Maroc

Égalité des genres : la femme, voie d’une relance économique

Si la thématique de l’égalité des genres s’est fortement imposée récemment au Maroc, à travers les nombreuses initiatives manœuvrées, il n’en est pas de même pour ce qui est du financement durable et inclusif pour l’égalité de genre. Afin de relever les obstacles et leviers de cette cause, une conférence rassemblant plusieurs acteurs engagées a été tenue à Casablanca.

Bien que plusieurs progrès et réformes aient été réalisés, les indicateurs liés à la situation des femmes marocaines restent tout de même préoccupants, du fait de nombreux facteurs, aggravés par la crise sanitaire et les mesures associées.

Aujourd’hui, il n’est plus à démontrer que l’accès des femmes à l’activité économique est un enjeu de développement permettant d’améliorer, d’une part, la compétitivité économique, et, d’autre part, les indicateurs de développement humain du pays.

En ce sens, et en alignement avec les orientations du Nouveau modèle de développement du Royaume, le ministère de l’Économie et des finances, en partenariat avec l’Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes – ONU Femmes, a initié une réflexion auprès de décideurs de l’écosystème financier et de chef(fe)s d’entreprises sur le financement de l’égalité. Une conférence internationale sur le «Financement durable et inclusif pour l’égalité de genre» s’est tenue à Casablanca. Une démarche qui a abouti à la signature d’une convention cadre relative au financement durable et inclusif pour l’égalité de genre.

Women In Business
Plusieurs programmes ont été lancés par le gouvernement en vue d’atteindre un taux d’activité économique des femmes de 30%, avec 22 à 39% de gain du PIB national. On en retient 10.000 projets ciblés par an grâce au programme Forsa, 250.000 emplois prévus sur 2 ans avec le programme Awrach et un volume de 1.958 MDH de prêts garantis par Ilayki de Tamwilcom.

Selon un diagnostic national sur le financement de l’égalité des genres, plusieurs initiatives de financement orienté genre ont été testées au Maroc et ont connu un franc succès. Il s’agit de produits bancaires déployés au profit des femmes entrepreneures, dont l’un pilote, lancé en 2018 avec deux banques, qui comprend une ligne de crédit allant jusqu’à 1M d’euros avec l’accompagnement et le coaching de la femme entrepreneure.

Les résultats sont certes concluants, mais il n’en demeure pas moins vrai que peu de produits de financement orienté genre ont été déployés sur la place financière. Preuve à l’appui, seulement 17% de femmes ont un compte bancaire, le chiffre est alarmant. Est cité également le programme Ilayki, une solution de garantie lancée en 2013 avec un double enjeu entrepreneures, qui vise à encourager et promouvoir l’entrepreneuriat féminin, et faciliter le financement des projets par les femmes. Résultat, 17.000 TPE bénéficiaires des crédits garantis par les solutions Tamwilcom avec des montants de garantie de 1.586 MDH, et un volume de 1.958 MDH de prêts garantis.

Pour Hicham Zanati Serghini, directeur général de Tamwilcom, intervenant lors de la conférence, un changement global s’impose et «ce ne sont pas les solutions de financement qui vont changer la donne». Et de souligner que dans les associations de micro-crédit, les femmes sont présentes au même niveau que les hommes. Toujours selon le diagnostic national, bien que les bénéficiaires de ces initiatives soient principalement des femmes entrepreneures, il réside tout de même trois problématiques, à savoir la définition de l’entrepreneuriat féminin qui est loin d’être commune et partagée. Les constats révèlent que près de 2/3 des DG et directeurs des risques interviewés au sein des institutions financières ont une définition liée à l’actionnariat.

Pour 2/3 des femmes entrepreneures interrogées, une définition plus complète intégrant l’actionnariat et le poids dans la gestion doit être adoptée. On compte également l’absence de data genre au sein des institutions financières qui limite la mesure de la profondeur du marché et une perception claire des besoins. En effet, 2/3 des banques interrogées déclarent que les données relatives au financement des entreprises portées par les femmes n’existent pas. 1/3 des banques déclarent que ces données existent mais ne sont pas traitées. Des irrégularités qui ont poussé Bank Al-Maghrib à lancer des initiatives pour encourager l’adoption de la donnée genrée au sein des banques.

Ainsi, une définition de référence a été adoptée en 2013, et ce, à travers la définition de critères communs pour l’identification du ‘’genre’’ dans les entreprises, ainsi que l’obligation de reporting de BAM suite à la récente recommandation de mai 2022. Et, en dernier lieu, la signature d’un mémorandum d’entente entre BAM et IFC pour améliorer l’information disponible.

«Les droits et l’autonomisation est aujourd’hui une priorité dans le Royaume, et cette étape nécessite une démarche participative de toutes les parties prenantes», a déclaré Aawatif Hayar, ministre de la Solidarité, de l’insertion sociale et de la famille.

La ministre a par ailleurs fait état des initiatives menées en ce sens par son département, dont notamment le lancement de la plateforme numérique du programme «Jisr pour l’autonomisation et le leadership», visant à faciliter l’autonomisation des femmes dans la région de l’Oriental, ainsi que la création du Comité national pour l’égalité des genres et la promotion de la femme. Sans compter l’ouverture de structures sociales de proximité pour fournir des services aux femmes en situation difficile.

Et d’ajouter: «Si on veut parvenir à un taux d’inclusion de 30% d’ici 2026, il va falloir offrir une employabilité dont le montant s’élève à 1,4 MDH. Hayar n’a pas manqué de souligner les progrès pour s’approcher de l’égalité en évoquant la représentation féminine dans les administrations publiques, qui est passée entre 2012 et 2021, de 37,6% à 42% au niveau de l’emploi dans le secteur public et de 10,38% à 17,52% pour les hautes fonctions de gestion, et de 16,21% à 25% pour les fonctions de responsabilité.

D’autre part, selon Imane Belmaati, directrice des prestations à l’entrepreneuriat et de la TPE au ministère de l’inclusion économique, de la petite entreprise et des compétences, le mot clé pour la réussite de ce volet serait l’importance du financement durable et inclusif. Elle a également indiqué la nécessité de répondre aux besoins des populations les plus vulnérables et d’innover en matière d’instruments financiers, en insistant sur la mobilisation des différents acteurs, et ce, en partant des territoires, des régions, des zones urbaines ainsi que rurales. En conclusion, les panélistes présents insistent sur l’importance de l’accompagnement des femmes entrepreneures, sur la nécessité d’identifier les besoins, et surtout, sur la complémentarité entre les acteurs engagés.

Kenza Aziouzi / Les Inspirations ÉCO


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