Crédit bancaire : les concours au secteur privé ralentissent
En rythme annuel, la croissance des encours des crédits au secteur privé a ralenti passant de 4% en janvier à 3,8% en février selon les statistiques de Bank Al-Maghrib. Le ralentissement des prêts aux ménages n’a été que partiellement compensée par la légère accélération des concours aux entreprises. La flambée des prix des matières premières et des coûts logistiques exacerbée par la guerre en Ukraine met de nouveau la trésorerie des entreprises à rude épreuve.
Le retour remarqué de l’inflation ne sera pas neutre sur le couple banque/client. Même si une grosse partie du choc sur le pouvoir d’achat est absorbée par la Caisse de compensation, les fins de mois bien plus difficiles pour certains ménages pourraient accroître les demandes de facilité de caisse ou encore de dépassement de découvert. L’encours des comptes débiteurs dépassaient 24 milliards de DH à fin février en hausse de 2,8% sur deux mois et de 9% sur un an. Quant au crédit à la consommation, sa croissance est demeurée stable à 2,9% en février sur un an à 55 milliards de DH.
«La consommation des ménages devrait maintenir une tendance positive, bénéficiant du comportement globalement favorable des principaux baromètres des revenus dont les subventions des prix des produits de base, le crédit à la consommation et les transferts des MRE», estime la DEPF.
Les transferts des MRE atteindraient 79 milliards de DH en 2022 selon les prévisions de Bank Al-Maghrib. En ce début d’année, l’investissement des ménages sous forme d’acquisition de logement se maintient avec une croissance de l’encours des prêts à l’habitat de 4,4% en février en glissement annuel. Par contre, le rythme a légèrement décéléré par rapport à janvier où la croissance ressortait à 4,9%. L’activité continue de profiter d’un contexte de taux d’intérêt et de prix relativement favorable. Mais, des nuages pointent à l’horizon.
La probabilité d’une remontée des taux de référence qui n’est pas totalement à exclure et la flambée des prix des matériaux de construction pourraient affecter le comportement du crédit à l’habitat. «Les prix des nouveaux logements pourraient augmenter de 20 à 30% si l’inflation des matériaux de construction perdure», prévient un promoteur immobilier.
Le crédit aux entreprises se maintient
Les concours des banques aux entreprises non financières privées ont totalisé 404 milliards de DH à fin février en hausse de 3,8% sur un an contre 3,6% en janvier. La croissance est tirée par les crédits de trésorerie dont le rythme de progression a accéléré de 6,2% en janvier en glissement annuel à 6,7% en février. La flambée des prix des matières premières et des coûts logistiques exacerbée par la guerre en Ukraine met de nouveau la trésorerie des entreprises à rude épreuve.
Ce contexte a amené le gouvernement à prendre de nouvelles mesures pour leur venir en aide. Il s’agit du relèvement du plafond d’engagement de garantie de Tamwilcom par opération et sur une même entreprise à respectivement 15 millions et 30 millions de DH. Cet ajustement va permettre aux entreprises de couvrir des financements jusqu’à 50 millions de DH contre 33 millions de DH auparavant. Par ailleurs, les banques vont procéder au rééchelonnement des crédits Covid afin de soulager les entreprises.
Les incertitudes entourant les perspectives économiques plombent un peu le moral des chefs d’entreprises. Le rythme de croissance du crédit à l’équipement a décéléré entre janvier et février, passant de 3,7% à 3%. Le contexte entraîne aussi une hausse de la sinistralité, les créances en souffrance affichant une hausse de 8,9% à fin février sur un an contre 3,3% en janvier.
Frank Fagnon / Les Inspirations ÉCO