Tourisme : le record des arrivées se confirme en octobre
L’année 2024 continue ses enchainements de records d’arrivées touristiques, poussant certains à se demander si les chiffres fièrement annoncés par le ministère du Tourisme sont réalistes. Analyse.
En à peine 10 mois, le Maroc a déjà réussi à attirer plus de touristes que lors de toute l’année 2023. C’est donc un nouveau record qui sera battu à la fin de l’année. Car selon la ministre du Tourisme, Fatima Zahra Ammor, le Maroc a accueilli 14,6 millions de touristes de janvier à octobre dernier, soit déjà plus que les 14,5 millions d’arrivées de l’année dernière, considérée elle-même comme une très belle année de reprise après la covid-19 et surtout, au lendemain du Mondial 2022 avec l’épopée des Lions de l’Atlas au Qatar. Cela dit, une question revient souvent à chaque publication des chiffres sur les performances du secteur touristique national : est-ce que les chiffres sont réellement bons ou réalistes ? Surtout que certains présidents de Conseils régionaux de tourisme (CRT), et même au niveau de la Confédération nationale du Tourisme (CNT), tout le monde n’est pas vraiment pressé de commenter les chiffres du gouvernement.
«Il n’y a aucun doute que ces chiffres reflètent l’état actuel du secteur et je ne vois aucune raison d’en douter. Lorsque le tourisme national traversait une mauvaise passe au lendemain de la covid, nul n’a hésité à donner les chiffres négatifs d’alors, pourquoi donc douter des bons résultats annoncés aujourd’hui», tranche Mohamed Said Tahiri, ancien directeur général de la CNT, et qui observe actuellement l’évolution du secteur avec sa liberté de ton habituelle.
«Je peux vous assurer d’une chose, les chiffres publiés par l’Observatoire nationale du Tourisme sont de bons chiffres, car cet Observatoire a prouvé sa crédibilité depuis plusieurs années», appuie-t-il.
Chiffres croisés
Justement, en parlant de cet Observatoire, ses chiffres sont habituellement publiés bien après ceux du ministère. En août dernier par exemple (dernières données disponibles sur son site), il faisait état d’une évolution positive du secteur, avec une hausse de 22% des arrivées aux postes frontières.
Pour sa part, le Département du tourisme se félicitait d’une hausse de 21% en juillet et août combinés. L’Observatoire, qui réalise ses données sur la base des déclarations faites par les professionnels, parlait, par exemple en août dernier, d’une hausse de 5% des nuitées dans les établissements d’hébergement touristique classés (EHTC), mais au sein de la tutelle, on met davantage l’accent sur les arrivées.
Justement «durant la période juillet-août, la région Souss-Massa a enregistré une progression de 8% des nuitées et 4% des arrivées aux EHTC. Le Nord, incluant Tanger, Assilah et Mdiq-Fnideq, a affiché une croissance de 12% des nuitées et 11% des arrivées. Marrakech, fidèle à sa notoriété, a également enregistré une hausse de 6% des nuitées et 8% des arrivées».
50% de taux d’occupation
Quoiqu’il en soit, une chose est sûre, le secteur touristique national se porte bien, même si le taux d’occupation n’est que de 50% selon les chiffres de l’Observatoire national du Tourisme. «Je pense plutôt que c’est ce type d’indicateurs qu’il ne faut pas oublier aussi, et cela doit nous pousser à davantage de persévérance», commente Said Tahiri. Autre élément important, il faut noter que la haute saison s’est poursuivi dans le Royaume à fin octobre, en raison d’un facteur déterminant qui a fait défaut durant l’été et qui a fait couler beaucoup d’encre.
«Ce que l’on observe, c’est qu’avec la fin de l’été, les opérateurs ont baissé les prix de façon considérable et cela a permis d’avoir un flux important. De même, les épisodes d’intempéries que traversent actuellement certains voisins ibériques poussent de nombreux autres touristes à venir chercher du soleil dans des destinations comme le Maroc», poursuit notre interlocuteur.
Enfin, la feuille de route 2023-2026 semble apparemment convenir au gouvernement et aux professionnels du tourisme, car les retombées actuelles sont naturellement à lier avec cette nouvelle stratégie.
Abdellah Benahmed / Les Inspirations ÉCO