Maroc

Tourisme : les Marocains ont-ils moins voyagé à l’étranger cet été ?

Ce sont des chiffres qui ne prennent pas en compte le mois d’août, mais qui révèlent une baisse de 25% des départs des Marocains vers des destinations touristiques étrangères par rapport à l’année dernière. Préférence nationale ou impact de la crise économique ?

Si le tourisme marocain vit une période d’embellie, battant des records d’arrivées touristiques au fil des mois, une ombre ternit cependant ce tableau : les touristes marocains préférent généralement aller voir ailleurs ! D’ailleurs, le constat est si frappant que l’on est en droit de se demander si les Marocains n’auraient pas décidé de bouder les hôtels et destinations touristiques nationales.

Le phénomène trouve sa source dans la cherté des tarifs pratiqués ainsi qu’au manque de compétitivité face à des destinations voisines comme le Sud de l’Europe, notamment l’Espagne. Cependant, mardi dernier, lors d’une rencontre entre la ministre du Tourisme et les acteurs du secteur, un chiffre a failli passer inaperçu, alors qu’il ne manque pas d’intérêt.

«En matière de tourisme interne, une amélioration de 8% a été enregistrée à fin juillet, tandis que les départs des Marocains à l’étranger ont reculé de 25% par rapport à l’année précédente, ce qui traduit une préférence croissante des Marocains pour passer leurs vacances dans leur pays», a ainsi relevé la ministre de tutelle, Fatima Zahra Ammor.

Crise économique…?
Il faut dire que même durant la très haute saison en août, le constat était saisissant dans des villes comme Marrakech ou dans les principales destinations balnéaires nationales : les familles marocaines étaient bien là. D’où la pertinence de se demander s’il s’agit d’une réconciliation avec le tourisme national ou si c’est plutôt la conjoncture économique difficile qui a forcé nombre de familles marocaines à se résigner à rester sur place.

«À vrai dire, les deux raisons sont valables. Les Marocains ont envie de découvrir le monde et de voir autre chose. Mais la cherté de la vie les oblige à réorienter les priorités», répond un analyste économique.

Pour sa part, l’expert en tourisme Said Tahiri estime qu’il y a plusieurs autres raisons à prendre en considération : «sur la base de ces statistiques, nous pouvons alors estimer que les professionnels touristiques marocains ont réussi à réconcilier le tourisme national avec nos concitoyens. Ou alors ce sont les difficultés à obtenir des visas, pour l’Europe en particulier, qui découragent les Marocains d’aller voir ailleurs. Car ce fait est aussi une réalité», fait-il savoir.

Et sur la compétitivité des destinations ibériques par exemple, il faut dire que le mythe commence à être dissipé. «Sur la base de ma propre expérience, je ne peux pas dire que cette destination est moins chère. Rien n’est bon marché, mais la grande différence réside dans la qualité des prestations. Là-bas, tu sens que l’on propose des produits de qualité au prix qu’ils valent. Que ce soit à l’hôtel, dans les appartements ou les services, la qualité y est même si c’est à des prix que je ne saurais qualifier de bas».

Ce retour d’expérience est celui d’une mère de famille tangéroise qui avait préféré, cet été, aller découvrir les destinations espagnoles.

Défis
Si, selon les chiffres officiels communiqués par la ministre du Tourisme, les Marocains sont moins partis à l’étranger par rapport à l’année dernière à fin juillet, il se trouve que c’est donc au niveau du rapport qualité/prix que les efforts doivent se concentrer.

D’ailleurs, les familles marocaines, surtout celles qui sont nombreuses, sont peu enclines à aller se loger dans les établissements d’hébergement touristiques classés, c’est à dire les hôtels et autres riads. Les locations d’appartements meublés sont souvent l’unique solution face à des prix inaccessibles dans les hôtels.

Cela est d’autant plus vrai que les réservations quasi exclusives via des plateformes basées à l’étranger comme Booking et équivalent contribuent à la hausse des tarifs des hôtels aussi bien pour les touristes nationaux qu’internationaux.

Fatima Zahra Ammor
Ministre du Tourisme

En matière de tourisme interne, une amélioration de 8% a été enregistrée à fin juillet, tandis que les départs des Marocains pour l’étranger ont reculé de 25% par rapport à l’année précédente. Ceci traduit une préférence croissante des Marocains pour passer leurs vacances dans leur pays.»

Said Tahiri
Expert en Tourisme

«Nous pouvons estimer que les professionnels ont réussi à réconcilier le tourisme national avec nos concitoyens. Ou alors ce sont les difficultés à obtenir des visas, pour l’Europe en particulier, qui découragent les Marocains d’aller voir ailleurs.
Car ce fait est aussi une réalité.»

Abdellah Benahmed / Les Inspirations ÉCO



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