Edito. Entre prudence et ambition
Malgré un monde secoué par les tensions géopolitiques, les entreprises marocaines gardent le cap à l’international. En juillet 2025, les chiffres de l’Office des changes sur les investissements directs marocains à l’étranger (IDME) sont clairs : après le feu d’artifice de 2023, place à une phase de stabilisation.
Les dépenses reculent un peu, les recettes aussi, mais le plus important reste là : les flux nets sont toujours positifs, à +2,187 MMDH.
Autrement dit, les entreprises marocaines continuent d’apporter des devises au pays, même en serrant la vis. Moins de cessions, moins de dépenses, mais une tendance qui tient bon : fini les emballements, on parle désormais de consolidation. Et ce n’est pas une mauvaise chose.
En dix ans, les IDME ont quadruplé, avec un secteur industriel qui capte désormais plus de 73% des flux. Les télécoms reprennent des couleurs, la banque ralentit. 2023 avait vu de grandes manœuvres, comme la reprise de Crédit du Maroc par Holmarcom.
Aujourd’hui, les entreprises marocaines jouent la carte du long terme. Elles choisissent où investir, où sortir, et comment se positionner. Résultat : même avec des chiffres moins spectaculaires, elles soutiennent activement la balance des paiements. Et ce n’est pas rien, surtout dans un contexte mondial instable.
Cette nouvelle posture montre que l’internationalisation des entreprises marocaines est entrée dans une phase plus mature. On passe d’une logique d’opportunités ponctuelles à un vrai cap structurant.
L’enjeu n’est plus seulement d’être présent à l’étranger, mais d’y construire une valeur durable. C’est un signe que les entreprises marocaines, souvent trop discrètes, savent aussi être stratèges. 2025 marque peut-être le vrai début d’une croissance plus solide et sereine. Une trajectoire moins spectaculaire, mais sans doute plus pérenne, et c’est exactement ce dont le Maroc a besoin dans les années à venir.
Hicham Bennani / Les Inspirations ÉCO
