Edito. Lutte contre la fraude, mais encore ?
Depuis des années, des voix s’élèvent contre la fraude aux rendez-vous pour les visas Schengen, qui a transformé une procédure déjà complexe en un véritable casse-tête. Par résignation ou opportunisme, beaucoup ont dû faire appel à des réseaux mafieux qui prospèrent en vendant des créneaux à prix d’or.
Ce marché parallèle a fini par s’institutionnaliser, alimenté par la demande désespérée et les délais interminables. Aujourd’hui, l’opérateur en charge des demandes de visas Schengen pour la France a décidé de prendre des mesures radicales.
Le 18 septembre, il a lancé à Rabat, puis bientôt à Casablanca, un nouveau système de vérification d’identité par appel vidéo. Ce dispositif, présenté comme une réponse à la fraude, promet de rendre l’accès aux rendez-vous plus équitable pour les demandeurs légitimes. Mais est-ce bien la solution miracle ? Sur le principe, l’idée est séduisante : il s’agit d’identifier directement les demandeurs via un appel vidéo.
Cependant, n’oublions pas que l’appel vidéo exige une connexion Internet sans faille et une bonne maîtrise des outils numériques, ce qui pourrait bien exclure ceux qui ne sont pas à l’aise avec ces technologies.
D’autre part, cette mesure ne règle pas un problème de fond : le manque chronique de créneaux disponibles. Aussi efficace soit-il, ce système d’authentification ne suffira pas si l’offre de rendez-vous reste insuffisante face à la demande.
Les réseaux frauduleux trouveront toujours une brèche pour exploiter cette situation. En somme, si la lutte contre la fraude est nécessaire, il n’en demeure pas moins qu’au-delà des solutions techniques, un renforcement des infrastructures et un accès élargi aux rendez-vous restent de mise.
Meriem Allam / Les Inspirations ÉCO
