Éco-BusinessTable ronde

Verdissement des processus : nécessité de lever les contraintes pour passer à l’action

Passer à l’action de verdissement des processus implique la facilitation et la massification de l’accès au capital-investissement, des modifications réglementaires et des formations spécifiques pour maîtriser les projets de développement durable. Zoom !

En dépit de la disponibilité des financements et du vivier d’experts pour le conseil et l’accompagnement des initiatives de verdissement des processus, il reste des contraintes à lever pour passer à l’action. La Commission amorçage de l’Association marocaine des investisseurs en capital (AMIC) a identifié plusieurs de ces contraintes. Tout d’abord, l’accès au capital-investissement doit être facilité et massifié. Il est également nécessaire d’apporter des modifications réglementaires pour permettre aux start-ups de se déployer plus rapidement. Il est important de souligner l’importance de la formation et de l’enseignement pour soutenir le développement des secteurs stratégiques tels que les GreenTech, Fintech et Agritech.

Des écosystèmes pourraient être développés autour des universités et des organismes comme l’UM6P et l’OCP, mais cela nécessiterait des formations spécifiques pour que les start-uppeurs puissent maîtriser leurs projets. «Ces formations seraient essentielles pour que les start-uppeurs puissent maîtriser leurs projets et ainsi permettre le développement des écosystèmes autour de l’UM6P, de l’OCP et de Masen», souligne Tarik Haddi, directeur général du Fonds d’investissement Azur partner. Ainsi, l’OCP et Masen pourraient bénéficier du développement de ces écosystèmes.

L’innovation, la rentabilité et le timing réglementaire
Au-delà de l’OCP, l’UM6P et Masen, des pans entiers du tissu productif pourraient bénéficier du savoir-faire de compétences pointues dans les nouvelles technologies. Exemple dans le recyclage des déchets, un domaine en constante évolution avec de nombreuses innovations.

Malheureusement, de nombreuses entreprises qui génèrent des déchets ne savent pas quoi en faire, et personne ne les gère ni ne les valorise. Cela représente une opportunité importante, avec de nombreux métiers à la clé. Il existe de nombreuses success-stories, telles que celle de MAScIR, qui a développé des projets de recyclage de déchets de crevettes, ayant abouti à une usine qui fabrique des plastiques alimentaires recyclés et biodégradables. Ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres, car il existe de nombreuses possibilités et les financements sont disponibles. Comme cela a été souligné, tous les outils nécessaires sont déjà en place.

Cependant, il y a encore des volets réglementaires, en particulier dans le domaine de l’énergie, qui doivent être améliorés. Heureusement, ces réglementations sont en cours d’évolution, car il est important de permettre aux investisseurs de contribuer à la transition vers une économie plus durable. Il faut également souligner que le développement durable est avant tout une question de rentabilité économique.

Sans cette dimension, il sera difficile de mettre en place des initiatives en la matière qui soient viables à long terme. Bien sûr, il est tout aussi important de prendre en compte les volets sociaux et environnementaux, mais tous ces aspects doivent être intégrés de manière cohérente. Dans ce contexte, il y a lieu travailler au niveau territorial pour accompagner les différentes filières dans leur transition. Les clusters, avec la présence de petites et moyennes entreprises et de start-ups, sont un excellent moyen de favoriser le développement de la transition énergétique et de l’économie verte.

La formation et l’innovation pour le développement des secteurs stratégiques
Il est nécessaire d’intégrer la notion de vert dans les cursus de formation en management et autres, afin que cette nouvelle donne soit comprise et intégrée dans le monde économique. Pour Tarik Haddi, «cela nécessite une formation et une éducation adéquates, ainsi que l’accès à des laboratoires de recherche sur les Green tech et les énergies renouvelables dans le cadre de partenariats entre le Maroc et ses partenaires».

De plus, afin de maximiser l’impact des initiatives en matière de développement vert, il est important que l’État et les institutions de financement se concentrent sur les clusters et incubateurs les plus performants, et mettent en place des systèmes d’évaluation pour accompagner les start-ups. Enfin, «les sunset clauses sont essentielles pour que l’État puisse arrêter de soutenir les structures d’accompagnement qui ne réalisent pas leurs objectifs», souligne le dirigeant du Fonds d’investissement Azur partner.

De plus, afin d’améliorer les performances des start-ups les plus compétitives, il est nécessaire de leur offrir un soutien pour adapter leur modèle commercial et renforcer leurs capacités. La formation est également un élément essentiel qui doit être intégré dans tous les plans de développement durable. Les OFPPT proposent des filières spécialisées dans l’environnement et les énergies renouvelables, de même que les IFMEREE. Les entreprises et les organisations doivent aussi s’engagent à former et à renforcer leurs employés et leurs collaborateurs afin de pouvoir profiter pleinement des avantages offerts par ces filières. Enfin, il est essentiel de sensibiliser et d’éduquer les jeunes générations à la nécessité de la transition énergétique et de l’économie verte. En effet, ces questions nécessitent une prise de conscience précoce et une volonté de s’engager dans des pratiques plus respectueuses de l’environnement. L’éducation et la formation doivent être adaptées pour répondre aux défis et opportunités de la transition énergétique.

Fatima Zahra Khalifa
Directrice générale du Cluster ENR

 

«Avant, on était Cluster solaire, aujourd’hui on est ENR. Ça démontre justement l’importance d’être sur une démarche intégrée multi-technologies pour pouvoir répondre aux nouvelles exigences et enjeux mondiaux. Mais ce qui est intéressant aussi, c’est que suite à l’élargissement de notre champ d’action, on ne s’est pas uniquement élargi en termes de filières. On est passé du solaire à l’éolien, au déchet, à l’eau… Mais on a aussi intégré une nouvelle catégorie, qui est très importante : le financement de la transition, qui concerne les banques et institutions de financement.

Aujourd’hui, dans notre conseil d’administration, on a deux banques qui y siègent. On a aussi Tamwilcom, qui est présent dans notre comité scientifique. On ne peut plus aller tout seul dans cette démarche de transition, mais tous ensemble, chacun avec ce qu’il peut apporter. Et ce qui est important à souligner, c’est que ce n’est plus du tout un secteur d’experts ou dominé par une certaine catégorie de structures. C’est vraiment ouvert à tous ! Aujourd’hui, même la société civile cherche à contribuer, à comprendre et à intervenir à son niveau. Le cluster ENR aujourd’hui, avec cette évolution, suit la maturité du secteur et répond à ces nouveaux enjeux».

Modeste Kouamé / Les Inspirations ÉCO



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