Maroc

Meknès : les bio-solutions comme levier d’innovation pour une agriculture durable et compétitive

Une transformation s’impose à l’agriculture marocaine avec l’arrivée du CBAM en 2026. À Meknès, la conférence sur les bio-solutions a mis en lumière les alternatives biologiques aux pesticides. Elles sont essentielles pour maintenir la qualité, le rendement et la compétitivité des exportations.

Alors que l’échéance du 1er janvier 2026 et l’application du Mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (CBAM) de l’Union européenne se profilent, l’agriculture marocaine est appelée à une transformation profonde. C’est dans ce contexte de défis et d’hésitation qu’experts, chercheurs, producteurs agricoles, responsables de l’administration, professionnels et acteurs économiques se sont réunis à l’École nationale d’agriculture de Meknès (ENA).

L’enjeu est d’explorer les bio-solutions innovantes et l’utilisation des agents biologiques pour concilier productivité, respect de l’environnement et compétitivité sur les marchés internationaux. Organisée par l’Association des ingénieurs de l’École nationale d’agriculture (AIENA) en partenariat avec l’ENA, cette conférence a mis en lumière une problématique pressante.

L’usage non raisonné de produits chimiques, notamment les pesticides, complique de plus en plus le commerce international. Le Maroc, exportateur de fruits et légumes vers l’UE, se heurte régulièrement à des analyses chimiques strictes, où la présence de résidus peut bloquer des cargaisons entières. Le CBAM, en introduisant une forme de taxe carbone aux frontières, ne fera qu’accentuer cette pression en faveur de pratiques agricoles plus durables.

Dans ce cadre, Baghaz Ahmed, président de l’AIENA, a souligné que l’usage croissant de produits chimiques de synthèse n’est plus viable à long terme. Une révision des politiques d’accompagnement technique et financier est souhaitable au profit des agriculteurs désireux de passer à des pratiques plus respectueuses de l’environnement.

Il a également souligné l’ambition de l’AIENA d’«encourager la valorisation des produits agricoles issus de l’agriculture biologique et l’émergence de filières alternatives porteuses». Les débats ont largement porté sur les facteurs biologiques comme alternative crédible pour assurer une protection sanitaire des cultures tout en diminuant l’impact environnemental et sanitaire des produits chimiques.

En effet, l’emploi de ces facteurs vise à offrir une protection durable, évitant l’abus de pesticides. Ces derniers, bien que parfois à action rapide, engendrent des conséquences néfastes, notamment des risques pour la santé de l’agriculteur, une incompatibilité avec une agriculture durable et, surtout, un impact direct sur la santé publique via les résidus pouvant entraîner des maladies graves chez le consommateur.

Recherche et offres en bio-solutions
Au-delà des discussions, la conférence s’est distinguée par la présentation des derniers travaux de recherche menés dans le domaine des bio-solutions. Des universitaires et chercheurs affiliés à des institutions de premier plan ont pu exposer les avancées scientifiques les plus récentes, qu’il s’agisse de l’identification de nouveaux agents de lutte biologique, de l’optimisation de leur efficacité en conditions de stress climatique, ou encore du développement de techniques d’application innovantes.

Parallèlement à ces éclairages académiques, la rencontre a offert une vitrine aux solutions biologiques déjà éprouvées et disponibles sur le marché marocain et international. Plusieurs entreprises pionnières du secteur des intrants agricoles biologiques ont présenté leurs gammes de produits : bio-pesticides (à base de micro-organismes, d’extraits végétaux ou de phéromones), bio-fertilisants, stimulateurs des défenses naturelles des plantes, ou encore outils de biocontrôle.

Ces présentations ont permis aux agriculteurs et professionnels présents de découvrir des alternatives tangibles aux produits chimiques de synthèse, d’évaluer leur pertinence pour leurs propres cultures et d’échanger directement avec les fournisseurs sur les protocoles d’utilisation et les retours d’expérience.

Une feuille de route pour l’adoption des bio-solutions
À l’issue des travaux, plusieurs recommandations ont été formulées pour accélérer l’adoption des bio-solutions. Un appel a été lancé pour renforcer le soutien à la recherche et au développement, notamment à travers l’augmentation des financements publics et privés dédiés aux bio-solutions spécifiquement adaptées aux conditions climatiques locales et aux terroirs marocains.

L’importance de l’accompagnement technique des agriculteurs a été soulignée, afin de faciliter le transfert des innovations du laboratoire vers le terrain et de ne pas laisser la recherche confinée aux institutions. Les participants ont également plaidé pour la promotion active de l’agriculture biologique et son intégration plus poussée dans les politiques publiques.

D’autres recommandations incluent la mise en place d’un réseau de conseillers agricoles spécialisés en bio-solutions, le développement de filières locales pour la production de ces alternatives biologiques, et leur intégration systématique dans les plans de lutte contre les changements climatiques et les stratégies de développement agricole futures.

Enfin, l’encouragement des partenariats entre les différents acteurs (recherche, entreprises et agriculteurs) a été identifié comme un levier essentiel pour le succès de cette transition.

Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO



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