Maroc

Exportations de tomates : le Maroc bat un nouveau record

Le Royaume a expédié 745.000 tonnes de tomates durant la saison 2024-2025, générant 1,2 milliard de dollars. Malgré la sécheresse et la concurrence européenne, la filière confirme sa solidité et étend ses marchés.

Le Maroc vient d’établir un nouveau record dans ses exportations de tomates, consolidant son statut de fournisseur majeur de produits frais à l’échelle mondiale. Selon les données de l’Office des changes, relayées par EastFruit, le pays a exporté 745.000 tonnes de tomates au cours de la saison 2024-2025, soit une progression de 8,3% par rapport à l’exercice précédent. Les revenus se sont élevés à près de 1,2 milliard de dollars, un niveau jamais atteint auparavant.

Une filière qui résiste aux défis
La performance est d’autant plus remarquable que la filière fait face à de multiples contraintes. La sécheresse prolongée et les tensions sur la main-d’œuvre auraient pu peser lourdement sur la campagne, mais la structuration du secteur a permis de maintenir le cap.

Comme le souligne un professionnel du secteur ayant requis l’anonymat, «le système est bien structuré et la post-production aussi. Les perspectives sont bonnes, les seuls problèmes qui peuvent surgir sont liés au climat ou à la sémence, mais là encore rien à signaler».

En novembre 2024, le Maroc a même enregistré un volume mensuel inédit avec 105.000 tonnes expédiées. Une telle régularité dans la croissance des flux confirme la résilience du modèle agricole national et sa capacité d’adaptation aux cycles de marché.

De nouveaux relais de croissance
La France demeure le premier client des tomates marocaines, absorbant près de la moitié des volumes exportés. Le Royaume-Uni consolide sa deuxième place avec près de 15% des expéditions. Les Pays-Bas et l’Espagne, bien qu’eux-mêmes producteurs et exportateurs, augmentent leurs importations pour prolonger leur propre saison.

Parallèlement, de nouveaux marchés émergent et contribuent fortement à la croissance. Les exportations vers la Belgique ont presque quadruplé en deux ans. Les pays scandinaves, à l’instar du Danemark et de la Norvège, importent désormais des volumes record depuis trois saisons consécutives.

La Suède, l’Irlande et la Finlande, absentes de la carte il y a peu, affichent aujourd’hui une dynamique prometteuse. L’Afrique de l’Ouest, notamment la Mauritanie et le Sénégal, renforce également sa place dans la stratégie d’expansion.

Des tensions commerciales persistantes
Ce succès n’est pas sans susciter des résistances. Un professionnel du secteur confie que la filière marocaine fait l’objet de pressions croissantes en Europe.

«Les Français, au moins les chefs d’orchestre, travaillent avec des cabinets d’avocats. Ce qu’ils veulent, c’est nous bloquer la tomate marocaine. Ils exercent une pression pour changer les mécanismes d’admission de notre produit. Les Espagnols et les Italiens se sont mobilisés aussi et aujourd’hui, une association professionnelle se dresse contre l’origine marocaine», nous confie-t-il.

En effet, des tensions subsistent autour du contingent européen et du régime GATT, deux dispositifs qui encadrent l’accès au marché. Le Maroc, qui dépasse régulièrement le cadre du contingent, continue d’opérer légalement sous le régime GATT, ce qui alimente les crispations de ses concurrents directs.

Par ailleurs, au-delà de la tomate, le Maroc a également battu un record d’exportation de concombres lors de la même saison. Cette diversification confirme que le pays consolide sa place dans les chaînes d’approvisionnement mondiales de produits frais. Pour l’heure, la filière tomate reste le pilier, représentant plus de 30% des recettes globales en devises issues des exportations agricoles.

Comprendre le jeu des quotas européens

Les exportations marocaines de tomates vers l’Union européenne sont encadrées par un système de contingent annuel. Ce quota fixe les volumes autorisés entre septembre et avril, afin de protéger les producteurs européens pendant leur propre saison de production.

Au-delà de ce quota, le Maroc peut continuer à exporter grâce au régime GATT, un accord multilatéral qui définit les conditions d’accès au marché. Dans ce cadre, les tomates doivent respecter un prix d’entrée minimum, appelé valeur de référence. Si ce prix est respecté, les envois sont considérés comme légaux et peuvent franchir les frontières européennes. C’est précisément ce mécanisme qui alimente les tensions.

Selon un professionnel du secteur, «le Maroc a dépassé le cadre du contingent européen sous le régime GATT de plus de la moitié, mais c’est légal».

Pourtant, plusieurs lobbies agricoles en France, en Espagne ou en Italie exercent des pressions pour revoir ces règles. Leur objectif affiché est de durcir les conditions d’accès et de freiner la progression de l’origine marocaine sur le marché européen.

Faiza Rhoul / Les Inspirations ÉCO



Marché de l’emploi : des diplômes, mais encore ?


Recevez les actualités économiques récentes sur votre WhatsApp Suivez les dernières actualités de LESECO.ma sur Google Actualités

Rejoignez LesEco.ma et recevez nos newsletters




Bouton retour en haut de la page