Élections. Benchmark des engagements économiques
La date des élections, prévues le 8 septembre, avance à grands pas. Il ne reste plus qu’une poignée de jours pour la tenue des législatives, régionales et communales, trois scrutins qui décideront du futur gouvernement. Dans ce cadre, les différentes formations politiques ont rendu publics leurs programmes électoraux. Mais que retenir des visions économiques que nous proposent les cinq principaux partis, à savoir le PJD, le RNI, l’Istiqlal, le PAM et le PPS ? Que nous offrent les partis politiques pour le renouveau économique et la relance post-Covid ?
Une première ! Près de 18 millions de Marocains, dont 46% de femmes, sont appelés à voter le même jour pour élire les 395 députés de la Chambre des représentants et plus de 31.000 élus communaux et régionaux.
En effet, c’est la première fois au Maroc que les élections législatives, régionales et communales se tiennent le même jour. La décision que prendront les Marocains à cette occasion aura un impact certain sur le paysage politique à la fois sur les plans communal, régional et parlementaire.
Les enjeux sont donc cruciaux. Les scrutins du 8 septembre prochain seront également exceptionnels, au vu des défis auxquels fait face le Maroc, notamment ceux consécutifs à la pandémie et à ses répercussions économiques et sociales.
En plus du défi de la mise en œuvre du Nouveau modèle de développement (NMD), de la généralisation de la protection sociale, de la réduction des disparités spatiales et sociales, de l’orientation de l’économie nationale vers une économie du savoir, la promotion de la bonne gouvernance, le rétablissement de la confiance des citoyens et la consolidation de la démocratie.
Grosso modo, les aspirations des citoyens s’articulent autour de l’édification d’une économie inclusive, gage d’une équité sociale et territoriale, plus de protection sociale, ainsi que la mise en place de services de santé et d’un enseignement de qualité.
Une économie plus solidaire et plus forte
Avec des programmes électoraux qui font la part belle aux enjeux à caractère économique, les différentes formations politiques, toutes idéologies confondues, font des mains et des pieds pour convaincre leurs électeurs en quête d’un renouveau économique, au lendemain d’une double crise pandémique et économique.
Dans leur ensemble, les défis que la majorité des partis politiques sont unanimes à relever sont la stimulation de l’emploi, particulièrement chez les jeunes, l’amélioration du pouvoir d’achat des citoyens et la préservation de la dignité des personnes âgées et démunies.
Le renforcement de l’industrie nationale et de l’attractivité du royaume, figurent parmi les actions phares annoncées par les partis politiques pour le prochain rendez-vous électoral, dans l’optique d’asseoir les jalons d’une économie plus solidaire et plus forte.
L’emploi au centre des politiques publiques
À l’image de la majorité des autres partis, le Rassemblement national des indépendants (RNI) ambitionne de redynamiser l’emploi. A cet effet, le parti de la colombe parie sur une «relance immédiate» de la machine de l’emploi pour faire face à l’impact de la crise.
Les Indépendants misent, en effet, sur l’amorçage d’une relance économique post-covid à travers la création d’un million d’emplois directs. Même son de cloche chez le Parti de la justice et du développement (PJD) qui se présente aux élections législatives de 2021 avec un programme misant sur l’exploitation de nouvelles sources de croissance pour renforcer la compétitivité de l’économie nationale.
Concernant l’emploi, le parti de la lampe se fixe un objectif annuel de 160.000 nouveaux emplois et un taux de chômage inférieur à 9%.
Pour le Parti du progrès et du socialisme (PPS), l’enjeu est de bâtir une économie «forte» au service du développement et de la souveraineté.
Pour ce faire, la question de l’emploi a été placée au centre des politiques publiques dans la perspective de retrouver la situation d’avant-crise dans un délai ne dépassant pas 2022.
Garantir la dignité des citoyens, une priorité !
L’offre des partis pour les prochaines échéances inclut des propositions en faveur de la préservation de la dignité des citoyens et de l’amélioration du pouvoir d’achat. Ainsi, le Parti authenticité et modernité (PAM) s’engage pour un accès à un logement décent garantissant l’inclusion et la dignité des citoyens, pour tous.
A cet effet, il propose notamment l’octroi de nouvelles aides aux familles vivant dans des logements menaçant ruine.
En guise d’amélioration du pouvoir d’achat, le parti préconise, entre autres, de relever le seuil des revenus exonérés de la contribution de solidarité, actuellement de 30.000 DH, pour la porter à 36.000 DH.
De même, le PAM ambitionne de préserver la dignité des personnes âgées sans revenus, en proposant, à cet effet, un «revenu minimum de dignité» équivalent à 50% du SMIG pour les personnes en âge de retraite, en sus d’une garantie AMO.
Pour sa part, le RNI entend soutenir le monde rural et faire accéder 400.000 ménages ruraux à la classe moyenne, outre la garantie de l’accès à la protection sociale et à l’assurance agricole.
De son côté, le parti de la balance s’engage à mettre en œuvre une protection sociale globale avec une gratuité des soins pour les femmes enceintes, les enfants, les personnes âgées et en situation de handicap, ainsi qu’une couverture globale pour toutes les maladies chroniques.
Il s’agira également de «sortir un million de familles de la pauvreté et de la précarité à travers un accompagnement annuel de 200.000 d’entre elles».
Le PPS entend, quant à lui, assurer une réforme du régime de retraite par la promulgation d’une loi-cadre fixant les règles et l’agenda d’une réforme globale, et ce, dans une démarche volontariste garantissant l’élargissement du champ de couverture des pensions de retraite ou encore la refonte de la Caisse marocaine des retraites (CMR) et du Régime collectif d’allocation de retraite (RCAR).
Préparer le Maroc de demain
En prélude aux élections du 8 septembre, chaque formation politique a livré sa vision pour le Maroc de demain en proposant des transformations profondes pour esquisser un renouveau économique tel que souhaité par les Marocains.
Les suggestions en matière de fiscalité sont ainsi énoncées par la quasi-majorité des partis, à l’instar de l’adoption d’un système fiscal plus équitable, favorable au développement économique, l’introduction de nouvelles tranches d’imposition pour les revenus les plus élevés, l’élargissement de l’assiette fiscale pour réduire la pression de l’impôt ainsi que la lutte contre l’évasion et la fraude fiscales.
Il s’agit également de réviser le système des exonérations, d’instaurer un impôt sur la fortune, de fiscaliser les grandes propriétés agricoles, ou encore de revoir le barème de l’impôt sur le revenu.
De surcroît, la promotion de la production nationale se trouve au cœur de l’offre proposée par les partis, au même titre que l’incitation à l’investissement, l’amélioration du climat des affaires et l’accompagnement de la transition vers une industrie décarbonée et fondée sur la recherche et l’innovation.
Sur le plan macroéconomique, le parti de la lampe table sur une croissance moyenne de 4,5% par an.
Il promet de ramener le déficit budgétaire à moins de 4% et l’endettement du trésor à moins de 70%.
Ce programme ambitionne également de porter les recettes des investissements directs à l’étranger (IDE) à 40 milliards de dirhams (MMDH) et le taux de couverture des importations par les exportations à 65%.
Il a pour objectif aussi d’atteindre des réserves de change qui assurent 7 mois d’importations. Le PI table sur une croissance annuelle de 4%, une réduction du taux de chômage national à moins de 9% et celui des jeunes à moins de 20%, tout en augmentant le taux d’activité des femmes à 30% au lieu de 20% actuellement.
Pour parvenir à court terme à un taux de croissance de 6%, le PPS relève la nécessité d’éliminer les obstacles à l’investissement, de promouvoir la compétitivité des entreprises, de lutter contre toutes les formes d’économie de rente, de privilégier le dialogue social en associant les salariés à la prise de décisions au sein des entreprises et enfin de trouver le juste équilibre entre compétitivité, bonnes conditions de travail et respect des droits des salariés.
Modeste Kouamé / Les Inspirations ÉCO