Voici les conséquences du retard des pluies au Maroc (Infographie)
A cause de l’absence persistante de pluies, qui a drastiquement amoindri le niveau de remplissage des bassins hydrauliques de Moulouya, Oum Er Rbia, Tensift et Guir-Ziz-Rheris, les populations qui habitent dans les agglomérations alimentées par ces bassins seraient sous la menace de manquer d’eau potable dans les semaines et mois à venir. Comment le département de l’Équipement et de l’eau est organisé pour faire face à cette situation tendue ? Nizar Baraka s’explique.
La situation hydrique est de plus en plus tendue dans le Royaume. En effet, à cause de l’absence persistante de pluies, qui a amoindri le niveau de remplissage des bassins hydrauliques, certaines populations seraient même sous la menace de manquer d’eau potable dans les prochains mois. C’est, entre autres, ce qui ressort de l’exposé présenté, mardi, par Nizar Baraka, ministre de l’Équipement et de l’eau, devant la Commission des infrastructures, de l’énergie, des mines et de l’environnement à la Chambre des représentants sur «le stress hydrique et les mesures d’urgence pour l’alimentation en eau». Le ministre a, en effet, indiqué, que les retenues des barrages du Royaume ont atteint, à fin février dernier, environ 5,3 milliards de m3, soit un taux de remplissage de l’ordre de 32,7% contre 49,1% à la même période l’année dernière. C’est somme toute inquiétant ! Malgré tout, il a assuré que ces retenues permettront d’alimenter dans des conditions normales toutes les grandes villes, à l’exception des agglomérations urbaines relevant des bassins hydrauliques de la Moulouya (Nador, Figuig, Jerada, Oujda, Berkane et Taourirt), d’Oum Er Rbia (Béni Mellal, Khouribga, Azilal, El jadida, Khénifra), du Tensift (Marrakech, Kelâat Sraghna et Safi) et de Guir-Ziz-Rheris (Errachidia, Midelt, Zagora et Tinghir). Selon lui, ces villes pourraient connaître certaines difficultés au niveau de leur approvisionnement en raison des très faibles retenues des barrages basés dans les bassins dont elles relèvent pour leur alimentation en eau potable.
Les barrages qui les alimentent ont entre 20 et 30% de remplissage
Les bassins hydrauliques du Moulouya, du Tensift et d’Oum Er Rbia sont sévèrement touchés. Leur taux de remplissage actuel se situe entre 20% et 30% maximum. Pendant ce temps, celui de Guir-Ziz-Rheris, lui, ne revendique qu’un taux de remplissage de 30 à 40% (voir infographie). Pour faire face à cette situation, le ministre a déclaré que plusieurs conventions sont en cours d’élaboration avec l’ensemble des intervenants en vue de mettre en œuvre une batterie de mesures d’urgence visant à assurer sans rupture l’alimentation en eau potable de toutes les zones relevant de ces bassins. Une enveloppe de 2,42 milliards de dirhams est notamment consacrée à cet effet, dont 1,318 MMDH pour le bassin de la Moulouya, 202 MDH pour l’Oum Er Rbia et 522 MDH pour le Tensift. S’agissant des autres régions qui sont actuellement confrontées à une situation hydrique difficile ou le seraient à l’avenir, Baraka a souligné que son département a pris une batterie de mesures urgentes pour garantir leur alimentation en eau potable, en coordination avec l’ensemble des intervenants. Le ministre a cité la mise en place de cellules de veille dans toutes les provinces et préfectures affectées par une pénurie en eau, l’accélération des travaux d’alimentation des centres ruraux et douars grâce à un système hydrique durable inscrit dans le cadre du Programme national d’approvisionnement en eau potable et d’irrigation 2020-2027, ainsi que le renforcement des opérations de prospection des nappes à travers la réalisation de forages destinés à l’exploitation des eaux souterraines, outre l’économie en eau et la lutte contre les déperditions, notamment dans les réseaux de drainage et de distribution.
Une enveloppe de 2,42 milliards est débloquée
Baraka a également évoqué l’organisation de campagnes de sensibilisation d’envergure pour une gestion rationnelle des ressources hydriques, l’alimentation en eau des centres ruraux et douars reculés touchés par le stress hydrique grâce à des tournées de camions citernes, et ce, dans le cadre du programme national de réduction des disparités territoriales et sociales, ceci sans oublier le recours en cas de disponibilité aux eaux usées traitées dans l’irrigation des espaces verts en lieu et place de l’eau potable. Concernant l’alimentation en eau potable du monde rural, le ministre a indiqué que le Programme national d’approvisionnement en eau potable et d’irrigation 2020-2027 prévoit un volet spécial en faveur du renforcement de ce chantier, doté d’une enveloppe budgétaire d’environ 27 MMDH. «Ce volet vise à généraliser l’accès à l’eau potable en milieu rural à travers des projets structurants et la lutte contre les précarités dans certaines régions, surtout dans les années de disette. Ces projets sont actuellement en accélération dans 820 centres ruraux et plus de 18.000 douars», a noté Baraka. Intervenant à la suite de son ministre de tutelle, le directeur général de l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE), Abderrahim El Hafidi, a présenté un exposé sur l’état d’alimentation en eau potable prévu cet été et les réalisations de l’office dans le domaine de l’eau potable. Sur le premier point, le patron de l’ONEE a déclaré que les sociétés chargées de la gestion déléguée dans les grandes villes seront approvisionnées d’une manière régulière et durable, à l’exception des villes d’Oujda et de Marrakech qui pourraient faire face à un certain déficit à cause de la faiblesse du volume en ressources hydriques superficielles. Sur l’autre, il a annoncé la construction de 92 stations de traitement d’eau, dont 8 réservées au dessalement de l’eau de mer et 11 spécialisées dans la déminéralisation des eaux saumâtres, ainsi que le creusement de 1.800 forages et puits.
Ci-dessous, une infographie montrant les conséquences du retard des pluies sur les réserves en eau, les agglomérations menacées ainsi que les déficits pluviométriques :
Aziz Diouf / Les Inspirations ÉCO