Santé : médecins et futurs médecins, mêmes maux mêmes symptômes ?
Les grèves s’enchaînent dans le secteur de la santé. Étudiants, infirmiers et médecins, tous font savoir leur mécontentement, malgré les sorties répétées des autorités pour apaiser les tensions.
Les hôpitaux étaient à l’arrêt, le mercredi 24 avril, à cause d’une énième grève de 48h lancée par les huit syndicats du secteur de la santé. La grève générale, qui ne concerne pas les services d’urgence et de réanimation, se poursuivra jusqu’au 25 avril. Mostafa Chennaoui, secrétaire général du Syndicat national de la santé (SNS), affilié à la Confédération démocratique du travail (CDT), qualifie cette grève de «réussite». Il se réjouit, dans une déclaration à Les Inspirations ÉCO que «la totalité des hôpitaux soient à l’arrêt» affirmant même que «pas moins de 90% des effectifs au sein des hôpitaux et des centres de santé se sont joints à cette grève».
Silence radio
Pourtant, un accord avait été trouvé avec le ministère de tutelle, fin janvier de l’année courante. Augmentation générale des salaires et des indemnités, ajout d’un grade supplémentaire ou encore nouveau statut pour les administrateurs, techniciens et assistants médicaux, la plupart des revendications des professionnels avaient trouvé réponse. Le seul bémol concernerait l’augmentation des salaires demandée dès cette année par les professionnels, mais qui n’a pas encore été exécutée.
«Depuis cette réunion, c’est silence radio, voilà pourquoi nous organisons cette grève», explique notre interlocuteur.
Concomitamment avec les médecins en activité, les étudiants en médecine poursuivent eux aussi le bras de fer avec le ministère de l’Enseignement supérieur. Le spectre de l’année blanche est pesant, hélas, malgré l’optimisme et la tentative d’apaisement du ministre de tutelle, Abdellatif Miraoui.
Devant la Commission parlementaire de l’enseignement, des affaires culturelles et sociales de la Chambre des conseillers, le ministre avait en effet appelé à la fin de la grève, la semaine dernière. Mais du côté des étudiants, on estime que les conditions n’ont pas encore été satisfaites.
«Malheureusement, il n’y a pas eu de vraies solutions, uniquement des réponses concernant quelques points», nous confie Yasser Derkaoui, président du Bureau des étudiants en médecine de Rabat, dissous il y moins d’un mois, et membre de la Commission nationale des étudiants en médecine, médecine dentaire et en pharmacie du Maroc (CNEM).
Réformes en attente
Le dossier revendicatif des étudiants peut se résumer en quatre grands axes, explique Derkaoui. D’abord, concernant les conditions de formation pratique et théorique, notamment l’augmentation des effectifs, qui crée un encombrement dans les amphithéâtres, mais aussi au niveau des terrains de stage. Le deuxième axe concerne la réforme pédagogique du cursus de spécialisation (troisième cycle).
«Le chantier a démarré en 2005, soit après 20 ans de réflexion. Voilà 10 ans que nous attendons des actions concrètes de la part des responsables», reproche l’étudiant.
Le troisième grand axe est celui des rémunérations. «Aujourd’hui, les étudiants en troisième, quatrième et cinquième année effectuent des stages en étant rémunérés à hauteur de 21 DH par jour», indique notre interlocuteur, soulignant qu’il s’agit «d’une rémunération infime», compte tenu de la charge de travail. Le quatrième axe n’est autre que celui de la réduction de la durée de formation de sept à six ans. «Nous maintenons notre refus de cette réforme, et ce, pour plusieurs raisons», confirme Derkaoui, pointant du doigt «le manque d’informations», à ce propos.
«Le fait que nous n’ayons toujours pas de réponses concrètes concernant les trois précédents axes rend la tâche difficile pour l’étudiant d’accepter une telle réforme. Plusieurs choses sont à revoir avant d’opérer ce changement», indique-t-il. Et d’ajouter : «nous espérons vraiment que le problème sera résolu. Auquel cas, nous sommes prêts à reprendre les cours dès demain. Et s’il faut sacrifier de notre temps personnel pour rattraper les cours, nous sommes prêts. Nous demandons seulement que soit garantie la qualité de nos études. Si les choses n’avancent pas, et que les étudiants le jugent utile, alors nous irons manifester à nouveau».
Faiza Rhoul / Les Inspirations ÉCO