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Projet de loi de Finances : l’École tient son rang, la Culture double la Justice

La hiérarchie des dix premiers budgets sectoriels n’a pas globalement été chamboulée, excepté le passage de la Santé au 4e rang et le ministère de la Jeunesse, Culture et Communication qui double la Justice !

L’exercice budgétaire 2025 ne déroge pas à la règle : l’École reste de loin le premier budget de la nation avec 87,65 milliards de dirhams (MMDH) de crédits inscrits dans le Projet de Loi de finances (PLF). Cela représente
11,6 MMDH de plus que l’exercice précédent  et les charges salariales engloutissent la moitié de ce budget.

Elles devraient continuer à enfler sous l’effet des réformes engagées (l’extension du concept d’école pionnière) et des revalorisations concédées lors du traditionnel round de «dialogue social» de fin avril, qui tourne en réalité à des négociations salariales. Les enseignants et le personnel administratif ont obtenu une augmentation de 1.500 dirhams nets, dont la deuxième tranche sera répercutée sur le bulletin de paie de janvier 2025.

L’abandon scolaire, défi majeur

En 2025, la poursuite de la mise en place de la feuille de route pour la réforme du système éducatif vise, entre autres, à accélérer la généralisation et l’amélioration de l’éducation préscolaire à l’horizon 2028, à élargir l’offre éducative à travers le système scolaire et à déployer à grande échelle le projet des écoles pionnières dès l’année scolaire 2024-2025, renforçant ainsi l’excellence et l’égalité des chances.

guerre contre l’abandon scolaire reste à gagner. Malgré les progrès indéniables, des insuffisances notables demeurent, notamment en termes de qualité et de performance, entravant ainsi la transformation sociale escomptée, concède le gouvernement dans la note de présentation du PLF.

L’abandon scolaire reste un défi majeur qui freine la réalisation des objectifs d’équité et d’inclusion même si les taux d’abandon scolaire ont reculé dans les trois cycles de l’enseignement. Ainsi, ces taux ont atteint 1,5% au primaire en 2022-2023, 8,5% au collège et 7,4% au secondaire qualifiant. À lui seul, le ministère de l’Éducation nationale capte 37,5% des dépenses du personnel de l’État en 2023, répartis entre salaires et cotisations sociales des fonctionnaires. Il est suivi par ordre décroissant de l’Intérieur (21,89%), la Santé et Protection sociale (12,35%), l’Enseignement supérieur (8,07%), l’Économie et Finances (2,94%), la Justice (2,93%) et les Affaires étrangères (2,4%).

Premier du top 10 des budgets sectoriels du public, l’Éducation nationale largue ses poursuivants loin derrière. Le deuxième, la Défense nationale, avec 59 MMDH, est à près de 28 milliards. Le ministère de l’Intérieur, autre poids lourd du secteur public, est doté de 44,94 MMDH, soit la moitié du budget consacré à l’école. En quatrième position, la Santé et Protection sociale bouscule la hiérarchie historique des priorités et gagne un rang. La couverture sanitaire universelle fait désormais de la Santé un poids lourd des politiques publiques.

Son budget a été revalorisé pour la sixième année consécutive, en passant à 32,58 MMDH. En vingt ans, le budget de la Santé a été multiplié par cinq. En 2005, l’État allouait «seulement» 6,2 MMDH à ce ministère.

L’eau laisse une empreinte indélébile
Le département de l’Agriculture, de la Pêche et du Développement rural passe à la cinquième position avec 20,3 MMDH de crédits budgétaires, juste un peu devant le ministère de l’Équipement et de l’Eau, doté de 19,31 MMDH. Une grosse partie de ces crédits reconduits, sera affectée à la construction de nouveaux barrages et à des infrastructures liées à l’eau, notamment les stations de dessalement.

Pour rappel, le stress hydrique structurel dans lequel est plongé le Royaume le rapproche un peu plus de la «pénurie absolue», soit moins de 500 m3 par personne et par an. La crise de l’eau marque clairement de son empreinte le PLF 2025. Le Plan national d’approvisionnement en eau potable et d’irrigation (PNAEPI) 2020-2027 prévoit des projets estimés à 143 MMDH.

Dans le volet concernant l’accroissement des ressources hydriques du pays, il est prévu de construire 153 grands barrages, ce qui implique une accélération sans précédent des mises en chantier sur trois ans, même s’il est fort probable que ce gigantesque programme ne soit pas achevé d’ici trente mois compte tenu des délais incompressibles liés aux études techniques et à la réglementation des marchés publics. Septième budget de la Nation, l’Enseignement supérieur a réussi à maintenir son enveloppe, 16,43 milliards, presque la même que celle décrochée en 2024.

L’enjeu est de faire mieux , voire plus avec le même budget car la pression démographique sur les campus ne faiblit pas. L’accroissement de l’effectif des nouveaux étudiants a atteint 5,6% en passant de 325.445 au titre de la rentrée universitaire 2023-2024 à 344.679 à la rentrée de septembre 2025.

De même, le taux de scolarisation post-baccalauréat pour la tranche d’âge 18-22 ans a atteint 46,6% en 2022 2023 contre 42,8% en 2020-2021, marquant une amélioration d’environ 4 pointsAu huitième rang du top 10 des budgets sectoriels, figure le ministère des Habous et des Affaires islamiques alors que le ministère de la Jeunesse, Culture et Communication ferme la marche avec 5,5 milliards de DH. Pour la première fois, il passe devant le ministère de la Justice.

Abashi Shamamba / Les Inspirations ÉCO



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