Retard des pluies au Maroc : les impacts sur la croissance économique
Après l’appel du Souverain, les prières rogatoires, récitées à l’issue des cinq prières quotidiennes, se sont multipliées et s’étendent désormais à tout le territoire national. Mais, jusqu’à présent, les pluies manquent encore à l’appel et le spectre d’une mauvaise campagne agricole, avec ses lots de désagréments, plane et se fait de plus en plus menaçant. Les impacts sur la croissance économique.
Depuis plus d’un mois, il ne se passe pas une journée sans que l’on n’implore pas Dieu pour qu’il fasse tomber la pluie dans le Royaume. Après l’appel du Souverain, les prières rogatoires, récitées à l’issue des cinq prières quotidiennes, se sont même multipliées et s’étendent désormais à tout le territoire national. Mais, jusqu’à présent, les pluies manquent encore à l’appel et le spectre d’une mauvaise campagne agricole, avec ses lots de désagréments, plane et se fait de plus en plus menaçant. Certes, le scénario de décélération de la croissance économique à 2,9% à la fin de l’année en cours reste encore de mise. Mais, il pourrait se trouver contrarié par le retard important constaté en matière de pluviométrie, notamment entre décembre, janvier et ces 10 premiers jours de février. En effet, si cette situation perdure à fin mars, elle impacterait fortement la récolte céréalière initialement attendue à 72 millions de quintaux et, de facto, dégraderait encore davantage la contribution négative projetée de la valeur ajoutée agricole au PIB
Le scénario d’une mauvaise campagne agricole plane
Ainsi, les activités agricoles afficheraient une forte inflexion à la baisse au premier trimestre 2022, après avoir été particulièrement dynamiques en 2021. Les performances des filières végétales seraient affectées par une pluviométrie automnale en dessous d’une saison normale. Toutefois, la production animale poursuivrait son évolution positive, mais à un rythme plus modéré grâce, notamment, au développement des activités avicoles. Dans ce contexte, même les prévisions du HCP seraient à reconsidérer. En effet, selon l’équipe de Lahlimi, la valeur ajoutée agricole baisserait déjà de 4,5% au premier trimestre 2022, sous l’hypothèse d’une récolte céréalière en dessous de la moyenne quinquennale d’environ 9%. La croissance, elle, se situerait à 2,8% au 1er trimestre 2022. Elle serait portée par trois principaux facteurs. D’abord par l’accroissement de 3,4% de la valeur ajoutée hors agriculture. Dans le secteur tertiaire, l’activité poursuivrait son amélioration dans les services marchands, notamment le commerce et le transport. Et dans l’ensemble, le secteur tertiaire contribuerait pour +1,6 point à l’évolution du PIB. De même, dans le secteur secondaire, les activités industrielles et de construction poursuivraient leur amélioration amorcée depuis le deuxième trimestre 2021.
Une hausse de l’inflation menace aussi
Ensuite, le second secteur qui porterait cette croissance est la demande intérieure nationale. Selon le HCP, cette dernière poursuivrait son accroissement au début de l’année 2022, avec cependant un rythme en légère décélération notamment au niveau des dépenses des ménages, chahutées par la hausse de l’inflation. Les dépenses publiques poursuivraient, quant à elles, leur tendance haussière, situant la hausse de la consommation publique à 4,5%, en variation annuelle. L’investissement brut progresserait, lui, au rythme de 7,8%, tiré par la bonne orientation de l’investissement en biens d’équipement industriel et de BTP. Enfin, comme troisième facteur dynamisant, le HCP pointe la demande mondiale adressée au Maroc, qui augmenterait de 2,4%, en variation annuelle, au premier trimestre de 2022. Le commerce mondial de biens continuerait à s’améliorer, tiré par les échanges commerciaux des économies avancées et émergentes, mais dont la dynamique s’atténuerait légèrement après l’ajustement mécanique haussier de 2021.
Parallèlement, signalons que le marché boursier a démarré l’année sur les chapeaux de roues avec des hausses de +3,93% pour le MASI et de +4,26% pour le MSI 20 profitant de l’anticipation toujours favorable des investisseurs quant à l’orientation des réalisations 2021 des sociétés cotées ainsi que l’arbitrage toujours favorable pour l’action, amenant les institutionnels locaux à renforcer leurs positions dessus. Ceci étant, rappelons-le, si le manque de pluviométrie persiste encore, on pourrait être amené à revoir à la baisse dans les mois prochains toutes ces estimations de croissance économique pour les rapprocher du pire scenario, également conditionné par l’évolution de la situation sanitaire, l’ampleur des mesures de restriction de déplacement et d’activité mises en place et les éventuelles politiques économiques de soutien.
Aziz Diouf / Les Inspirations ÉCO