Maroc

Amine Berrada Sounni : “Vers une contraction de la consommation” 

Amine Berrada Sounni
Président du groupe Omnipar
Le pouvoir d’achat des Marocains sera mis à rude épreuve. Certes, le chocolat ne représente pas un produit de première nécessité, mais l’augmentation imminente des prix dans les commerces ne manquera pas d’avoir une incidence sur la consommation. Avec l’explosion des cours du cacao à l’international, l’impact sur les industriels ne saurait tarder. 
Le prix du cacao continue de grimper sur le marché international. Quel est l’impact de cette hausse sur votre prix de revient ?
En effet, le prix du cacao est passé de 2.200 $ en janvier 2023 à 10.000 $ aujourd’hui, avec une accélération depuis le début de l’année. Cette augmentation aura évidemment un impact sur le marché. Et cela ne représente que l’augmentation du prix de la fève de cacao. Pour ce qui est des sous-produits comme le beurre de cacao, la poudre et la pâte de cacao, ils sont annoncés à quatre fois leur prix actuel, ce qui va impacter l’industrie qui importe lesdits produits en tant que matières premières. Ceci va engendrer une augmentation spectaculaire des prix des produits finis (jusqu’à quatre fois le prix actuel). Et compte tenu du pouvoir d’achat, il est impossible de répercuter sur le marché marocain, donc il y aura une destruction de la demande.
En tant qu’industriel, comment vous adaptez-vous à cette situation. Peut-on s’attendre à une hausse des prix du chocolat dans les commerces, et à partir de quand ?
Il y a deux enjeux majeurs, d’abord, les augmentations de prix résultant de la combinaison de la baisse du poids net (Shrinkflation) et de l’augmentation des prix, puis le manque de disponibilité de matières premières. Certaines usines dans le monde peuvent même être complètement arrêtées en raison de la pénurie de matières premières.
Chez Aiguebelle, nous nous engageons à garantir l’accès à la matière première, mais nous devons suivre la tendance. Nous prévoyons des augmentations de prix importantes à partir du deuxième semestre 2024. Les cours devraient rester élevés, avec une multiplication des prix du chocolat par trois pour correspondre à l’augmentation de quatre fois du cours de la matière première, ce qui représente un nouveau paradigme. Nous ne prévoyons pas un retour aux cours initiaux en 2025, en raison notamment du réchauffement climatique qui pose un réel défi en termes de production.
Comment évolue le secteur de la chocolaterie au Maroc, étant donné que la consommation reste modeste par rapport à certains pays?
Au Maroc, nous anticipons une contraction importante de la consommation de chocolat en raison du pouvoir d’achat. Donc, des mesures comme la baisse de grammage combinée à des augmentations mais pas avec la totalité de l’impact des augmentations de la matière première. Nous allons garantir de rester sur le marché, ce qui n’est pas le cas pour les petites industries dans le monde entier.
Maryem Ouazzani / Les Inspirations ÉCO


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