé-Kénitra

La région Rabat-Salé-Kénitra fait partie des régions les mieux dotées en offre de soins. En dépit de cela, les besoins demeurent importants. L’enjeu est d’assurer un équilibre entre toutes les provinces de la Région même celles à prédominance rurale. Pour renforcer l’offre de soins, plusieurs projets sont prévus dont l’ouverture de deux hôpitaux à Témara et Salé et la reconstruction de l’hôpital Avicenne.

Les Inspirations ÉCO : Comment peut-on évaluer l’offre de soins dans la Région, sur la base de sa nouvelle configuration ?
Abdelkrim Meziane Bellefquih : Il faut toujours évaluer les besoins en santé d’une région en se basant sur son environnement. Le positionnement est très important car il faut prendre en considération plusieurs critères dans la programmation de l’offre de soins : les accidents de la circulation, les flux migratoire, l’opération Marhaba… Avec la nouvelle configuration, la Région double pratiquement sa population. Certains réajustements sont prévus au cours des prochaines semaines.

Quels sont les projets prévus pour répondre à la demande croissante ?
Sur le volet des hôpitaux, plusieurs projets sont prévus. Deux grands hôpitaux ouvriront vers la fin de la saison estivale à Témara (250 lits) et Salé (260 lits). Ces deux hôpitaux permettront de redistribuer l’offre hospitalière au niveau de la Région. Ils coïncideront avec le lancement d’un grand projet à l’échelle nationale : la restructuration et la reconstruction de l’hôpital universitaire Avicenne. Ce projet, qui est en phase d’étude, sera lancé au cours du deuxième semestre de cette année. Il reconfigurera l’offre universitaire à l’échelle de la Région. L’ouverture des hôpitaux de Témara et de Salé tombe à point nommé. Ils offriront plus de 500 lits, soit la moitié de la capacité de l’hôpital d’Avicenne. Un autre projet sera lancé incessamment : un hôpital de 250 lits à Khémisset. La ville de Rabat n’est pas laissée pour compte. La reconstruction de l’hôpital régional Moulay Youssef, qui aura une capacité de 300 lits, est en phase d’étude. À Kénitra, un hôpital de 450 lits est en cours de construction. À cela, s’ajoute la construction dans cette ville d’un hôpital psychiatrique (120 lits) qui nécessitera 24 mois de réalisation. Il sera bientôt lancé. Il faut dire qu’il est temps de faire face au manque des lits psychiatriques dans la Région. Jusque-là, on n’a que ceux de l’hôpital Arrazi qui a un niveau universitaire alors que chaque région doit disposer d’une centaine de lits psychiatriques d’un niveau intermédiaire. On peut dire que la psychiatrie commence à prendre sa place au niveau de l’offre de soins.

Comment s’opérera le chantier de l’hôpital Avicenne ?
L’hôpital Avicenne est une référence nationale. Il est impossible de le démolir complètement pour le reconstruire sans avoir d’alternatives d’autant plus que la phase de construction va durer trois ans. Les services hospitaliers seront transférés vers un hôpital intermédiaire qui sera reconstruit et qui aura une capacité de 350 lits. Une fois le transfert fait, il sera procédé à la démolition et la reconstruction de l’hôpital avec conservation de certains services pour garder la mémoire de l’hôpital actuel.

La Région Rabat-Salé-Kénitra est parmi les régions disposant de plus des ressources humaines dans le domaine de la santé. Quels sont les besoins en la matière ?
De manière générale, le domaine de la Santé est marqué par une grande carence en ressources humaines au niveau aussi bien des médecins que des infirmiers. La Région Rabat-Salé-Kénitra est parmi les régions les moins lésées. Mais, dans certaines spécialités, nous avons une pléthore de médecins alors que dans d’autres, un manque est enregistré. Il faut ainsi être vigilant sur ce déséquilibre. Nous manquons beaucoup plus d’infirmiers que de médecins dans cette région.

L’amélioration de l’accueil, qui est pointée du doigt par les citoyens, est-elle programmée dans les projets en cours ?
Dans d’autres pays, le délai d’attente dans les services des urgences est énorme. Au Maroc, tous les utilisateurs des urgences pensent que leur cas est urgent, ce qui provoque l’encombrement. Dans tous les hôpitaux, un infirmier spécialisé dans l’accueil des urgences peut détecter les cas sérieux et les cas qui peuvent attendre. Le personnel, l’administration et le citoyen sont tous responsables de l’amélioration de l’accueil.

Comment évaluez-vous la présence du secteur privé dans la Région ?
C’est l’une des régions où le secteur privé est très développé. Ce secteur n’est pas concurrent mais complémentaire. Il est en effet nécessaire de travailler dans la complémentarité dans un cadre de partenariat. Il faut développer encore plus ce secteur dans le cadre d’un schéma régional de l’offre de soins dont doit disposer chaque région.

La Région est bien dotée en offres de soins. Quels sont les besoins qui restent à combler ?
Avec la nouvelle configuration régionale, certaines provinces de la région sont à prédominance rurale. Certaines zones souffrent encore de manque de couverture. Il faut élargir la couverture sanitaire dans le milieu rural. Il faut aussi essayer d’assurer un équilibre entre les provinces dans cette région. La préfecture de Rabat ne doit pas avoir un niveau de santé supérieur aux autres. Le défi est d’assurer l’équité de l’offre de soins dans la Région. Par ailleurs, il est temps de s’occuper de l’offre de soins hospitalière et ambulatoire de la psychiatrie. Il est nécessaire également d’améliorer l’accueil et la qualité des soins. L’acte médical doit être aux normes de la qualité médicale et sanitaire dans les différentes régions.

Quid de l’offre de soins ambulatoires?
On a tendance à limiter la santé dans le secteur hospitalier alors que le secteur ambulatoire est une structure qui n’a pas encore eu sa véritable valeur. Les centres de Santé jouent un rôle important dans la prise en charge des citoyens mis à part quelques urgences. Rabat dispose de 25 structures de santé répartis sur les principaux quartiers. Nous sommes en phase de réaménagement de l’ensemble de ces structures ambulatoires avec une conception nouvelle et un plateau technique accueillant. Les futurs hôpitaux prévus dans la région seront plutôt des espaces de consultation. L’hôpital Moulay Youssef sera dédié plutôt à l’acte ambulatoire (hôpital de jour). C’est la nouvelle tendance.



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