Maroc

Agence du bassin hydraulique du Bouregreg et de la Chaouia : la gouvernance de l’eau renforcée

Alors que le pays traverse sa septième année consécutive de sécheresse, le Conseil d’administration de l’Agence du bassin hydraulique du Bouregreg et de la Chaouia (ABHBC) s’est réuni dans l’objectif d’évaluer l’état des ressources en eau et de renforcer les stratégies d’adaptation face à une crise hydrique qui s’installe.

Le Conseil d’administration de l’Agence du bassin hydraulique du Bouregreg et de la Chaouia (ABHBC) a tenu une session décisive sous la présidence du ministre de l’Équipement et de l’Eau, Nizar Baraka. Ce rendez-vous, placé sous le signe de l’urgence hydrique et des solutions structurelles, a été l’occasion de dresser un état des lieux des ressources en eau et de mettre en avant les stratégies adoptées pour faire face à une crise qui s’installe dans la durée.

Un contexte hydrique préoccupant
Le Maroc traverse une période de sécheresse persistante, marquée par sept années consécutives de déficit pluviométrique. Une situation alarmante qui impacte directement les réserves en eau et met sous pression les infrastructures hydrauliques du pays.

Cette tendance, exacerbée par le changement climatique, pose un défi de taille à la gestion des ressources hydriques, notamment dans les bassins stratégiques du Bouregreg et de la Chaouia.

Lors de son intervention, Nizar Baraka a rappelé l’importance de l’eau dans l’accompagnement du développement économique et social du pays, tout en insistant sur la nécessité d’une gouvernance efficace et proactive. Il a souligné que le gouvernement s’emploie à répondre à cette problématique en s’appuyant sur les directives royales, qui mettent en exergue l’urgence de solutions innovantes et durables.

Des avancées notables malgré les défis
Malgré un contexte difficile, le Maroc a su anticiper les crises hydriques grâce à une politique volontariste en matière d’infrastructures. La poursuite du projet d’interconnexion entre les bassins de Sebou et du Bouregreg en est une parfaite illustration.

En transférant 403 millions de mètres cubes d’eau, cette initiative a permis d’assurer l’approvisionnement en eau potable de la région côtière allant de Rabat au nord de Casablanca.

D’autres projets structurants sont en cours, à l’image de l’interconnexion des réseaux d’eau potable entre le nord et le sud de Casablanca et de la construction d’un canal de 54 km reliant la station de dessalement d’eau de mer de Jorf Lasfar au système hydraulique de Dourate. Une approche combinée qui vise à renforcer l’autonomie hydrique des principales zones urbaines et industrielles du pays.

L’option du dessalement, un levier stratégique
Face à la raréfaction des ressources en eau conventionnelles, le gouvernement mise sur le dessalement pour garantir un approvisionnement durable. Un des projets phares annoncés concerne la station de dessalement de Casablanca, dont la première tranche, d’une capacité de 200 millions de mètres cubes par an, sera opérationnelle dès 2026.

À terme, cette capacité atteindra 300 millions de mètres cubes, apportant une réponse efficace aux besoins croissants en eau de la métropole. Dans la même dynamique, une nouvelle station de dessalement verra le jour à Rabat, avec une production annuelle estimée à 300 millions de mètres cubes. Ce projet s’inscrit dans une vision stratégique visant à diversifier les sources d’eau et à réduire la dépendance aux précipitations.

Protection des ressources et lutte contre la pollution
L’accent est également mis sur la protection et la préservation des ressources existantes. Le projet de dépollution des bassins du Bouregreg et de Sebou constitue un chantier prioritaire pour garantir la qualité des eaux transférées.

Par ailleurs, l’Agence du bassin hydraulique du Bouregreg et de la Chaouia a lancé une série d’initiatives, incluant l’acquisition de stations mobiles de dessalement et de déminéralisation de l’eau saumâtre. En complément, des mesures urgentes ont été déployées pour faire face à la pénurie d’eau potable.

L’acquisition de camions-citernes, le forage de puits d’exploration et l’intensification des campagnes de détection et de réparation des fuites figurent parmi les actions mises en œuvre pour sécuriser l’approvisionnement.

Un déficit pluviométrique alarmant
L’année hydrologique 2023-2024 a été marquée par un déficit pluviométrique de 41% par rapport à la moyenne annuelle. Ce déficit a entraîné une baisse critique du niveau des barrages et une diminution inquiétante des nappes phréatiques. Les nappes de Sehoul et de Berrechid, essentielles pour l’alimentation en eau de plusieurs localités, ont enregistré des baisses respectives de 3,5 m et 3,3 m.

Dans ce contexte, le gouvernement prévoit la construction du barrage «Aïn Ksob» dans la province de Benslimane, avec une capacité de stockage de 14 millions de mètres cubes. La réalisation de trois petits barrages ainsi que l’étude d’une seconde phase d’interconnexion entre les bassins de Sebou, Bouregreg et Oum Er-Rbia sont également à l’ordre du jour.

Une mobilisation collective pour l’avenir de l’eau au Maroc
La session du Conseil d’administration de l’ABHBC a été marquée par la validation de douze conventions liées à la protection contre les inondations, à la réutilisation des eaux usées traitées et à la sensibilisation. Deux contrats de concession ont également été approuvés, témoignant de la volonté des acteurs institutionnels de concrétiser des solutions adaptées aux enjeux actuels.

En présence du wali de la région de Rabat-Salé-Kénitra, des gouverneurs de Rabat et de Benslimane, ainsi que des représentants des collectivités locales, cette réunion a mis en avant la nécessité d’une action concertée pour assurer un accès équitable et durable à l’eau. L’avenir hydrique du Maroc repose sur une gestion intégrée et résiliente, où innovation et planification stratégique seront les clés pour relever le défi de la rareté de l’eau.

Sensibilisation et mobilisation citoyenne

La réussite des initiatives de l’Agence repose également sur l’engagement des citoyens. Une vaste campagne de sensibilisation a été lancée pour encourager une consommation responsable de l’eau. La plateforme «Maa Dialna» a été mise à jour et complétée par une application mobile et un service de signalement des gaspillages via WhatsApp. L’objectif est de favoriser une gestion plus rigoureuse des ressources et de renforcer la conscience collective face aux défis hydriques.

Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO



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