Maroc

Inclusion financière : la GIZ mise sur le modèle Speed Finance

L’Agence allemande de coopération internationale (GIZ) s’apprête à lancer une mission stratégique sur le modèle Speed Finance, un mécanisme de microcrédit pensé pour accélérer l’accès au financement des entrepreneurs exclus du système bancaire traditionnel. Porté par l’ambition de renforcer l’inclusion économique, ce projet vise à structurer une approche plus souple, plus rapide et plus proche des réalités locales.

À l’heure où les modèles traditionnels de financement ne répondent pas toujours aux attentes des populations les plus vulnérables, l’Agence allemande de coopération internationale (GIZ) explore une nouvelle voie : celle d’un financement plus rapide, plus souple, et ancré dans les réalités locales.

À travers un projet d’analyse et de renforcement de l’approche dite «Speed Finance», elle ambitionne de poser les bases d’une nouvelle architecture de l’inclusion financière au Maroc. Un appel à manifestation d’intérêt a été lancé en ce sens, dans le cadre d’un marché de services dont les contours, précis et exigeants, traduisent l’ambition stratégique de l’opération.

Le projet, inscrit dans le cadre du programme Développement économique et promotion de l’emploi, piloté par la GIZ au Maroc, s’intéresse à une forme de microfinance encore émergente, mais prometteuse.

L’approche Speed Finance a vu le jour dans un contexte post-Covid, en réponse à l’urgence de relancer l’activité économique des travailleurs indépendants, des TPE informelles et des porteurs de projet marginalisés. Elle repose sur une logique de proximité, de rapidité d’exécution et de simplification administrative, rompant ainsi avec les procédures longues et complexes de la finance institutionnelle.

Diagnostic, benchmark et recommandations stratégiques
Le projet de la GIZ prévoit une mission en trois temps. D’abord, un diagnostic détaillé de l’approche actuelle – ses modalités, ses outils, ses résultats – mené spécifiquement dans la région Marrakech-Safi, territoire d’expérimentation du modèle Speed Finance. C’est là que cette approche a été initialement testée, et c’est sur ce périmètre que les pratiques mises en œuvre feront l’objet d’une évaluation approfondie.

Ensuite, une analyse comparative (benchmark) à l’échelle internationale permettra de situer cette expérience dans un contexte plus large, en identifiant d’éventuelles convergences avec d’autres modèles africains.

Enfin, la mission devra déboucher sur une feuille de route structurée, avec des recommandations opérationnelles pour renforcer, ajuster ou étendre l’approche Speed Finance à de nouveaux territoires ou publics.

Contraintes
Derrière cette démarche innovante, plusieurs défis se profilent. Le modèle Speed Finance repose sur des délais courts, des critères d’éligibilité allégés et une mobilisation d’acteurs intermédiaires, comme les associations ou les coopératives. Mais cette flexibilité comporte des risques : taux de défaut, fragilité des structures de suivi, absence de régulation claire.

L’un des enjeux majeurs du projet sera donc d’objectiver les risques tout en consolidant les bonnes pratiques. Car au-delà des intentions, il s’agit de garantir la soutenabilité et l’impact réel du dispositif.

Le choix de la GIZ de formaliser cette réflexion à travers un marché de services démontre une évolution du rôle des coopérations internationales, plus en appui stratégique qu’en simple financeur, plus en catalyseur de méthodes qu’en prescripteur.

Une étape dans une réforme plus vaste
Ce projet s’inscrit dans une dynamique plus large de transformation des outils de financement du développement. Alors que le Maroc multiplie les initiatives en faveur de l’entrepreneuriat, de la création d’emplois et de la territorialisation des politiques publiques, l’approche Speed Finance pourrait constituer un maillon essentiel d’une chaîne inclusive encore en construction.

Si les résultats de cette mission s’avèrent concluants, ils pourraient nourrir de futures politiques nationales, voire inspirer d’autres partenaires au développement. En filigrane, c’est une autre vision de l’économie locale qui se dessine : plus agile, plus inclusive, et plus attentive aux réalités des «oubliés du crédit».

Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO



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