Élections régionales en France: l’abstention la grande gagnante
Le premier tour des élections régionales et départementales, organisé dimanche dans toute la France, a fait des heureux et des malheureux, mais la grande gagnante a été l’abstention.
Ce double scrutin à valeur de test pour l’ensemble des formations politiques à une année de la présidentielle de 2022, a connu un taux d’abstention historique jamais enregistré pour une élection nationale sous la 5ème République.
Selon différents sondages réalisés pour le compte de certains médias français, près de 67% des 48 millions d’électeurs qui étaient appelés aux urnes pour élire les présidents des régions et leurs conseillers départementaux, ont déserté les bureaux de vote.
En comparaison au premier tour des élections régionales précédentes, l’abstention s’était située à 50,09% en 2015, à 53,67% en 2010 et à 39,16% en 2004.
Pour ce double scrutin, dernier avant la présidentielle de l’année prochaine et le premier à se tenir après la levée totale des restrictions sanitaires liées au Covid-19, les électeurs ont manqué à l’appel.
Les observateurs de la chose politique en France estiment que ce double scrutin représentait tout à la fois « une rampe de lancement pour la droite, un test de la capacité de la gauche à s’unir, un obstacle à surmonter pour la majorité et un gage de crédibilité pour le Rassemblement national ».
Selon les sondages, la droite représentée par les Républicains (LR) et leurs alliés, s’est imposée comme la première force politique au niveau national en recueillant 28,4% des suffrages, devant le parti d’extrême droite, le Rassemblement national (RN) avec 19,3%, ce qui représente une « déception » pour le parti de Marine Le Pen, auquel les instituts de sondage attribuaient une percée lors de ce scrutin.
Le Parti socialiste (PS) et ses alliés sont arrivés en troisième position (15,8%), selon des estimations Ipsos/Sopra Steria pour France Télévisions, tandis que le parti de la majorité, la République en Marche (LREM), pointe en cinquième position (10,6%), derrière Europe Ecologie-Les Verts et ses alliés (13,2%).
Toutefois, si cette abstention frappe par son ampleur, elle ne constitue pas une surprise. En cause, différentes raisons liées notamment à la situation sanitaire consécutive à la pandémie du Covid-19 comme l’a affirmé Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, après l’annonce des résultats.
« Le niveau d’abstention est particulièrement préoccupant », a réagi en soirée le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin sur son compte Twitter.
« Notre travail collectif doit être tourné vers la mobilisation des Français pour le second tour », a-t-il écrit.
De son côté, la ministre déléguée à la Citoyenneté Marlène Schiappa a estimé sur France 2, que cette abstention invitait « toutes et tous à une forme d’humilité », et appelé à un travail d’introspection pour comprendre pourquoi « les débats ne parviennent pas à convaincre et à attirer suffisamment de Françaises et Français ».
Même si les courbes épidémiques sont en baisse soutenue depuis plusieurs semaines, le souvenir du premier tour des élections municipales de 2020, tenu en plein première vague du Covid-19, en dépit des appels de plusieurs secteurs politiques à son report, reste vivace dans la mémoire des Français, estiment les commentateurs.
A l’époque, de nombreux élus avaient été contaminés et certains maires sont décédés à cause du virus.
C’est d’ailleurs ce qui explique le report du double scrutin régional et départemental en mars dernier sur fond d’un pic de l’épidémie pour finalement être fixé au 20 et 27 juin.
Pour les régionales, la campagne de vaccination a permis de sécuriser les assesseurs des bureaux de vote, mais la peur du virus reste présente, notamment chez les électeurs les plus âgés ou fragiles.
Certains observateurs attribuent aussi cette abstention à la désaffection des Français vis-à-vis de la politique et leur désintérêt, selon eux, déjà visible pendant la campagne électorale, pour les enjeux de ce double scrutin régional et départemental.
Cette abstention historique peut s’expliquer aussi, de leur avis, par les conditions dans lesquelles s’est déroulée la campagne électorale, qui s’est limitée dans la majorité des cas, en raison des restrictions de déplacement, de rassemblement et les couvre-feu, à la distribution de tracts, ce qui n’a pas permis aux candidats d’entrer en contact direct avec les électeurs et mieux défendre leurs programmes.
Mais le jeu n’est pas fini, les différents partis en lice ont les yeux rivés vers le prochain tour de dimanche prochain, pour essayer de se rattraper, d’autant que le principal enjeu demeure la légitimité des élus qui auront pour mission la gestion des affaires des régions et des départements pendant les six prochaines années.
IT