Viande rouge : les exportateurs espagnols prospectent au Maroc
L’intérêt pour la viande bovine espagnole ne cesse de croître, avec une hausse significative des importations en 2024. L’engouement est tel que des exportateurs espagnols se sont rendus au Maroc pour évaluer les opportunités d’affaires.
Avec une production de viande rouge en chute libre, le Maroc a ouvert le champ des exportations en diversifiant ses sources d’approvisionnement. De plus, la faible production a entraîné une flambée des prix, mettant à mal le pouvoir d’achat des consommateurs.
Dans cette configuration, l’Espagne demeure un allié de poids. En 2022, quand le gouvernement marocain avait initié la première opération d’importation de 200.000 têtes de bovins prêtes à l’abattage, la péninsule ibérique a été le principal fournisseur. Une tendance qui s’est confirmée avec l’importation de viande fraîche.
Pour s’enquérir des opportunités que présente le marché national, une vingtaine d’entreprises espagnoles exportatrices de viande bovine se sont rendues à Casablanca pour participer à une rencontre avec les importateurs marocains.
L’évènement était organisé par Provacuno (l’organisation interprofessionnelle du bœuf d’Espagne) et le Bureau économique et commercial d’Espagne à Casablanca.
Une croissance significative des exportations
Le Maroc est devenu une destination stratégique pour les exportateurs espagnols de viande bovine. Les expéditions depuis la péninsule ibérique ont ainsi enregistré une augmentation de 50% l’année dernière. Selon des données officielles, les exportations espagnoles de viande bovine ont progressé de 4% entre janvier et novembre 2024, tandis que leur valeur a augmenté de 12%. Quant aux exportations d’animaux vivants, elles ont connu une hausse de 1%.
Ainsi, les estimations de l’organisation indiquent qu’en décembre, les exportations de viande bovine espagnole ont dépassé les 4.000 tonnes, portées en grande partie par la demande soutenue du marché marocain.
Cependant, face à une demande accrue à l’approche du mois de ramadan, la demande s’amplifie, ce qui favorise les importations pour subvenir aux besoins de la demande intérieure. Lors de cette rencontre, les exportateurs espagnols ont pu échanger avec les acheteurs marocains, consolidant ainsi les relations d’affaires entre les deux pays. L’événement a permis également de mettre en avant les atouts de la viande bovine espagnole.
Comment sauver les producteurs locaux ?
Rappelons qu’afin d’anticiper la croissance continue de la demande en viande et de juguler la flambée des prix, le Maroc a pris plusieurs mesures pour sécuriser son approvisionnement. Des incitations ont été accordées pour encourager l’investissement dans l’élevage local et moderniser les infrastructures de production et d’abattage. S’y ajoutent des exonérations fiscales au profit des importateurs.
Ces initiatives visent à garantir un équilibre entre l’importation et la production nationale, tout en maintenant des prix abordables pour les consommateurs.
Or, ce sujet continue de faire débat, car selon certains professionnels du secteur, cette démarche d’importation n’est pas appropriée au marché national. D’ailleurs, le constat est sans équivoque, les prix se sont maintenus au même niveau. Pire encore, ils risquent d’augmenter, le mois de ramadan étant une période de forte consommation, ce qui se répercute systématiquement sur les prix.
Pour certains, le problème est structurel. En fait, c’est au niveau des prix et non pas de la production que le bât blesse. La cherté s’expliquerait par un coût de production très élevé, d’où l’intérêt de soutenir l’amont, à savoir l’élevage auquel le soutien fait cruellement défaut. D’où la nécessité d’instaurer une loi sur l’élevage, ce qui permettrait de structurer la chaîne de valeur et de limiter les intermédiaires spéculateurs.
L’autre critique concerne le prix de vente de la viande importée qui est fixé à 80 dirhams alors qu’auprès des bouchers, ces prix ne sont pas pratiqués. Selon des spécialistes, des actions de contrôle ne seraient pas de trop !
Maryem Ouazzani / Les Inspirations ÉCO